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» du goût pour le Théatre, & que j'a1702. » vois lû avec application tous les Au»teurs qui en ont traité. Dans cette penfée, il me propofa le sujet d'Arrie » & Pétus. C'étoit me prendre par mon » foible. L'action de cette incomparable Romaine eft fi glorieufe à notre sexe » que je me fentis portée d'inclination à » la mettre dans le plus beau jour qu'il me feroit poffible..... L'action principale à laquelle toutes les autres fe » rapportent, eft des plus fimples; & je » l'ai choifie ainfi, pour éviter l'incon❤vénient où tombent la plupart des Au»teurs, qui chargeant leurs Pièces de »trop d'incidens ne s'attachent pas beaucoup à y faire regner les fenti» mens, parce que le foin de débrouiller leur intrigue les occupe entiérement. »

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Excepté la connoiffance des Auteurs qui ont traité de la Poëfie Dramatique, que Mademoiselle Barbier s'attribue ici un peu trop hardiment, au préjudice de l'Abbé Pellegrin,le refte de ce difcours est très-vraisemblable. Il fe peut fort bien, que M. Bourfault, qui a choifi affez mał les fujets de fes propres Tragédies, lui ait confeillé celui-ci, & qu'elle s'y foit attachée, par , par les raifons qu'elle rapporte, fans confulter ni fes forces, ni celles de fon affocié.Quel que foit l'Auteur du plan

de cette Piéce, il eft infiniment plus fage, & plus éxact que M. Gilbert, qui 1702. avoit travaillé autrefois fur le même fujet, & qui a placé fon action fous le regne de Néron. A la réferve d'Arrie & Pétus, les Perfonnages des deux Tragé dies font différens. (a)

La fimplicité du fujet demande à être foutenue par la vivacité des fentimens, & la force de l'expreffion. Ces difficultés qui auroient peut-être épouvanté un autre, furent les motifs qui déterminerent Mademoiselle Barbier. Elle fe chargea du premier foin, & laiffa la verfification à l'Abbé qui avoit déja corrigé & rectifié le plan, & la conduite du Poëme. Sans les confeils de M. Bourfault, peut-être auroit-elle pouffé trop loin la délicateffe des fentimens. « Avant Préface d'Ara de commencer, je fis, ( dit-elle) rie & Pétus, » que » un projet, que je soumis à fon juge» ment. Il le trouva bon, à une chofe

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près. J'y faifois Arrie & Pétus Amans; » ils les vouloit Epoux, comme ils font » dans l'Hiftoire. J'eus beau lui dire que » l'amour conjugal languiroit fur la Sce» ne, & ne feroit pas du goût de bien, des gens. Il ne revint point de fon

(a) L'extrait de la Piéce de M. Gilbert fe trouve Tome VIII, de cette Hiftoire, pag. 278 & fuix,

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fentiment: & moi-même, après y

1702. » avoir pensé, je sentis bien qu'il avoit » raison, & que l'Histoire feroit trop défigurée. »

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Cette Tragédie eut affez de fuccès, pour que Mademoiselle Barbier pût fe fatter d'avoir réuffi. Il y a cependant bien de l'apparence, qu'elle ne le dût qu'à l'indulgence du Public pour un coup d'effai, & pour la perfonne qui s'en difoit l'Auteur: car la Piéce eft un peu foible par la conduite, les fentimens, & la verfification. A l'égard des caracteres qui felon Mademoiselle Barbier, n'ont pas befoin de juftification, on peur répondre qu'il n'y en a aucun de véritablement bien exprimé. Celui d'Arrie est le mieux foutenu; mais fans parler de fes difcours impies, & mefféants, furtout dans la bouche d'une femme, ne peut-on pas dire, que malgré la délicateffe des fentimens que Mademoifelle Barbier lui prête, le defir de venger la mort de fon pere, l'emporte fur l'amour qu'elle a pour Pétus, qu'elle jette dans un péril prefque inévitable, & dont elle n'efpere prefqu'aucun fruit; tandis qu'elle perd des momens précieux, qu'elle devroit employer à fonger à fa fûreté, & à celle de fon époux? Si l'on veut bien passfer l'union intime d'Agrippine, & de

rie & Pétus.

Narciffe, contre la vérité de l'Histoire, du moins faudroit-il qu'elle ferve à quel- 1702. que chofe de plus. Ces deux perfonnes que l'antiquité nous a peints fins, & rúfés politiques, font ici rien moins que tels. Il femble que l'Auteur ait voulu leur ôter une partie de leur efprit & de leur fermeté, pour en faire préfent à Claudius & à Pétus, qui en manquoient. Mademoiselle Barbier ne s'eft crue obligée de parler que de ces derniers, & voici de quelle maniere elle prend leur défense. "On m'objecta que Claudius n'étoit Préface d'Arpoint caractérisé, & que je le faifois' »parler avec trop d'efprit, pour un hom»me que l'Hiftoire repréfentoit comme » un imbécille. A cela je répondis, que »fon imbécillité venoit plus de fa mau» vaife fanté, que d'un défaut d'efprit. Ce qui paroît fur-tout par le témoignage de Suétone qui rapporte que ce Prince » s'étoit fort appliqué aux Lettres dans fa jeuneffe, & avoit compofé plufieurs »Hiftoires. Le même Auteur, auffi bien » que Tacite, le fait outre cela, inven»teur de quelques lettres de l'Alphabet, qui furent en ufage pendant fon régne. A quoi j'ajoutai, que je croyois qu'il étoit du devoir d'un Auteur de Tragédies, de corriger les mœurs de » fes Héros, & de s'attacher davantage

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1702.

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» à peindre leur cœur, que leur efprit. Outre que fi j'avois fait parler Clau"dius en ftupide, tout ce qu'il auroit » dit de mauvais feroit retombé fur moi: " & que d'ailleurs il eft affez bien peint par toutes fes actions, puifqu'il eft la dupe d'Agrippine, d'Arrie, de Pétus, » & même de Narciffe. Pour les autres » caracteres, je ne crois pas qu'ils ayent befoin de juftification. Ils me paroiffent affez vrais, hors celui de Pétus, que j'ai rectifié, ne voulant point faire un » lâche de mon Héros: & c'eft ce qui m'a portée à attribuer à un effet de » fon amour, la peur qu'il eut véritable»ment de la mort, dont fa femme lui » montra l'exemple.

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On reprit Arrie & Pétus le 20. Août 1711. qui eut fix repréfentations: au moyen de quoi, cette Tragédie eft reftée fur le Répertoire, mais fans être jouée.

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