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PLANCHE III.

No. I. II. & III.

On pourroit placer cette Figure d'Ifis dans le rang des Divinités menaçantes, menaçantes, car elle tient le fouet & le féau dans la même difpofition qu'on les a donnés à Ofiris ; ces attributs, ou plutôt ces armes que l'on voit rarement sur les représentations de femmes, me paroiffent avoir été autrefois dans l'Egypte l'équivalent du foudre que les Grecs lui ont fubftitué, peut-être avec moins de vraifemblance, mais du moins avec plus de noblesse & de dignité.

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La forme de cette espèce de Bufte est le seul mérité de cette Figure. On peut même la regarder comme certaine & conftante, car elle n'a fouffert aucune altération: on voit fous le No. II, les quatre lignes d'hiéroglyphes qui décorent le bas de ce Bufte. Je poffede un autre monument de même matière, c'est-à-dire, de ferpentine ; la forme en eft abfolument pareille; elles ne different que par la proportion. Je me contente de rapporter fous le No. III, les trois lignes d'hieroglyphes, dont le plus petit Bufte eft orné dans la même difpofition que celui-ci. Il a cinq pouces de hauteur ; & celui que l'on voit gravé fur cette Planche, a huit pouces moins une ligne.

Les deux Figures étant femblables, il n'eft pas étonnant que les hiéroglyphes paroiffent à-peu-près les mêmes: en les jugeant par le coup-d'oeil fimple, ceux du No. III, paroiffent un peu moins étendus.

PLANCHE IV.

No. I. & II.

CE Fragment de Bafalte me donne occafion de parler de cette efpèce de pierre, dont je n'avois poffédé jufqu'ici aucun morceau. Je défirois depuis long-tems un

Lib. XXXVI. сар. 7.

monument de cette matière pour la décrire avec certitude; non-feulement dans la vûe de rassembler, le plus qu'il me feroit poffible, les matières que les Anciens ont employées, mais encore pour avertir de l'abus que les Curieux, & principalement ceux d'Italie, font fouvent du nom de Bafalte; car ils le donnent à des pierres dures, à la vérité, & dont le grain eft fin, mais qui n'ont pas la couleur du fer; cependant cette qualité diftingue particuliérement l'efpèce de cette pierre. Nous fommes fi éloignés de connoître toutes les matières que les Egyptiens employoient, & plus encore de fçavoir les noms par lesquels ils les défignoient, que nous devons, ce me femble, être attentifs à ne pas confondre les espèces que nous pouvons diftinguer.

Pline nous dit à l'occafion du Bafalte : Invenit eadem Ægyptus in Ethiopia quem vocant Bafalten, ferrei coloris atque duritia: unde & nomen ei dedit. Numquam hic major repertus eft quàm in templo Pacis, ab Imperatore Vefpafiano Augufto dicatus, argumento Nili, XVI. liberis circa ludentibus, per quos totidem cubiti fummi incrementi augentis fe amnis intelliguntur. Non abfimilis illi narratur in Thebis delubro Serapis, ut putant, Memnonis Statuæ dicatus, quem quotidiano folis ortu contadum radiis crepare dicunt.

Les mêmes Egyptiens ont découvert en Ethiopie le bafalte, qu'ils nomment ainfi parce qu'il a la couleur & la dureté du Fer.

Ce paffage nous apprend que le mot bafalte eft Egyptien. On n'en a jamais trouvé de plus grand morceaux continue Pline, que celui qui a été confacré dans le temple de la Paix par l'Empereur Vefpafien. Il repréfente le Nil avec feize enfans qui jouent autour de lui, & indiquent la plus grande crue du Fleuve à ce même

nombre de coudées.

J'avoue que je ne puis me perfuader qu'une pierre. d'une dureté pareille à celle du bafalte, ne fourniffe pas,

'des blocs de la plus grande étendue à ceux qui ne feront pas retenus par la dépenfe. Je crois feulement qu'on n'en avoit point vû de plus grand morceau à Rome dans le tems que Pline écrivoit; car on doit avoir la même idée de cette pierre, que de celle dont parle Strabon, & XVII. p. 818, que l'on tiroit des rochers que l'on voyoit à droite & à gauche, en allant de Syène à Philé. Ils font, dit-il, d'une pierre noire & dure, de laquelle on fait des mortiers.

Un autre ouvrage (de bafalte, ajoute Pline) que l'on dit auffi confidérable que celui-ci, (le Nil) a été confacré dans le temple de Serapis à Thèbes: on affure qu'il repréfente la statue de Memnon, qui rend des fons tous les jours quand les rayons du foleil levant viennent la frapper.

