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LETTRE

des Comédiens François, en Réponse à celle de M. de Vizé.

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MONSIEUR,

» Notre Compagnie a été bien surpri" fe à la lecture de la Lettre que vous » avez écrite à M. de la Grange, au fujet de la Piéce de L'AVANTURIER, après » toutes les honnêtetés que nous avons » eu pour vous. Il est vrai, Monfieur, » qu'à la premiere lecture que vous en » avez faite, nous l'avons acceptée, à » condition que vous la mettriez en état » d'être jouée, & lorfque vous vintes à » une autre affemblée nous affurer » vous l'aviez rendue fi parfaite & fi plaifante, qu'il feroit impoffible que le Public, en la voyant, ne lui donnât des applaudiffemens, & ne fit des -éclats de rire de ligne en ligne : fur cet

que

te affurance, on confirma la parole » donnée; mais comme vous n'en fites » point alors de feconde lecture, nous » n'avons pû connoître en général l'état » où vous l'aviez mife, que par les rôles » que vous avez donné depuis. Nous » vous avons prié de vous trouver à la lecture de ces rôles, où nous ne trou

1696.

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» vâmes point ce que vous nous aviez promis. Vous ne voulûtes pas vous en » rapporter à nous, fur ce que vous di»tes que des perfonnes fort éclairées » avoient approuvé votre Piéce. Nous " vous priâmes de les faire trouver à la » feconde lecture que vous en deviez » faire Samedy dernier, pour vous faire » connoître que nous ne voulions pas en » être les feuls Juges. Vous n'avez pas » voulu que cela fût de la forte, & vous

vîntes feul nous lire votre Piéce. Nous » fûmes donc obligés de vous dire nos » fentimens, qui furent tous, que votre Piéce n'étoit point en état d'être jouée avec fuccès. Nous entrâmes même dans le détail du premier & du » fecond Acte; & vous nous parûtes perfuadé qu'il étoit abfolument nécef» faire de changer beaucoup de choses » dans ces deux Actes, & dans toute la

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difpofition de la Piéce, fans quoi elle » ne vous feroit pas affurément d'hon »neur. Après cela, Monfieur, vous ne » devez pas trouver étrange que nous » ne risquions pas votre Piéce, puifqu'il s'agit autant de votre réputation que » de votre intérêt. Nous fommes, Mon » fieur, vos très-humbles ferviteurs. »

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LES COMEDIENS DU ROY.

Cette Réponse très-polie, & en même temps très-ferme des Comédiens, calma pour quelque temps les inquiétudes de M. de Vize: mais il renouvella fes inftances auffi-tôt qu'il eût appris qu'on avoit ceffé les repréfentations du Grondeur. (a) Nous rapportons une des Lettres qu'il écrivit alors aux Comédiens. Elle eft d'un ftyle bien différent de la précédente.

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LETT RE

De M. de Vizé aux Comédiens du Roy

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Je crois, Meffieurs, qu'après trois paroles données dans trois affemblées générales, vous ne ferez pas plus engagés que vous êtes, quand vous me » ferez la grace d'annoncer & d'afficher "ma Piéce. Je vous le demande, parce » que je ne fçais plus que dire à mes » amis, qui n'en entendent point parler. J'ai donné des rôles de quatre Actes, » croyant qu'on l'étudieroit pour la jouer dès que le Grondeur finiroit. Des raifons dans lesquelles je ne veux point pénétrer la font reculer; & je vous » demande, pour me décharger de cette aventure, de l'annoncer & de l'affi

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(a) La derniere fut donnée le 19. Février.

1696.

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» cher. Je ne vois pas qu'il y ait rien de » nouveau à cela, puifque c'est la pre» miere Piéce nouvelle que vous devez » jouer. Je vous conjure de n'y point perdre de temps, & de la commencer » inceffamment, quand elle ne devroit » être jouée que trois ou quatre fois avant Pâques. Vous mettrez par-là le » comble à toutes vos honnêtetés, & » vous m'obligerez à être éternellement, » Meffieurs, Votre très-humble, & très» obeiffant Serviteur. » DE VIZÉ.

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Pour faire ceffer ces plaintes, les Comédiens, dans leur affemblée du Lundy 5. Mars de la même année 1691. délibérerent ce qui fuit:

Sur ce que M. de Vizé a proposé à la Compagnie de remettre la Pièce de » L'AVANTURIER à la Saint Martin > » en cas qu'elle ne puiffe être jouée ce » Carême. La Compagnie a résolu de faire dire à M. de Vizé par les Quin» zainiers, que fa Piéce ne pouvant être fçûe ce Carême, il nous fera plaifir de » fouffrir qu'elle foit jouée immédiate»ment après Pâques : & en cas que M.

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de Vizé n'y veuille pas confentir, la » Compagnie veut bien la remettre après l'Eté à condition qu'elle fera commencée le Mercredy 7. Novembre

51691. qu'est le Mercredy de devant » la Saint Martin. A l'effet de quoi, M. 1696. » de Vizé fera averti qu'il n'y ait point » d'obftacles de fa part; parce que la Compagnie a d'autres engagemens » pour la faifon fuivante, & que fi cette » propofition étoit retardée, la Piéce ne fera point jouée, & la Compagnie ne fera plus tenue d'aucune parole touchant cette Piéce.

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> 1691. pages

M. de Vizé choifit le dernier parti qu'on lui propofoit, & comme il ne doutoit pas que fa Piéce ne fut jouée dans les premiers jours de Novembre, il fe hâta de l'annoncer dans le Mercure d'Octobre, afin de prévenir le Public en fa faveur. Les Comédiens François Mereure Ga» commenceront leurs Piéces nouvelles, lant, Octobre » par une Comédie en cinq Actes, inti- 294-297. » tulée L'AVANTURIER. Ils la promirent » dès l'hyver dernier ; mais comme il ne »fe trouva pas affez de temps pour la » jouer, elle fut remife au commence»ment de celui-ci. Tout ce que je vous » dirai de cette Piéce, qui ne m'eft pas inconnue, c'eft fon fuccès dépend » de l'attention que les Auditeurs lui prêteront, parce que le fujet étant fort plein, & tout rempli d'incidens, dont » il n'y en a aucun qui n'ait liaison avec un autre, il est mal aifé que l'on n'en

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que

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