Imágenes de páginas
PDF
EPUB

On vouloit éviter de faire un trop gros volume, & voici les retranchemens qu'on a faits fur l'Édition de 1757. 1°. ̃ ̄Aux Mémoires pour la Vie de Malherbe par le Marquis de Racan, qui font encore chargés de Notes, on a fubftitué une Vie de Malherbe plus concife & cependant très-entiere, tirée de ces Mémoires mêmes & d'autres Ouvrages. 2°. On a totalement retranché le Difcours fur les obligations que la Langue & la Poéfie françoise ont à Malherbe. Ce n'eft pas que ce morceau tout grammatical ne mérite d'étre confervé; mais on a crû que notre Langue & notre Verfification étant épurées, depuis long-temps, des fautes remarquées par Malherbe, ces Remarques n'intéresfoient plus gueres que ceux qui s'occupent de ces fortes de recherches. 3°. Au lieu de la Table Raifonnée, où M. de S. Marc a jetté toutes fes Notes, critiques, hiftoriques, grammaticales, & de pure érudition, on s'eft contenté d'expliquer l'hiftorique de certaines Pieces, les noms Géographiques & Mythologiques, & quelques termes furannés, par de courtes Notes mifes au bas des pages.

Quoique l'ancienne Orthographe qu'a

fuivi M. de S. Marc ne foit pas toujours conftante, on n'y a rien changé qu'en certains endroits, où il pouvoit en résulter de Pembarras pour quelques Lecteurs.

Pour dédommager un peu les perfonnes. (pour qui rien d'érudit ou de ce qu'on produit fous un nom revéré dans les Lettres n'est jamais faftidieux ou trop long) de ce que nous avons retranché en faveur de ceux qui, dans Malherbe, ne cherchent que le Poëte ou des Vers, on a joint à fa Vie une Lettre qu'il adressa au Roi, Louis XIII, à l'occafion de la mort de fon fils, piece que M. de S. Marc s'eft contenté d'indiquer. On a même eu, pour l'inférer, plus d'une raifon. Cette Lettre, eft d'abord affez finguliere, & de plus contient quelques détails fur un fait qui tient à l'histoire de Malherbe. En fecond lieu, quoiqu'elle ait été imprimée en feuille volante, in-4°. & in 8o. elle ne fe trouve dans aucune des Éditions de notre Poëte. Enfin, comme elle eft des derniers temps. de Malherbe, elle peut fervir encore à don ner une idée de fon file en profe,

VIE

DE

MALHER BE.

FRANÇOIS DE MALHERBE, nacquit à Caen,

fous le regne d'Henri II, vers l'année ou dans l'année 1555. Il étoit de l'illuftre Maifon de Malherbe-Saint-Aignan qui porta les armes en Angleterre fous Robert III, Duc de Normandie, file de Guillaume le Conquérant. (*) Ce Poëte dans fa Lettre au Roi Louis XIII. fur la mort de fon fils, écrit que l'Écuffon des Armes de cette ancienne. Maison (qui étoit le même que le fien, ) se voyoit encore dans une Salle de l'Abbaye de S. Étienne de Caen, mais quelle étoit tombée dans l'indigence depuis 200 ans. Cependant, felon M. Huet, fa fa

(*) Un Payen Malherbe, pour avoir appellé ( en duel) Louis, fils de Philippe-Augufte, perdit la Seigneurie de Bocton-Malherbe dans le Comté de Kents près de Lenham. Cambden, Roy d'armes Anglois, parle de la Maifon de Malherbe S. Aignan.

mille poffédoit depuis long-tems les premieres Magiftratures de cette ville.

Son Pere, Confeiller au Baillage, ou, felon Racan dans les Mémoires de fa Vie, Affeffeur à Caen, lui deftinant fa charge, le fit étudier dans l'Univerfité de cette ville, où il eut pour Maître le célebre Profeffeur, Jean Rouffel, qui joignoic le talent de l'Éloquence & celui de la Poéfie Latine à la connoiffance de la Jurifprudence & des Loix. It l'envoya enfuite en Allemagne & en Suiffe, & il prit à Heidelberg & à Bâle les Leçons des plus habiles Profeffeurs. Revenu à Caen, il fréquenta, fans quitter l'épée, les Écoles publiques, & il s'exerçoit à y prononcer des Difcours fur divers fujets.

Le Pere de Malherbe ayant embraffé le Calvinifme dans les derniers tems de fa Vie, le fils en eut tant de chagrin, qu'à l'âge d'environ dix-neuf ans il quitta le pays, pour paffer en Provence, à la fuite du Duc d'Angoulême, (fils naturel d'Henri II), Grand Prieur de France, qui fuccéda, en 1579, au Maréchal de Retz dans le Gouvernement de cette province.

La protection du Duc lui fit époufer Madelaine 'de Coriolis, Veuve d'un Confeiller, & fille d'un Préfident du Parlement d'Aix, & il en eut plufieurs Enfans tous morts avant lui.

Il fut attaché au Duc d'Angoulême, & refta

dans fa maifon, jufqu'à la mort de ce Prince, qui fut tué à Aix en 1586, par Philippe Altoviti, Gentilhomme Marseillois.

Malherbe fuivit quelque tems la profeffion des armes. Pendant la Ligue, lui & un nommé de la Roque qui avoit été comme lui Gentilhomme du Duc d'Angoulême, poufferent fi vivement M. de Sully l'efpace de deux ou trois lieues, que ce Miniftre en garda toujours du reffentiment contre Malherbe. Au partage d'un fourage ou d'un butin qu'il fit dans une de fes campagnes, il fut fort maltraité par un Capitaine d'infanterie, qui lui ôta fon épée; mais il eut raison de cette infulte, fe battic avec Í'Officier & le bleffa dangerousement.

Comme il étoit fixé à Aix depuis la mort du Duc d'Angoulême, il fut commandé pour mener 200 hommes d'infanterie devant la Ville de Martigue, que les Efpagnols affiégeoient par mer & les Provençaux par terre. Voilà tout ce que les Mémoires de Racan nous apprennent de fa Vie militaire, d'après ce qu'il lui en avoit raconté lui-même.

L'Ode adreffée par Malherbe à Marie de Médicis fur sa bienvenue en France (*) lui avoit fait la plus grande réputation. Dans le voyage qu'Henri IV fit à Lyon en 1601, le Cardinal du Perron parla de ce Poëte au Roi, & voici à quelle occafion. Henri IV lui ayant un jour demandé s'il ne faifoit plus de

Cerce Ode eft dans ce Volume:

« AnteriorContinuar »