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D'affez effroyables tourmens?

Et que lui peut fournir digne des ames pures,
Cette boule de fange, expofée aux ordures
De tous les autres élémens ?

Ces hautes qualitez des têtes couronnées,
Ces trônes, ces Etats, pendant quelques années
Contentent notre vanité :

Mais toute cette gloire eft courte & variable.
Il n'en refte non plus que d'un fonge agréable,
Quand on eft dans l'Eternité.

Là, les foûpirs des cœurs accablez dé tristesse, Seront mieux entendus que les chants d'allegreffe Qui fortent des efprits contens;

Et là, les vieux lambeaux qui couvrent l'inno

cence,

Seront plus eftimez que la magnificence

Des habits les plus éclatans.

Félicité des Bienheureux.

Dieu même, dans le Ciel, eft notre récom

penfe,

Là, fa grace éternelle à jamais nous dispense
De nos peines & de nos foins;

C'est là qu'il fait ceffer le feu des facrifices;

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Qu'il exauce & prévient nos vœux & nos fervices;
Nos prieres & nos befoins.

RACANA

Là fe voit un Soleil fans ombre & fans nuages

RACAN. Conferver fés rayons après la fin des âges,
Toujours brillans & toujours purs;

Et fon éternité, qui les fiécles dévore,
Ne fait là qu'un feul jour fans nuit & fans aurore
Des tems paffez & des futurs.

En de fi doux penfers mon cœur brûle d'envie De s'unir à fon Dieu le refte de fa vie,

Et de l'avoir toujours en foi:

Cette Effence impaffible à qui tout doit fon être
A des attraits divins qui ne fe font connoître
Qu'à des yeux d'amour & de foi.

Ceux qui fe confiant en leur fauffe prudence;
Ont ofé murmurer contre la Providence,
Sont morts en leur présomption.

Pour moi, je n'emploirai ni ma voix ni mes veil

les,

Qu'à célébrer fans fin fon nom & fes merveilles,
Au pied des autels de Sion.

Je chanterai fi haut fes grandeurs immortelles,
Que les échos du Temple & les cours des Fidelles
Y répondront tous à la fois;

Et les marbres courbez dans ces voûtes antiques,
Par le bruit éternel que feront mes cantiques,

Perdront l'ufage de la voix.

PSEAUME LXXXVI.

Beauté de la Ville de Jérusalem. Sa grandeur & fa. RACANgloire dans le nombre & le bonheur de fes Habitans.

SUR l'orgueilleux fommet de ces hautes mon

tagnes,

Qui partagent le jour avecque les campagnes,
S'élevent de Sion les pompeux bâtimens ;

Et bien qu'ils foient toujours en bute à la tem

pête,

Plus elle fait d'effort pour ébranler leur faîte,
Plus ils font affermis deflus leurs fondemens.

Glorieufe Cité, l'honneur de la contrée,
Le vice & le malheur chez toi n'ont point d'entrée ;
Ton fuperbe portail témoigne ta grandeur;
Et dans Tyr, Méroé, Memphis & Babylone,
L'Aurore & le Midi n'éclairent point de trône,
De qui la majesté ne céde à ta splendeur.

Si Rome, qui jadis dompta la Terre & l'Onde, Nous vante fes Céfars, ces Monarques du Monde,

Qui furent de fon nom l'honneur & le fupport;
Si leur vie & leur fin ont orné fon Histoire,
Be hléem & Sion n'ont-ils pas eu la gloire
De voir du Roi des Rois la naiffance & la mort ?

Les graces du Seigneur pafferont ton envie : RACAN. Un jour il écrira dans fon Livre de vie, Les noms des habitans de ton heureux féjour'; Et leurs faintes chanfons témoigneront la joye Qu'ils reçoivent fans fin des biens qu'il leur envoye Pour gages éternels d'un éternel amour.

DU PSE AUME XCV.

Aveuglement des Impies qui ne peuvent concevoir
la toute-puiffance de Dieu, fi visible & fi
admirable dans fes œuvres.

CES ennemis du jour & de la vérité,
Ne peuvent concevoir qu'avec obfcurité
Les chofes à venir de tout tems ordonnées :
Ce grand Dieu qui plaça les aftres dans les cieux,
A dans leur influence écrit nos deftinées
En lettres de lumiere invifible à leurs yeux.

Il régle du Soleil l'imperceptible cours :
La gloire & la fplendeur l'accompagnent toujours,
Et font les ornemens de fa divine Effence:
Efprits, qui de fon trône admirez la hauteur,
Confeffez, en voyant tant de magnificence,
Qu'autre que le vrai Dieu n'en peut être l'Auteur,

DU PSEAUME XLIII.

Dedifti nos tanquam oves efcarum, & in gentibus RACAN.

difperfifti nos.

Quoi donc ? ta Bergerie à jamais vagabonde, Se verra loin des bords du Jourdain & du Nil, Errer en tant de lieux, qu'à peine tout le monde Pourra dans fa grandeur contenir fon exil!

DU PSEAU ME XLIV.

Speciofus formá pra filiis hominum; diffufa eft gratia in labiis tuis... accingere gladio

tuo... Potentiffime.

BEAUTE' qui jamais ne s'efface,
Feu dont les Anges font épris,
Que les doux attraits de ta grace
Ont de pouvoir fur nos esprits!
Que ta parole eft délectable!
Que ton épée eft redoutable,
O digne Vainqueur des Vainqueurs !
d'une douce contrainte,
Tu fçais imprimer dans les cœurs
L'amour, la justice & la crainte↓

Et

que

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