S'il eft vrai que l'amour propre ait engagé M. Du Frefny à donner cette Comédie au Théatre, afin de faire connoître la part qu'il avoit à l'Ouvrage & les larcins qu'il prétendoit que M. Regnard lui avoit fait, fi c'étoit-là, disje, fon deflein, on peut dire qu'il y a affez mal réuffi. Sa chute n'a fervi qu'à augmenter le triomphe de fon adverfaire: (a) & il s'eft vû en bute aux traits du Poëte Gacon. Les deux Epigrammes que nous rapportons font louches, infi pides, & peu éxactes, mais on y remarque la malignité de cet Auteur. EPIGRAM ME * 1697. fard, édition * C'eft le Sur la Piéce du Joueur, dont M. Ri- Poëte fans viere prétend fauffement que M. de 1692. paRegnard lui a volé l'intrigue & les ge 206. penfées: ce qu'il y a de vrai, c'eft nom de M. que M. Regnard en a feulement con- Du Freiny. féré quelquefois avec lui mais la pauvreté des Piéces du Sieur de Riviere,a fait voir, (fi jose ainsi parler) qu'il n'eft pas un Auteur volable. Un jour Regnard, & de Riviere, En cherchant un fujet que l'on n'eut point Trouverent qu'un Joueur feroit un caractere, (a) Nous avons rapporté, à l'article du Joueur de 1697. Regnard le fit en vers, & de Riviére en profe Ainsi, pour dire au vrai la chose, Chacun vola fon compagnon: Mais qui conque aujourd'hui voit l'un & l'autre Dit que Regnard a l'avantage AUTRE ÉPIGRAMME. Poëte fans Sur les deux Joueurs, dont celui de M. fard, édition de 1692. pa ge 207 Regnard fut bien reçû, & dont celui de Riviere fut à peine joué jusqu'au fecond Acte. (a) Deux célébres Joueurs, l'un riche, & l'autre Prétendoient au Public donner leur caractere, Qu'ils tenoient en fufpens les efprits curieux. Chacun trouva que les copies M. Regnard, la Préface qu'il mit à la tête de cette (a) Si le fait étoit vrai, il feroit marqué dans les Regiftres de la Comédie, on n'auroit pas oublié d'ajouter le titre de la Piéce qu'on avoit donnée pour remplir le Spectacle: Nous en avons rapporté des exemples: ainfi il y a tout lieu de croire que ce n'eft u'une pure calomnie du Sieur Gacon. LA FILLE MÉDECIN, Comédie en un Acte, & en profe, d'un Représentée pour la premiere fois le Samedi 1697. LE LOURDAUT, Comédie en un Acte, de M. DE BRIE, non imprimée, Représentée pour la premiere fois le Mercredi 8. May, précédée de la Tragédie d'Edipe. LE E 30. Janvier 1697. M. de Brie avoit préfenté aux Comédiens une petite Piéce de la compofition, intitulée: LA MASCARADE qui fût reçue à la pluralité des voix. Nous ne trouvons point qu'elle ait été jouée, à moins que ce ne foit la même chofe que la Comédie qui fait le fujet de cet article, & que l'Auteur aura donnée fous un titre différent. Quoi qu'il en foit, l'Ouvrage n'eut aucun fuccès à la premiere repréfentation, M. de Brie dépenfa vingtquatre livres quatre fols en billets qu'il 1697. DE BRIE. diftribua à fes amis, & fa part dans la Pour difculper fes œuvres infipides, N..... DE BRIE, « fils d'un ChaClef des ca- » pelier de Paris, a compofé le petit Roracteres de M. » man du Duc de Guife. Il a traduit quelques Odes d'Horace,qui ne réponParis, 1733, dent point au génie de ce Poëte. » Il eft Auteur des deux Piéces fuivantes. de la Bruyere, édition de LES HERACLIDES, Tragédie, non imprimée, 9. Février 1695. LE LOURDAUT, Comédie en un Acte, non imprimée, 8. May 1697. Il est affez extraordinaire que ce Poëte qui a toujours vécu à Paris, & qui n'est 1697. mort que vers l'année 1715 ou 1716. ne foit connu que par quatre Epigrammes de M. Rouffeau, qui fe trouvent imprimées avec fes autres Pocfies. Nous venons d'en rapporter une; voici les trois autres. Epigramme contre de Brie. Tu dis partout, Maître ufurier, Un Spectacle à la fois rifible & régulier. efpiégles, Lorfqu'au bout d'un chevron danser on te verra, Il est certain que l'on rira, Et que l'on rira dans tes régles. Autre contre le même. L'ufure, & la Poëfie. Ont fait jufqu'aujourd'hui Du feffe Matthieu De Brie (a) A l'article des Héraclides de De Brie, on a v que cet Auteur fe vantoit fort de posséder les régles de la Poëfie ramatique : & nous avons remarqué en parlant du Joueur de M. Regnard, qu'il étoit ennemi de De Brie. |