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Il ne faut pas confondre la ftatue de Memnon dont parle Pline, avec celle qui fubfifte, & qui a infpiré une fi grande curiosité aux Voyageurs anciens & modernes ; non-feulement cette dernière eft coloffale, mais elle est de granite: d'ailleurs elle étoit antique à l'égard de Pline, puifqu'elle étoit placée de fon tems dans l'endroit qu'elle occupe aujourd'hui, c'eft-à-dire, hors de la ville de Thèbes, affez près des tombeaux des anciens Rois d'Egypte, & qu'elle avoit été élevée avant la conquête que les Perfes firent de ce pays; tandis que la Statue de bafalte que Pline préfente comme un objet beaucoup moins confidérable, étoit confacrée dans un temple de Sérapis, 'dont le culte n'a été introduit en Egypte que fous les Ptolémées. D'un autre côté, on ne peut rien conclure du moins avec certitude, du rapport de Pline au fujet de la statue du Nil. On ignore à Rome la situation du temple de la Paix, & l'on n'y connoît point ce monument du Nil; celui qui fubfifte dans cette ancienne Capitale, du monde, eft de marbre blanc. On pourroit le regarder comme une très-belle copie de l'ouvrage exécuté en bafalte du moins l'un & l'autre repréfentoient exactement le même fujet.

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Si la conjecture eft permife, je dirai que la figure an◄ tique du Nil que nous connoiffons, n'a être tirée que d'un bloc de huit à neuf pieds de longueur, fur cinq ou fix de hauteur, & qu'il eft vraisemblable qu'une Statue, placée dans un temple de Rome & par un Empereur, ait eu des proportions capables d'en impofer; par conféquent je fuis perfuadé que la Statue de bafalte, que Pline a citée, devoit être à-peu-près de ce volume. Un bloc d'une pareille dimenfion autorife encore ce que les raifons naturelles m'ont fait dire plus haut fur la poffibilité d'avoir des blocs confidérables d'une matière que Pline n'a peutêtre regardée comme médiocre dans fon volume, qu'en la comparant au granite, dont les blocs n'ont point de gran deur limitée,& que l'on voyoit fréquemment avoir 30 pieds, & plus, de longueur, avec une largeur très-considérable; en ce cas, le raisonnement de Pline feroit très-conféquent & très-digne de lui. Je le crois d'autant plus que les Statues Egyptiennes & de bafalte, que j'ai vûes, n'étoient pas plus grandes que le naturel: les Auteurs même ne font mention d'aucun Coloffe de cette matière, quoiqu'il eût été facile de les compofer de plufieurs morceaux. Ce n'eft point ici le lieu de difcuter plus au long ces points de critique: je paffe à l'examen détaillé que mérite ce mo

nument.

Je crois que cette Figure eft celle d'une Prêtreffe : ce que le tems a refpecté de fa coëffure me perfuade qu'elle étoit fimple. Elle a deux colliers gravés; l'un fous le menton eft marqué par un double trait, l'autre formé par un trait fimple & placé à la racine du col, foutient un ornement d'une forme fingulière; il eft long & creux, & fe trouve au milieu de ce qu'on appelle en France un efclavage, qui pend avec négligence, & dont les deux branches fe réuniffent fous la gorge. Ce monument déja diftingué par des parures peu communes, ( du moins à nos yeux) à l'égard de cette Nation, préfente quelques autres fingularités, dont je vais rendre compte.

prouve

Cette Figure foutient, ou plutôt elle porte un bufte d'Horus: du moins la plante Perfea le perfuade,quoique fa coëffure foit abfolument semblable à celle de la Prêtresse; fa tête eft tenue d'une proportion fort diminuée; elle eft furmontée d'un difque, au bas duquel la tête du Serpent Agathodémon eft fort apparente, ainfi que la gravûre de fon collier & la parure de fes épaules. Je n'avois jamais vû de Buste Egyptien en pierre, & porté par une figure. Celui-ci eft foutenu par un corps quarré d'un affez médiocre volume & chargé d'hieroglyphes : il que c'eft ainsi que l'on portoit les Simulacres dans les proceffions, & confirme la forme des Monumens de bronze auxquels j'ai affigné cette destination. En conféquence je croirois que cette Figure étoit représentée debout; c'eft une des raifons qui m'engage à la regarder comme une Prêtreffe. Non-feulement Ifis eft prefque toujours représentée affife; mais il ne feroit ni vraifemblable, ni naturel que la Déeffe elle-même parût dans une fonction de fon propre culte, ou de celui d'une autre Divinité.

Le N°. II, préfente le derrière du Fragment, & fait voir les caractères dont les deux Figures font encore chargées: je crois cependant que la table qui portoit ceux qui font placés derrière la figure d'Horus, étant appuyée sur L'épaule de la Prêtreffe,n'occupoit pas un plus grand efpace, & que par conféquent ils font confervés dans leur entier.

Le travail & les caractères certifient la grande antiquité de ce Monument : il étoit néceffaire de le rapporter fous les deux principaux afpects, pour faire fentir la difpofition des places occupées par les hiéroglyphes : je les ai fait graver exactement fur les deux faces, & développer plus en grand fur les No. III, & IV. Le N°. V; préfente ceux que la figure d'Horus porte devant elle. La Prêtreffe pouvoit avoir vingt-cinq pouces de proportion. Hauteur du Fragment huit pouces quatre lignes: largeur avec la faillie du Bufte fix pouces trois lignes.

Voyez Pl. VI. de ce Volume.

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