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Mais s'il n'eût rien eu de plus beau,

Son nom qui vole par le monde
Seroit-il pas dans le tombeau ?

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S'il n'eût par un bras homicide
Dont rien ne repouffoit l'effort,
Sur Ilion vangé le tort
Qu'avoit reçû le jeune Atride:
De quelque adreffe qu'au giron
Ou de Phénix, ou de Chiron
Il eût fait fon apprentiffage,
Notre âge auroit-il aujourd'hui
Le mémorable témoignage
Que la Grece a donné de lui?

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C'eft aux magnanimes exemples,
Qui fous la banniere de Mars
Sont faits au milieu des hazards,
Qu'il appartient d'avoir des temples;
Et c'eft avecque ces couleurs
Que l'hiftoire de nos malheurs
Marquesa fi bien ta mémoire,
Que tous les fiécles à venir
N'auront point de nuit affez noire,
Pour en cacher le fouvenir.

En ce long temps, où les manies
D'un nombre infini de mutins 2
Pouffez de nos mauvais deftins 2

Ont affouvi leurs félonnies "
Par quels faits d'armes valeureux,
Plus que nul autre avantureux ?
N'as-tu mis ta gloire en eftime;
Et déclaré ta paffion
Contre l'efpoir illégitime
De la rebelle ambition!

Tel que d'un effort difficile
Un fleuve au travers de la mer,
Sans que fon goût devienne amer
Paffe d'Elite en la Sicile :
Ses flots, par moyens inconnus
En leur douceur entretenus
Aucun mêlange ne reçoivent,
Et dans Syracuse arrivant

Sont treuvez de ceux qui les boivent
Auffi peu falez que devant.

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Tel entre ces efprits tragiques
Ou pluftôt Démons infenfez
Qui de nos dommages paffez
Tramoient les funeftes pratiques
Tu ne t'es jamais diverti
De fuivre le jufte parti;
Mais blamant l'impure licence
De leurs déloyales humeurs,
As toujours aimé l'innocence,
Et pris plaifir aux bonnes mœurs,

Depuis que pour fauver fa terre

Mon Roi, le plus grand des humains.
Eut laiffé partir de fes mains

Le premier trait de fon tonnerre
Jufqu'à la fin de fes exploits,
Que tout eût reconnu fes loix,
A-t-il jamais défait armée,
Pris ville, ni forcé rempart,
Où ta valeur accoûtumée
N'ait eu la principale part ?

Soit que près de Seine & de Loire
Il pavât les plaines de morts,
Soit que le Rhône outre fes bords
Lui vit faire éclater fa gloire,
Ne l'as-tu pas toujours faivi ?
Ne l'as-tu pas toujours fervi,
Et toujours par dignes ouvrages
Témoigné le mépris du fort
Que fçait imprimér aux courages
Le foin de vivre après la mort ?

Mais quoi! ma barque vagabonde
Et dans les Syrtes bien avant,
Et le plaifir la décevant,
Toujours l'emporte au gré de l'onde,
BELLEGARDE, les matelots
Jamais ne méprifent les flots
Quelque phare qui les éclaire :

Je ferai mieux de relâcher,
Et borner le foin de te plaire
Par la crainte de te fâcher.

L'unique but où mon attente
Croit avoir raifon d'aspirer,
C'eft que tu veuilles m'affûrer
Que mon offrande te contente.
Donne-m'en d'un clin de tes yeux
Un témoignage gracieux;
Et fi tu la trouves petite,
Reffouviens-toi qu'une action
Ne peut avoir peu de mérite
Ayant beaucoup d'affection.

Ainfi de tant d'or & de foie
Ton âge dévide fon cours,
Que tu reçoives tous les jours
Nouvelles matieres de joie ;
Ainfi tes honneurs fleuriffans
De jour en jour aillent croiffans
Malgré la fortune contraire;
Et ce qui les fais trébucher

De toi ni de TERMES, ton frere
Ne puiffe jamais approcher.

Quand la faveur à pleines voiles.
Toujours compagne de vos pas,

Vous feroit devant le trépas
Avoir le front dans les étoiles

Et remplir de votre grandeur

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Ce que la terre a de rondeur:
Sans être menteur je puis dire
Que jamais vos profpéritez
N'iront jufques où je défire,
Ni jufques où vous méritez,

SONNET

A M. de Flurance, fur fon livre de l'Art d'embellir. (*) 1608.

VOYANT ma CALISTE fi belle,

Que l'on n'y peut rien défirer,

(*) Livre tout moral dont l'objet eft déterminé par le ti tre: L'Art d'embellir tiré du fens de ce facré Paradoxe, la fegeffe de la perfonne embellit fa face, étendu en toute forte de beauté & és moyens de faire que le corps retire en effet fon embelliffement des belles qualités de l'ame, dedié à la Reyne, par le fieur de Flurance-Rivault. Paris 1608. Cec Auteur étoit de Laval. Il fit d'abord profession des armes, fut fait par Henry IV, Gentilhomme de fa Chambre, puis Souprécepteur de Louis XIII. & fon Lecteur en Mathématiques: enfuite après la mort de Defyve taux & de Nicolas Lefebvre qui furent fuccessivement Précepteurs du Roy, il obtine cette place. Il mourut à Tours au mois de Janvier 1616, âgé de 45 ans.›

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