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N'importe; par pitié, foyez toujours mon perc.

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ASTRATÉ.

Le prix m'en fait horreur,

Et j'aime encore mieux mille fois mon erreur.
Laiffez, laiffez-moi fuir cette fatale gloire;
Laiffez-moi, s'il fe peut, tâcher de n'en rien croire;
Repouffer de mon cœur cette affreuse clarté,
Et garder de mon fort l'heureufe obfcurité.

SICHE' E.

C'est trop vous avilir. Pour dégager votre ame
De ces tranfports honteux d'une coupable flamme,
Seigneur, confidérez que l'amour, déformais,
Eft entre Elife & vous interdit pour jamais;
Que cet indigne feu n'a plus droit de paroître;
Et que pour l'étouffer, quelque fort qu'il puiffe

être,

Dans la peur de tomber de fon injufte rang,
La Reine n'a verfé que trop de votre sang.
Cet amour qui vous rend à vous même perfide,
Qui vous force à chérir une main parricide,
Doit être ici pour vous le premier des Tyrans,
Qu'il faut facrifier au fang de vos parens.
Rendez-vous à la gloire; allez où vous appelle
L'impatiente ardeur d'un peuple plein de zéle.
Suivez de votre fort l'irrévocable loi:
Montrez-vous digne fils du véritable Roi:

QUI

NAULT.

QUI

XAULT.

Laiffez-vous arracher aux flammes indifcretes,
Qui vous font lâchement oublier qui vous êtes ;
1 Et n'écoutant ici qu'un généreux devoir,
Donnez-lui fur votre ame un absolu pouvoir.

Opera difficile.

Ce n'eft point l'Opera que je fais pour le Roi,
Qui m'empêche d'être tranquille;

Tout ce qu'on fait pour lui paroît toujours facile.
La grande peine où je me voi,

C'est d'avoir cinq filles chez moi,

Dont la moins âgée eft nubile.

Je dois les établir, je voudrois le pouvoir;
* Mais à fuivre Apollon on ne s'enrichit guére.
C'eft
avec peu
de bien un terrible devoir
De fe fentir preffé d'être cinq fois beau-pere.
Quoi cinq Actes devant Notaire
Pour cinq filles qu'il faut pourvoir!
O Ciel! peut-on jamais avoir
Opera plus difficile à faire?

1 Ces deux derniers Vers ne font point de M. QUINAULT. On n'a pris la liberté de les ajoûter ici, que parce qu'ils ent paru fermer cette Scene affez naturellement, pour être foufferts du Lecteur.

* Pur badinage de la part de M. QUINAULT, qui, quoique tiche, ne prend ici le ton affecté à la plupart des Gens de Lettres, que pour mieux aiguifer fon Epigramme. Elle eft affez belle, pour faire regretter que l'Auteur n'ait pas eu ccafion de nous en laiffer davantage..

La Cour d'un Roi malheureux, devient bien-tôt

deferte.

A quoi fert la foule importune

Dont les Rois font embarraffez?

Un coup fatal de la Fortune

Ecarte les plus empreffez.

EXTRAITS DES OPERA DE M. QUINAULT.

L'ACADEMIE ROYALE DE MUSIQUE.

Au Roi.

1 Grand Roi, dont la valeur étonne l'Univers, J'ai préparé pour vous mes plus charmans concerts: Mais je viens vainement vous en offrir les char

mes;

Vous ne tournez les yeux que du côté des armes :
Vous fuivez une voix plus aimable pour vous

Que les foibles appas de mes chants les plus doux:
Vous courez où la Gloire aujourd'hui vous appelle,
Er dès qu'elle a parlé, vous n'écoutez plus qu'elle.
Vous deftinez ici mes chanfons & mes jeux
Aux divertiffemens de vos peuples heureux;
Eux feuls goûtent la paix que vos exploits leur
donnent ;

Et tandis qu'en tous lieux les trompettes réfon

nent,

1 Ces Vers font à la tête du Prologue de Cadmus & Herw mione.

QuiNAULT.

Que leur bruit menaçant fait retentir les airs, QUI- Paris ne les entend que dans mes feuls concerts. Mais penfez-vous, grand Roi, que la France in

NAULT.

quiete

Puiffe trouver fans vous quelque douceur parfaite
Et que rien de charmant attire fes regards,
Quand fon bonhenr s'expofe aux plus affreux
hazards?

Non, l'on ne craint que trop votre ardeur héroï.

que;

Jufques à vos Sujets l'effroi s'en communique;
Ceux que vous attaquez ont moins à fe troubler;
Nous avons plus à perdre, & devons plus trembler.
L'Empire où vous régnez, fans chercher à s'accraî-

tre,

Trouve affez de grandeur à vous avoir pour Maî

tre:

Votre régne fuffit à sa félicité;

Souffrez qu'il en jouiffe avec tranquillité.

Soyez content de voir au feul bruit de vos armes
Tant d'Etats agitez de mortelles allarmes ;
Vos plus fiers ennemis abattus pour jamais,
Et l'Univers tremblant vous demander la paix.
D'un regard adouci calmez la Terre & l'Onde;
Ne vous contentez pas d'être l'effroi du monde;
Et fongez que le Ciel vous donne à nos désirs,
Pour être des humains l'amour & les plaifirs.

L'Envie appelle les Vents les plus impétueux pour l'aider à troubler les beaux jours que le Soleil donne au Monde.

I C'EST trop voir le Soleil briller dans fa carriere.

Les rayons qu'il lance en tous lieux

Ont trop bleffé mes yeux :
Venez, noirs ennemis de fa vive lumiere,
Joignons nos transports furieux:

Que chacun me seconde.

Sortez, Vents fouterrains, des antres les plus creux;
Volez, tyrans des airs, troublez la Terre & l'Onde:
Répandons la terreur;

Qu'avec nous le Ciel gronde ;

Que l'Enfer nous réponde;

Rempliffons la Terre d'horreur,

Que la Nature fe confonde:

Jettons dans tous les cœurs du monde

La jaloufe fureur

Qui déchire mon cœur.

Heureux qui ne connoît point l'amour, & malheureux qui s'y livre fans en prévoir les fuites !

2 Doux repos, innocente paix,

Heureux, heureux un cœur qui ne vous perd jąmais!

1 Extrait du Prologue de Cadmus....

2 C'eft Médée qui parle dans Théjée, Acte II. Scene E.

QUI

NAULT

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