Imágenes de páginas
PDF
EPUB

DE.

avec un homme qui avoit la tête fi près du BENSERA- Bonnet. Il conferva fon enjouëment & fa vivacité jufqu'à la fin de fes jours. Une faignée de précaution pour fe faire tailler fut caufe de fa mort. Le Chirurgien lui coupa l'artere, & au lieu d'y apporter un prompt remede, il prit la fuite. Ainsi mourut M. de BENSERADE le 19 Octobre 1691. âgé de 78 ans. Il étoit Confeiller d'Etat, & avoit été reçu à l'Académie Françoife le 17 Mai 1674.

FABLE S.1

Le Sanglier Afne.

L'ASNE, mauvais plaifant, railloit le Sanglier,

Qui d'abord en conçut un dépit effroyable:
Après il en eut honte, & tâcha d'oublier
Qu'il eut grincé les dents contre ce miférable.

UN

Le pauvre homme & le Voleur.

pauvre homme apperçut dans fa chambre, la nuit,

I BENSERADE a fait environ deux cens Fables réduites en autant de quatrains, dont 39 ont été gravées au Laby. sinthe de Verfailles.

Un voleur qui croyoit trouver là quelque fomme:
Il fit un fi grand cri que le voleur s'enfuit,
Et laiffa fon manteau qui fervit au pauvre homme.
L'Avare volé.

L'AVARE avec fon cœur enterra fon tréfor:
On le vole. Ah! dit-il, je fuis à la beface!
Mettez, répond quelqu'un, une pierre à la place 5
Elle vous fervira tout autant que votre or.

La Brebis.

LA Brebis que tondoit la Maîtreffe inhumaine,
Difoit de tems en tems, fe fentant écorcher,
Si vous voulez ma vie, appellez le boucher;
Appellez le tondeur, fi vous voulez ma laine.

Le mari mourant & fa femme.

POUR fon Epoux mourant une femme éperdue Veut mourir : la Mort vient; & la femme pâlit : C'est pour lui, non pour moi, que vous êtes ve

nuë,

Lui dit-elle, en tremblant; le voilà dans fon lit.

Le Boeuf & la Vache.

UNE Vache railloit avec peu de justice
Un Boeuf qu'à la charuë elle voyoit tirer:
Mais comme on la menoit un jour au facrifice,
Adieu, lui dit le Bouf, je m'en vais labourer.

BENSER A

DE.

DE.

Jupiter, Apollon & Momus.

BENSERA- JUPITER se vanta de tirer aussi droit Qu'Apollon, qui pour l'arc étoit bien plus adroit: Ah! s'écria Momus, qui n'épargnoit perfonne,

Que l'un tire, & que

l'autre tonne.

EPIGRAMME S.

Avis falutaire.

Qui veut bien faire, évite avec sagesse
De nous parler de ses Ayeux fans ceffe:
Fade eft ce point quand il est rebatu : ̈
Qui mieux l'a dit, eft qui s'en est mieux tû,
Et s'en vanter eft un trait de foibleffe.

AU ROI.

Sur fon logement des Thuileries.

QUOIQUE les connoiffeurs y trouvent à redire,
Mon petir logement ne mérite pas, Sire,
Que vous le condamniez à tant d'obscurité;
Et devant vous quiconque le décrie,
Péche bien plus contre la charité,
Que je ne fais contre la fymétrie.

Sur la Comete.

POUR voir l'astre nouveau que le Ciel fait paroi

tre

Afin d'allarmer l'Univers,

Je veille, je joue, & je perds,
Et je m'enrhume à la fenêtre.
Qu'un autre foit inquiété

De ce que ce feu nous présage,

C'eft bien affez pour moi de ce qu'il m'a coûté.
Qui perd fon bien & fa fanté,
Peut-il rien perdre davantage ?

RONDEAUX.

Amphion bâtiffant la Ville de Thebes au fon
de fa Lyre.

LE beau fecret pour élever un corps
D'un grand logis! Tels ouvriers font morts;
Il n'en eft plus. A leur douce harmonie
Les gros moëlons venoient de compagnie;
Et s'arrangeoient comme par des refforts.

A peu de frais, & fans aucuns efforts
Pareilles gens édifioient alors,

La feule voix au luth étant unie:
Le beau fecret!

Ah!

pour bâtir fi les charmans accords,
Si les bons vers tenoient lieu de trésors,
Que de palais de fplendeur infinie!
Nos Amphions font en chambre garnie ;
S'ils n'y font pas, c'eft qu'ils couchent dehors.
Le beau fecret!

[blocks in formation]

BENSERA-
DE.

BENSERA

DE.

Efon rajeuni par Médée.

POUR rajeunir un vieux fexagenaire,
En bonne foi Médée eut fort à faire :
Son fils Jafon le vit déchiqueté,
Haché menu comme chair à pâté,
Puis auffi-tôt mis dans une chaudiere.

Tout beau, dit-il, Madame la Sorciere;
Vous hazardez la fanté de mon pere,
Eft-il befoin qu'il soit ainsi traité
Pour rajeunir ?

Le voilà donc dans fa fleur printaniere,
Beau, de bon air, d'agréable maniere,
Et revenu de fon antiquité :

Par bien du monde il feroit imité,
Mais cette épreuve eft un peu finguliere
Pour rajeunir.

Nourrices de Bacchus rajeunies.

De tout leur cœur ces vieilles de bon fens,
Prioient Bacchus en termes fort pressans,
De leur donner pour prix de leurs fervices,
Les yeux brillans, le teint frais des Novices,
Et les remettre en leurs jours floriffans.

Par-là ce Dieu des plus reconnoiffans,
Ayant payé leur lait & leur encens,

« AnteriorContinuar »