Du PS E A U ME XVIII. Preuves incontestables de la puissance des de la
gloire de Dieu.
Toi qui de l'Eternel contemples les miracles, Les feux du firmament sont-ils
pas
des oracles, Dont le silence parle & s'entend par les yeux ? Et le pouvoir qu'ils ont dessus * notre naissance, Peut-il venir d'ailleurs que de cette puissance Qui tient ferme la Terre, & fait mouvoir les Cieux?
L'ordre continuel dont depuis tant d'années L'on voit naître & finir les nuits & les journées, Et mesurer leur cours d'un si juste compas; N'est-ce pas un chef-d'æuvre où chacun peut con.
noître Que ce grand Artisan, de qui tout prend son être, Ne fait point au hazard les choses d'ici-bas ?
Ces visibles effets d'une cause invisibles Ces suprêmes grandeurs, cette Essence impassible, Exigent de nos cæurs l'honneur qui leur est dû : Ils prêchent aux Gentils , ils prêchent aux Sauvages, Et dans tout l'Univers il n'est point de langages Où leur discours muet ne puisse être entendu..
C'est de-là qu'à sa force égalant sa justice, Un jour Dieu sortira pour détruire le vice :
Tel qu'un puissant Géant au combat préparé, Il atteindra partout, tout craindra son tonnerre, Ses yeux verront partout & par toute la Terre,
& Rien n'est si ténébreux qui n'en soit é airé.
Il n'est point d'ignorant que ses æuvres n'inf
truisent ; Il n'est point de méchant que les lois ne réduisent ; Chacun diversement est appellé de Dieu : Mais les cæurs généreux qui peuvent sans con-
trainte Taire pour son amour ce qu'on fait pour la crainte, Comme les plus parfaits , auront le plus haut lieu.
Ainsi qu'aux réprouvez la peine est assurée, Ainsi la récompense est aux bons préparée, Loin de tous les malheurs dont nous sommes trouz-
blez: L'or n'a point de beautez qui soient si désirables, Ni le miel le plus pur, de douceurs comparables Au moindre des plaisirs dont ils seront comblez.
Houreux sera le cour délivré de tout vice, Qui donnant à son Dieu sa vie & fon service, Se rend digne des biens qui lui sont destinez! Et qui de fa raison connoillant l'impuillance, Quand il a des pensers trop remplis de licence, Les étouffe en son caur aulli tôi qu'ils font nezi, Tome II.
E
Souverain Roi des Rois, Providence éternelle, RAÇAN. Qu'en la mer de ce monde à toute heure j'appelle,
Mon Dieu, mon Rédempteur, ma vie & mon
support; Puisqu'à tous mes besoins tes bontez toujours prêtes, M'ont déja tant de fois retiré des tempêtes, Acheve ton ouvrage, & me conduis au port.
DÚ PSE AU ME LXII. David uniquement épris de l'amour de Dieu , n'aspire qu'au bonheur de le glorifier
éiernellement.
Quand sera-ce, SEIGNEUR, que je me pourrai
dire
Habitant de l'Empire Ou le flambeau du jour ne luit que sous tes pas ? Quand sera-ce, SEIGNEUR, que la prison mortelle
Qui m'arrête ici-bas, Me laissera joüir de.ta gloire éternelle?
Quand je pense en moi-même à la magnificence
De ta toure-puiflance, Qu'on ne peut contempler que des yeux de la foi ; Mon amc, dans ce corps esclave & vagabonde,
Eft si fort hors de soi, Qu'elle a peine à souffrir les délices du monde.
Ces caprifs innocens engraissez dans nos cages
Ces hôrcs des boccages
Ces vieux, ces grands poissons, ces animaux nais
Tous ces mers somptueux dont ma table est servic,
Ne touchent plus mes sens, Que pour les dégoûter des douceurs de la vie.
La nuit ou tous les soins dans l'ombre & le fi
lence
Calment leur violence, Ne finit point les micns en finissant le jour : Quand de son voile humide elle en éteint la flam-
Le feu de ton amour Avecque plus d'ardeur se rallume en mon ame.
Dans lazile où je suis à l'abri de tes aîles,
Tes graces éternelles Joindront un jour la gloire à la tranquillité ; Et ceux qui par le fer ont ma perte jurée,
D'un glaive ensanglanté Auront la même mort qu'ils m'avoient préparée.. ,
Tu fermeras la bouche à l'Esprit de mensonge,
De qui l'erreur nous plonge En un gouffre éloigné du jour & de tes yeux : Tes saintes véritez lui déclarent la guerre,
Et font régner aux cieux Le Prince qui maintient leur régne sur la terre.
Du PSE AUME LXXII.
Vrais Chrétiens, On voit les vrais Chrétiens, d'une égale con
tance, Persister dans le jeûne & dans la pénitence,
En un continuel ennui; Et n'esperant, SEIGNEUR, qu'en ta miséricorde Mourir allez contens, si leur Dieu leur accorde
La gloire de mourir pour lui.
L'altre qui fort des eaux brillant d'or & de famne, En commençant son tour, reveille dans leur ame
Le sentiment de leur douleur ; Et l'ombre de la nuit dont la course est suivie, En augmentant d'un jour leur misérable vie,
L'augmente d'un nouveau malheur. Pépoüiller le vieil homme. Vanité des grandeurs
de ce monde. Dieu n'exercera point la justice éternelle, Que pous n'ayons quitté cette robe charnelle,
Dont la terre nous a vétus : Il reçoit d'ici-bas nos væux & nos victimes, Et se réserve ailleurs à châtier les crimes,
Et récompenser les vertus.
Pour punir, comme il doit, l'impiété da monde, Ou pourroit-il trouver sur la Terre & sur l'Oade
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