Imágenes de páginas
PDF
EPUB

DE LA VI

GNE.

S'égaler aux plus grands Rois;
Malgré les troupes nombreuses,
Malgré les places fameuses,
Se voit détruite en un mois.

Tel dans l'Elide étonnée,
Lançant des feux dans les airs,
Le fuperbe Salmonée

Crut imiter les éclairs.

Jupiter d'un coup de foudre
Fit mordre bien-tôt la poudre
A ce Grec audacieux;

Et cet enfant de la Terre,
Sentit combien fon tonnerre

Cédoit à celui des Cieux.

Reviens, Prince magnanime;

Tant de fuccès éclatans

Ont affez puni le crime
De ces orgueilleux Titans.
Bien-tôt leurs plus belles villes,
En proye aux fureurs civiles,
Entre elles fe détruiront i

Et les eaux qu'ils tenoient prêtes,
Pour arrêter tes conquêtes,

Bien-tôt les avanceront.

[merged small][merged small][ocr errors][merged small]

Grand Roi, dit que ton mérite
Eft au-deffus de fon chant.
Ne fuis-je pas bien à plaindre!
Sa voix ne fçauroit atteindre
Où ta gloire a fçû monter.
Pardonne fi j'en foupire;

Mais ces faits qu'on ne peut dire,
Qui pourra les imiter ?

SONNE T.

La paffion vaincuë.

LA Bergere Liris fur le bord de la Seine
Se plaignoit l'autre jour d'un volage Berger.
Après tant de fermens peux-tu rompre ta chaîne,
Perfide, difoit-elle, ofes-tu bien changer?

Puifqu'au mépris des Dieux tu peux te dégager,
Que ta flamme eft éteinte & ma honte certaine ;
Sur moi-même de toi je fçaurai me venger,
Et ces flots finiront mon amour & ma peine.

A ces mots réfoluë à fe précipiter,
Elle hâta fes pas, & fans plus confulter,
Elle alloit fatisfaire une fatale envie ;

Mais bien-tôt s'étonnant des horreurs de la mort, Je fuis folle, dit-elle, en s'éloignant du bord: Ileft tant de Bergers, & je n'ai qu'une vie.

Tome II.

Mm

DE LA VI

GNE.

DE LA VI

GNE.

La paffion combattuë.

VAINE Beauté, que voulez-vous de moi? Quels font vos droits, Iris, pour engager ma foi? Ah! für mon cœur ceffez de rien prétendre:

Ceffez de le faire fouffrir:

Le Ciel ne l'a pas fait fi fenfible & fi tendre

Pour aimer ce qui doit périr.

LIVRE X.

PELISSON.

[ocr errors]

AUL PELISSON FONTANIER 2

Hiftoriographe de France, Maître des Requêtes........ nâquit à Beziers en 1624. d'une famille ancienne dans la Robe. Il fit fes Humanitez à Caftres, fa Philofophie à Montauban, & fon Droit à Toulouse. Peu de tems après il vint à Paris, où le célébre Conrart fe fit un honneur de le montrer à ces premiers Académiciens, dont fa maifon étoit le rendez-vous, Tout portoit dès-lors M. PELISSON à oublier fa Province. Il retourna cependant

Voyez dans les nouveaux Moréris les ancêtres de M. PELISSON, à commencer par Raymond, qui fut Ambaffadeur de France en Portugal, Maître des Requêtes, Premier Président du Senat de Chambéry, & Commandang en Savoye pour FRANÇOIS I

PELISSON.

à Caftres pour y fuivre le Barreau & fe PELISSON. difpofer à remplacer dignement fes peres, Mais fa carriere ne faifoit que de s'ouvrir, lorfqu'il fut tout à coup arrêté par une petite vérole, qui lui déchiqueta les jouës, & lui déplaça prefque les yeux. Il crut ne pouvoir mieux fe confoler qu'avec les Mufes; & pour cela il revint à Paris. Ses amis ne le reconnure nt plus aux traitș du vifage; mais ils le reconnurent à des traits plus durables, à des manieres douces & liantes, à un enjouëment délicat, & furtout à une certaine éloquence de conversation, qui lui étoit particuliere. Il abufoit, difoit-on, de la permission qu'ont les hommes d'être laids: mais il n'avoit qu'à parler pour arrêter l'impreffion que pouvoit faire la laideur de fon vifage, Parmi les perfonnes qu'il cultiva, & que fon mérite lui avoit données pour amies, Mademoiselle de Scudery tient le premier rang. Une parfaite conformité de génie,

I

↑ Madame de Sévigné, Lettre LXXV.

« AnteriorContinuar »