Imágenes de páginas
PDF
EPUB
[ocr errors]

Des mêmes ennuis agitée,

Fait les mêmes traits de pitié.

De combien de jeunes maris,
En la querelle de Pâris,
Tomba la vie entre les, armes
Qui fuffent retournez un jour,
Si la mort fe payoit de larmes 3
A Mycenes faire l'amour..

Mais le deftin qui fait nos lois,
Eft jaloux qu'on paffe deux fois
Au-deçà du rivage blême;
Et les Dieux ont gardé ce don
Si rare que Jupiter même
Ne le fçût faire à Sarpedon..

Pourquoi donc, fi peu fagement
Démentant votre jugement,

Paffez-vous en cette amertume
Le meilleur de votre faison,
Aimant mieux plaindre par coûtume;
Que vous confoler par raison ?

OXFOR

Nature fait bien quelque effort
Qu'on ne peut condamner qu'à tort :
Mais que direz-vous pour défendre
Ce prodige de cruauté,

Par qui vous femblez entreprendre
De ruiner votre beauté ?.

Que vous ont fait ces beaux cheveux,
Dignes objets de tant de vœux,
Pour endurer votre colere ?
Et devenus vos ennemis,
Recevoir l'injufte falaire

D'un crime qu'ils n'ont point commis?

Quelles aimables qualitez

En celui que vous regretteż,
Ont pû mériter qu'à vos rofes
Vous ôtiez leur vive couleur;
Et livriez de fi belles chofes
A la merci de la douleur ?

[ocr errors]

Remettez-vous l'ame en repos;
Changez ces funeftes propos;
Et, par la fin de vos tempêtes,
Obligeant tous les beaux efprits,
Conservez au fiécle où vous êtes
Ce que vous lui donnez de prix.

Amour, autrefois en vos yeux
Plein d'appas fi délicieux,
Devient mélancolique & fombre,
Quand il voit qu'un fi long ennui
Vous fait confumer pour une ombre
Ce que vous n'avez que pour lui.
S'il vous reffouvient du pouvoir
Que fes traits vous ont fait avoir,

Quand

Quand vos lumieres étoient calmes
Permettez-lui de vous guérir,
Et ne différez point les palmes
Qu'il brûle de vous acquérir.

Le temps d'un infenfible cours →
Nous porte à la fin de nos jours;
C'eft à notre fage conduite,
Sans murmurer de ce défaut,
De nous confoler de fa fuite,
En le ménageant comme il faut.

STANCE S. 1598.

BEAUTÉ, mon cher fouci, de qui l'ame incertaine

A, comme l'Océan, fon flus & fon reflus,
Penfez de vous réfoudre à foulager ma peine,
Ou je me réfoudrai de ne la fouffrir plus.

Vos yeux ont des appas que j'aime & que je prife,
Et qui peuvent beaucoup deffus ma liberté,
Mais pour me retenir, s'ils font cas de ma prise,
Il leur faut de l'amour autant que de beauté.

Quand je penfe être au point que cela s'accomplise
Quelque excufe toujours en empêche l'effet;
C'eft la toile fans fin de la femme d'Uliffe,

F

Dont l'ouvrage du foir au matin fe défait.

Madame, avifez-y, vous perdrez votre gloire
De me l'avoir promis & vous rire de moi.
S'il ne vous en fouvient, vous manquez de mémoire;
Ou s'il vous en fouvient, vous n'avez point de foi.

J'avois toujours fait compte, aimant chofe fi haute,
De ne m'en séparer qu'avecque le trépas;

S'il arrive autrement, ce férá votre faute,
De faire des fermens & ne les tenir pas.

STANCE S. 1599.

CONSOLATION A M. DU PERIER. (*)

"I'A douleur, DU PERIER, fera donc éternelle ?

Et les triftes difcours,

Que te met en l'efprit l'amitié paternelle,
L'augmenteront toujours ?

Le malheur de ta fille au tombeau defcendue
Par un commun trépas,

(*) Charles Du Perier, Gentilhomme d'Aix en Provence, dont nous avons une Vie écrite par le P. Bourgerel, de l'Oratoire. C'eft de Marguerite Du Perier, fa fille, qu'il s'agit.

Eft-ce quelque dédale, où ta raifon perdue
Ne fe retreuve pas ?

Je fçai de quels appas fon enfance étoit pleine;
Et n'ai pas entrepris,

Injurieux ami, de foulager ta peine
Avecque fon mépris.

Mais elle étoit du monde, où les plus belles chofes,
Ont le pire deftin;

Et rofe elle a vécu ce que vivent les rofes,
L'efpace d'un matin.

Puis quand ainfi feroit que, felon ta priere,
Elle auroit obtenu

D'avoir en cheveux blancs terminé fa carriere
Qu'en fût-il avenu?

Penfes-tu que plus vieille, en la maison céleste
Elle eût eu plus d'accueil ?

Ou qu'elle eût moins fenti la pouffiere funefte
Et les vers du cercueil ?

Non, non, mon DU PERIER, auffi-tôt que la Parque
Oce l'ame du corps,

L'âge s'évanouit au-deça de la barque,

Et ne fuit point les morts.

[ocr errors]

Tithon n'a plus les ans qui le firent cigale;
Et Pluton aujourd'hui,

Sans égard du paffé, les mérites égale

« AnteriorContinuar »