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I J

NAULT.

fá Veuve cinq filles, & plus de cent mille écus de bien. Il étoit Auditeur de QUIla Chambre des Comptes, & Membre de l'Académie Françoife, où il avoit été reçu en 1670. Son corps eft inhumé en l'Eglife Saint Louis, dans l'Ifle.

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1 Trois ont été Religieufes, & deux furent mariées; l'une à M. le Brun, Auditeur des Comptes; & l'autre M. Gaillard, Confeiller de la Cour des Aydes.

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2 Le Pere d'Elife, Reine de Tyr, avoit tavi la Cou ronne à fon légitime Souverain. Elife, pour affermir l'u furpation, avoit facrifié à fa fûreté le malheureux Monarque & fes enfans. Aftrate feul avoit échappé par les foins du fidéle Sichée. Il paffoit pour fon fils; mais le Roi fe montroit par les grandes qualités qui font les grands Princes. Elife vouloit l'élever fur le Trône en l'époufant: le fidéle Sichée, ne pouvant fouffrir qu'il y fût placé par des mains teintes du fang de fon pere & de fes freres, avoit formé une confpiration. Aftrate qu'on n'y avoit point fait entres, la découvre. Inftruit du nom de quelques-uns des conjurés, & paffionné pour la Reine, il va tout révéler à cette Princefle. Telle eft la fituation d'Aftrate &de Sichée dans cette Scene & la fuivante. Situation fou. tenue par la grandeur des fentimens & la beauté des Vers..

SICHE E.

QUI J'ai tout fçû de la Reine, & je fors d'avec elle.

NAULT.

ASTRATE.

Si vous fçavez, pour moi, jusqu'où va sa bonté,
N'arrêtez point, Seigneur, un amant transporté.

SICHE' E.

Fai beaucoup à vous dire.

ASTRATE.

Ah! fouffrez que je prenne,

Avant tout autre foin, celui de voir la Reine:
Je ne puis moins, Seigneur ; & je lui dois affez...

SICHE' E.

Vous pourriez lui devoir moins que vous ne pensez,

ASTRATE.

Quoi de plus gloricux que l'hymen d'une Reine?

SICHE' E.

D'une Reine coupable, odieuse, inhumaine?
Qui, pour fon coup d'effai, s'immola nos vrais Rois!
Et qui n'a de leur

rang que

fes crimes pour droits?

ASTRATE.

Ah! Seigneur, eft-ce à moi de la trouver coupable,
Et fût-elle à vos yeux encor plus condamnable,
N'en jugeriez-vous pas plus favorablement,
Si vous l'examiniez avec des yeux d'Amant?
J'aimois déja la Reine avant fon injustice;
Je vis avec horreur ce fanglant facrifice;
J'en frémis en fecret; mais quand on eft charmé,
Que n'excufe-t'on point dans un Objet aimé?.

L'éclat de deux beaux
yeux adoucit bien un crime:
Aux regards des Amans tout paroît légitime:
Leur efprit eft toujours du parti de leur cœur ;
Et l'Amour n'eft jamais un Juge de rigueur.

SICHE' E.

Si l'horreur des forfaits n'a rien qui vous arrête,
Appréhendez du moins l'orage qui s'apprête.
Craignez de vous charger, par un fceptre odieux,
De la fureur du peuple, & du courroux des Dieux.
Sur un Trône ufurpé la Reine trop foufferte,
Touche peut-être enfin au moment de fa perte:
Tout l'Etat à fes lois n'obéit qu'à regret ;
On murmure, on cabale, on confpire en fecret;
Le vrai Roi va paroître, & la Reine chancelle:
Craignez, mon fils, craignez de tomber avec
elle.

ASTRATE.

Ah! j'ai de quoi calmer l'effroi, qu'en ma faveur
Tout l'amour paternel excite en votre cœur.
La gloire qui m'attend fans péril m'eft offerte::
La confpiration eft enfin découverte..

Découverte !

SICHE' E.

A STRAT E.

Oui, Seigneur ; & par mes foins de plus.
Plufieurs des conjurez me font déja connus :
Je vais de ce pas même en inftruire la Reinc.
Pigmalion en eft, Bazore & Nicogene,

QUI

NAULT

QUINAULT.

SICHE' E.

Ces trois font nos amis."

A'S TRAT É.

S'il en eft à la Cour,

Eft-il quelque amitié qui résiste à l'amour?

SICHE' E.

Je vois qu'il n'eft plus tems qu'avec vous je déguise,
Et qu'il faut vous montrer le Chef de l'entreprise:
Celui qui du vrai Roi connoît feul tout le fort,
Et qui contre la Reine a fait le plus d'effort.
ASTRATE.

Montrez-le-moi, Seigneur. Par cette connoiffance,
La Reine & mon bonheur fout en pleine affurance,
Ce Rebelle puni, nous fommes fans effroi.

SICHE E.'

Connoiffez-le, mon fils, vous le voyez en moi,
ASTRAT E.

Quoi, mon pere, c'est vous ?...

SICHE' E.

Oui, c'eft moi, dont lezéle,

Pour le Sang de nos Rois toujours ferme & fidéle,
Contre la tyrannie a jufques à ce jour

Ligué les plus puiffans du Peuple & de la Cour. ́
C'eft moi, qui du vrai Prince ai feul la connoif

fance;

Qui des ufurpateurs l'ai fauvé dès l'enfance,
Et qui l'ai réservé pour venger fes parens,
Pour reprendre leur fceptre, & punir les tyrans.

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Ce deffein découvert rend ma perte certaine :
Elle eft trop importante au falut de la Reine:
Vous me perdez, mon fils, fi vous parlez.

ASTRATE.

Hélas!

Je perds la Reine auffi, fi je ne parle pas.

SICHE' E.

Sa perte avec la mienne entre-t'elle en balance?
Je fçais ce qu'eft l'amour ; j'en connois la púiffance,
Et veux bien pardonner aux tranfports d'un Amant
Cette excufable erreur d'un premier mouvement.
Mais je ne doute point qu'après cette foibleffe,
Votre cœur tout entier pour moi ne s'intéreffe.
Quoique d'abord l'amour ait pû vous infpirer,
Contre tous les efforts le fang doit m'affurer.
Je me fie au pouvoir des droits de la Nature;
A la vertu d'un fils, jufqu'ici toute pure;
Au premier des devoirs, au plus facré lien...

ASTRATE.

Seigneur, contre l'amour ne vous fiez à rien.
Que tout vous foit fufpect, le fang, la vertu même:
Craignez tout d'un Amant qui craint pour ce qu'il

aime.

Le plus für eft pour vous de quitter les mutins,
De les abandonner à leurs mauvais deftins.

Venez demander grace, & nous l'aurons fans
peine,

Venez, Seigneur, venez dire tout à la Reine.

QUI

NAULT.

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