Je mourrai dans vos feux, éteignez-les ou non. Comme le fils d'Alcmene, en me brûlant moi-même, Il fuffit qu'en mourant dans cette flame extrême, Une gloire éternelle accompagne mon nom.
On ne doit point, fans fceptre, afpirer où j'aspire; C'eft pourquoi, fans quitter les loix de votre empire, Je veux de mon efprit tout efpoir rejetter. Qui ceffe d'efpérer, il ceffe auffi de craindre; Et, fans atteindre au but où l'on ne peut atteindre, Ce m'eft affez d'honneur que j'y voulois monter.
Je maudis le bonheur où le ciel m'a fait naître, Qui m'a fait défirer ce qu'il m'a fait connoître: Il faut ou vous aimer, ou ne vous faut point voir. L'aftre qui luit aux grands en vain à ma naissance Épandit deffus moi. tant d'heur & de puiffance Si pour ce que je veux j'ai trop peu de pouvoir.
Mais il le faut vouloir, & vaut mieux fe réfoudre, En afpirant au ciel, être frappé de foudre, Qu'aux deffeins de la terre affûré fe ranger. J'ai moins de repentir, plus je penfe à ma faute, Et la beauté des fruits d'un palme fi haute Me fait par le défir oublier le danger.
Sar la réduction de Marfeille à l'obéiffance de ce Roi, fous les ordres du Duc de Guife, Gouverneur de Provence. 1596.
ENFIN, après tant d'années,
Voici l'heureufe faifon, Où nos miferes bornées Vont avoir leur guérifon.
Les Dieux longs à fe réfoudre, Ont fait un coup de leur foudre, Qui montre aux ambitieux, Que les fureurs de la terre Ne font que paille & que verre A la colere des cieux.
Peuples, à qui la tempête A fait faire tant de vœux, Quelles fleurs à cette fête Couronneront vos cheveux ? Quelle victime affez grande Dounerez-vous pour offrande ?
Et quel Indique féjour
Une perle fera naître
D'affez de luftre, pour être : La marque d'un fi beau jour !
Cet effroyable coloffe,
Cazaux, l'appui des mutins, (*) A mis le pied dans la foffe Que lui cavoient les deftins. Il eft bas, le parricide. Un Alcide, fils d'Alcide, (S) A qui la France a prêté Son invincible génie, A coupé fa tyrannie D'un glaive de liberté,
Les avantures du monde. Vont d'un ordre mutuel, Comme on voit au bord de l'onde Un reflus perpétuel.
L'aife & l'ennui de la vie
Ont leur courfe entrefaivie
(*) Charles Cazaux, Conful de Marseille, s'étant rendu maitre abfolu dans cette ville, avec Louis d'Aix, avoit appellé les Espagnols à fon fecours pour se maintenir contre les forces du Roi, commandées par le Duc de Guise.
(5) Charles, fils d'Henri, Duc de Guife, furnommé le Balafre
Auffi naturellement
Que le chaud & la froidure, Et rien, afin que tout dure Ne dure éternellement.
Cinq ans Marseille volée A fon jufte poffeffeur, Avoit langui désolée
Aux mains de cet oppreffeur. Enfin le temps l'a remise En fa premiere franchise; Et les maux qu'elle enduroit Ont eu ce bien pour échange, Qu'elle a vû parmi la fange Fouler ce qu'elle adoroit.
A l'un & l'autre Bofphore Le bruit en eft répandu; Toutes les plaines le fçavent, Que l'Inde & l'Eufrate lavent; Et déja pâle d'effroi Memphis fe penfe captive, Voyant fi près de fa rive
Un neveu de Godefroi. (*)
(*) Le Duc de Guife forti de la Maifon de Lorraine, qui
prétend tirer fon origine de Godefroi de Bouilloną
Sur le même fujet que la précédente. 1596.
S.Orr que de tes lauriers la grandeur poursuivant,
D'un cœur où l'ire jufte & la gloire commande, Tu paffes, comme un foudre, en la terre Flamande, D'Espagnols abattus la campagne pavant; Soit qu'en fa derniere tête L'Hydre civile t'arrête; Ror, que je verrai jouir De l'empire de la terre, Laiffe le foin de la guerre Et penfe à te réjouir.
Nombre tous les fuccès où ta fatale main, Sous l'appui du bon droit aux batailles conduite De tes peuples mutins la malice a détruite, Par un heur éloigné de tout penfer humain, Jamais tu n'as vû journée De fi douce destinée; Non celle où tu rencontras
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