eft environné de trois côtés d'une rivière, & fort efcarpé dans ces mêmes parties. L'autre partie qui est au Levant étoit défendue par un retranchement, qui eft encore élevé d'environ dix pieds : l'intérieur de ce Camp de feize à dixfept arpens, pouvoit contenir quatre à cinq mille hommes. On croit communément dans le pays que ce Camp eft du moyen âge, & qu'il a été fortifié & choifi par le Roi Robert, qui fit en perfonne le fameux fiége de cette ville l'année 1005, lorfqu'il voulut reprendre le Duché de Bourgogne, après la mort de Henri fon oncle, à qui Roi Hugues Capet avoit donné le Duché en propriété. Ce fiége dura trois mois. Il n'étoit pas fini le 25 d'Août de l'an 1005, fuivant une Charte, datée de ce jour pendant le fiége, in obfidione; & la ville ne fut prife que par le fecours de Richard, Duc de Normandie, qui amena au Roi de France environ 30000 hommes.

Le Camp des Alleux eft trop petit pour avoir pu contenir l'armée du Roi : d'ailleurs la ville ne pouvoit être attaquée par le côté de ce Camp, puifqu'elle en eft féparée par un vallon profond; au lieu que l'attaque en étoit facile de tous les autres côtés, & que les troupes du Roi auroient été obligées de faire un grand détour pour se rendre aux attaques. Enfin, la fituation de ce Camp eft pareille à celle des autres Camps Romains que nous connoiffons, c'est-àdire, efcarpée & inattaquable, hors le feul côté retranché.

La ville d'Avallon étoit affez considérable dès les premiers tems de la domination Romaine dans les Gaules pour faire battre monnoye. M. Pellerin a dans fon Cabinet une Médaille de bronze, du petit module, d'une affez bonne fabrique Gauloife, & qu'il m'a prêtée avec fon amitié ordinaire, pour la faire graver, comme on la voit fur le Plan. On apperçoit d'un côté une tête d'homme fans barbe, avec des cheveux flottans fur les épaules; de l'autre côté, on lit le nom ABALLO, & fur le type eft un mulet qui marche. Cette Médaille, peut-être unique, n'a point encore été publiée.

Le terrein prouve encore aujourd'hui la forte situation 'de cette ville. Fortunat, dans la vie de S. Germain, la nommoit à la fin du fixième siècle, Avallo Caftrum. On lit fur des monnoyes des Rois de France de la feconde Race, Caftis Avallons. Elle étoit le chef-lieu d'un Pagus, ou Canton, qui eft appellé Pagus Avalenfis, dans les Auteurs du moyen âge, & Avalifus dans les Capitulaires de Charles le Chauve.

La rivière de Coufain, qui paffe au-deffous de la ville, tombe dans la rivière de Cure à Blanay, & celle-ci dans 1'Yonne à Crévan.

Je dois à la politeffe & à l'amitié de M. le Marquis de Montrichard, ce Plan, & plufieurs détails employés dans cette explication.

JE préfente à la fois deux objets intéreffans pour les Antiquités de la Gaule. M. de la Veyne, Ingénieur en chef des Ponts & Chauffées de la Généralité de Caën, a pris la peine de lever, dans le plus grand détail, & avec la dernière précision, le Plan dont je donne ici la réduction.

Bernières eft une Paroiffe fituée sur le bord de la Mer, à quatre lieues Nord-Eft de la ville de Bayeux. Le village eft fitué fur un ancien Havre, à l'embouchure de la rivière de Seule dans la Mer. L'entrée de ce Port étoit défendue du côté de la Mer par un château élevé fur la Dune: on en voit encore les veftiges, & on l'appelle le Château-Sarrafin. Il eft de conftruction ancienne, & il paroît qu'il a été réparé par les Anglois, lorsqu'ils étoient les maîtres de la Normandie. Le Port étoit autrefois confidérable; mais il s'eft comblé depuis que le Seigneur de Courseule a changé le lit de la rivière.

En 1730 la Mer ayant été agitée pendant quelque tems par des vents du Nord, forma dans cet ancien Havre un nouveau bassin de 25 à 30 pieds de profondeur. Cet évènement inattendu donna aux habitans des efpérances bien

Q q iij

flatteuses; mais elles ne furent pas de longue durée : la Mer ayant repris fon premier état, le baffin fut promptement rempli; il fallut même dépecer une ballandre Hollandoife qui avoit eu la témérité d'y jetter l'ancre, & qui fut retenue trop long-tems par les vents contraires.

:

A 1800 toifes au Sud-Eft du village de Bernières, on voit un ancien Camp Romain, dont le rempart & le foffé font encore apparens. Il eft d'une médiocre étendue, & ne pou voit contenir qu'une cohorte, c'est-à-dire, 4 ou 500 hom mes différentes rues conduifoient à ce Camp fixe & sédentaire, on les appelle encore Rues Romaines, Leurs angles & leurs retours font encore très-diftincts en beaucoup d'endroits la largeur de chacune a confervé fon allignement, fon talus, & par conféquent fa profondeur; ces rues creuses, ou ces efpèces de tranchées étoient apparemment faites pour couvrir & cacher la communication du Camp au village. Sur la rue qui conduifoit à ce village & au port, on trouve une hauteur qu'on appelle le Tombet, & qui pouvoit être un ouvrage avancé.

Les Sçavans recherchent depuis long-tems la pofition d'un lieu, dont il eft parlé dans la Notice des dignités de l'Empire dans les Gaules où étoit pofté un corps de troupes pour la garde de la côte, fous le commandement d'un Général Romain: Sub difpofitione viri fpectabilis Ducis, tractus Armoricani & Nervicani, Tribunus cohortis prima nova Armorica, Grannona in littore Saxo nico. On fçait que le nom de littus Saxonicum, rivage Saxonique, fut donné dans le cinquième siècle aux côtes de l'Océan les plus expofées aux courfes & aux pirateries des Saxons, & principalement à la côte de la Province Lyonnoife, qu'on appelle aujourd'hui Normandie, fur laquelle les Saxons formèrent des établiffemens fixes & perLib. V. c. 7. & manens. Grégoire de Tours parle des Saxons qui étoient établis & cantonnés au fixième fiécle,en la cité de Bayeux, Saxones Bajocaffini.

Lib. X. c. 9.

Cette defcription du port de Bernières & du Camp