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Tel qui fait, fans penfer à ces races futures, Au lieu de bons écrits, de groffes écritures, Qu'on achete par rôle, & tel de qui l'emploi Confiste à bien voler le public & le Roi,

Ont bien plus de profit... Mais quoi, leur abon-
dance

N'eft, pour en bien parler, qu'une haute indigence.
Ils demandent toujours, & jufques au trépas
Méprifent ce qu'ils ont, cherchent ce qu'ils n'ont

pas.

Ce fou voit tout à lui, tout le monde lui donne,
Un peuple de valets nuit & jour l'environne;
Et fa vafte maison, d'un & d'autre côté,
Ceinte de grands jardins, respire en liberté:
Cependant tout lui nuit, lui déplaît, l'importune.
Impudent, ofes-tu t'en prendre à la Fortune,
Toi, qui dans ton hôtel es fervi comme un Roi,
Et de qui les cochers font mieux vêtus que moi?
Sçais-tu ce qu'il te faut dans l'ennui qui te preffe?
Un
peu moins de fottife, un peu moins de richesse.
O D E.

Miféricorde de Dieu envers les pécheurs.

GRAND Dieu, par quel encens & par quelles vic,
times

Pourrai-je détourner ton courroux que je crains?
J'ai mérité la mort & pour de moindres crimes,
Le monde a vû tomber la foudre de tes mains.

PELISSON

PELISSON.

L'excès de tes bontez augmente mon offense,
Tu me combles de biens au lieu de me punir;
Et l'on voit, ô prodige! une égale conftance,
En moi pour t'offenfer, en toi pour me bénir.

Il est vrai, mon Sauveur, mes fautes sont mor-
telles,

Toujours ma paffion s'oppose à tes projets:

Mais hélas ! fi tu perds tous ceux qui font rebelles,

En quel lieu de la Terre auras tu des fujets ?

Mes crimes, d'un côté, provoquent ta juftice;
De l'autre, ta bonté demande mon pardon.
As-tu moins de bonté que je n'ai de malice?
Serai-je plus méchant que tu ne feras bon ?

L'hyver, accompagné des vents & des orages,
Vient de quitter la place à la belle faifon;
La terre eft fans glaçons, le ciel eft fans nuages,
L'un montre fon azur, l'autre fon verd gazon.

Par toi, l'air est sferein, & la terre féconde :
Grand Dien, c'est toi qui fais, en dépit des hy-

vers,

Retourner fur fes pas la jeuneffe du monde,
Et renaître à nos yeux l'éclat de l'Univers

S'il eft ainfi, de grace, arrête le tonnerre;
Epargne ton ouvrage, ô Dieu! mon Créateur:

PELISSON

Tu fais un nouveau ciel, une nouvelle terre ;
Peux-tu pas dans mon corps former un nouveau

cœur?

Il y va de mon bien, il y va de ta gloire : Dompte, par ton Esprit, mon efprit obstiné: Ton triomphe est le mien, je gagne en ta victoire: Quand tu feras vainqueur, je ferai couronné.

DU PSEAUME XXX VII.

Il n'y a de bonheur véritable que pour le Jufte,

VOIS-TU ces hauts palais, ces pompeux édifices,
Que l'Injuste a bâtis du fang des Innocens ?
Où nageant nuit & jour au milieu des délices,
Sans peine & fans douleur il voit couler fes ans?
Fidele, attends un peu ; ne porte point d'envie
Au bonheur de fa vie;

L'herbe des champs s'éleve, & fleurit comme lui;
Mais fon brillant éclat peu de tems lui demeure;
On l'admiroit hier, on la fauche aujourd'hui;
Et l'ouvrage d'un an périt en moins d'une heure.

Quel plaifir, ô mon Dieu, de voir par ta puissance
Un Jufte profpérer plus que mille mondains;
Et tes mains, en fecret répandre l'abondance
Qu'on impute fans caufe au travail de fes mains!
pourrit l'indigent, il répare la pertę

Que fon frere a foufferte

En tout tems la mifére éprouve fon fecours : PELISSON. Sa fortune (bien loin que fes dons la détruifent) Toujours plus floriffante, augmente tous les jours, Comme ces fources d'eau, qui jamais ne s'épuifent.

Mais vous, qui méprisez & l'amour & la haine
Du Maître fouverain des ames & des corps,
Vous périrez, ingrats, & n'aurez que la peine
D'entaffer vainement tréfors deffus tréfors.
En quel lieu fuirez-vous? où fera le réfuge
Contre un fi puiffant Juge?

Si d'un jufte courroux fon cœur eft enflammé,
Quand sa main oublieroit l'ufage de la foudre,
Comme en un seul moment fa voix a tout formé,
Sa voix en un moment peut tout réduire en poudre.

SUR CES PAROLES:

In manus tuas, Domine, commendo, &c.

SEIGNEUR, qui dans mon ame as formé ton

image,

Daigne la recevoir en tes divines mains:
Ton fang la délivra du funcfte efclavage
Où l'engagea l'orgueil du premier des humains.
Cette ame eft ta conquête, & ton fang eft le gage
Qui lui doit affurer l'effet de ton amour.
Fais qu'elle aille en ton fein recueillir le partage
Qu'elle efpere en fortant de ce trifte féjour.

CHARLEVAL.

EAN-LOUIS FAUCON DE RIS,
Seigneur de CHARLEVAL, CHARLE-
étoit iffu d'une illuftre Fa-

mille, originaire d'Italie, & qui a donné cinq premiers Préfidens ; sçavoir quatre au Parlement de Rouën, & un au Parlement de Rennes. Il aima les beaux Arts avec tendreffe, & les cultiva avec foin toute fa vie. Né fenfible & généreux, il s'intereffoit furtout à la fortune des Gens de Lettres. Il fuffit de rapporter ce qu'il fit pour M. & Madame Dacier. Peu de mois après leur mariage, ils eurent deffein de fe retirer à Caftres. M. de Ris s'imaginant que leur fortune, qui étoit alors très-bornée, les déterminoit peut-être à prendre ce parti, vint leur apporter dix mille livres en or, & les preffa avec toutes les inftances possibls de les accepter.. Il écrivoit poliment

VAL.

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