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que les Mumies ou les Divinités auxquelles les Morts étoient confacrés, méritent encore quelques réflexions. Il me paroît que le Dieu principal, le protecteur du mort étoit peint & appliqué fur le corps même, & que les autres Divinités traitées de ronde-boffe, & d'un volume médiocre, étoient placées debout au-dehors & autour de la caiffe. Je crois qu'alors ces Divinités étoient regardées comme affiftantes, & qu'elles jouoient auprès du mort un rôle convenable à fes intentions, & au culte qu'il avoit pratiqué dans le courant de fa vie.

Voilà du moins trois circonftances, très-générales, à la vérité; mais qui permettent de conjecturer de grandes variétés dans la représentation des Divinités; tel eft le malheur des Religions fort compliquées. La Poftérité se perd aifément dans leurs détails, quand les Livres de leurs Dogmes & de leurs Loix n'exiftent plus : car il en faut convenir; fi l'on pouvoit fçavoir le Nome & les circonstances de la découverte de chaque Monument en particulier, ces détails & ces arrangemens laifferoient encore trop de doutes pour parler avec certitude.

Je puis affurer que ce Monument eft très-bien travaillé, qu'il est du tems de la pure Egypte, & qu'il n'est pas commun. La fimplicité de fon ouvrage paroîtroit plus ancienne que fes caractères d'une écriture courante, mais qui peut en juger fainement? L'extrémité des pieds de la Figure eft caffée. Je ne puis dire auffi pofitivement que je l'ai fait à l'occafion de la précédente, fi elle étoit chauffée, mais je le crois, par la raifon que le capuchon qui couvre exactement la tête, ne préfente ni liaison, ni féparation dans toute l'étendue de la Figure. Hauteur trois pouces cinq lignes.

PLANCHE XVII.

No. I. & II.

J'AI rapporté dans le cours de cet Ouvrage plusieurs

Planche VII. No. I. II. & III.

Figures petites & ridicules, que la fageffe & l'austérité Egyptiennes ne fe font point refufé. On conçoit l'adoration d'un animal, de quelque déraifon qu'elle foit accompagnée, l'avantage qu'il produit, la crainte qu'il inf pire, ou bien enfin l'emblême auquel il fert d'envelope, font au moins des excufes; tandis qu'aucune raifon ne peut admettre le culte d'une figure humaine, ridicule & monftrueufe, telle que ce Numéro la préfente; mais les réflexions s'évanouiffent devant les faits, & le petit Monument de porcelaine bleue doit être confidéré comme une Divinité, puisqu'en effet la bélière prouve qu'il a été destiné à fervir d'Amulette. Voilà donc encore un des Dieux fubalternes de l'Egypte, dont l'histoire & le nom font également inconnus.

J'ai peu vû de Monument auffi bien confervé. Ainsi le Lecteur peut compter fur l'exactitude des deux faces, fous lesquelles il eft deffiné, & fous lefquelles il eft également fingulier.

Hauteur deux pouces une ligne : largeur un peu
un peu moins

d'un

pouce,

No. III. IV. & V.

CE fragment d'albâtre, dont la confiftance eft affez forte, ne nous apprend pas bien nettement quelle étoit fon ancienne forme, malgré les différences qu'on y peut remarquer je crois cependant qu'il avoit celle d'un Sphinx. Le tems auquel ce morceau a été travaillé, & qu'on ne peut attribuer, ce me femble, qu'à celui des Ptolémées, m'empêche de me récrier, comme j'ai fait dans le Volume précédent, à la vûe d'une Figure qui repréfente deux têtes adoffées fur le même corps. Celles-ci d'un travail plus moderne, rappellent une idée très-conc'est-à-dire, la vénération que les Egyptiens attachoient aux fignes du Lion & de la Vierge, par rapport à l'inondation du Nil: en effet, ce Monument présente ces deux têtes. Je n'aurois plus rien à ajouter à cet égard,

nue,

fi je

V

I

III

VI

IV

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fije n'avois une petite circonftance à rapporter, dont je crois que le Lecteur ne fera point fâché d'être instruit.

En faifant percer devant moi un petit trou dans le deffous de ce Fragment, pour le pofer fur un piédestal, le conferver & le voir plus aifément; le premier coup d'outil le divifa en deux parties égales, & dans toute fa longueur. Je ne doutai point d'une caffure ; mais je fus étonné de voir que ce morceau avoit été travaillé dans cette intention, c'eft-à-dire, évuidé à deffein, & qu'on avoit enfuite employé du gypfe, ou des matières calcaires très-fines, pour réunir les deux pièces. Cette opération avoit été fi parfaitement exécutée que, malgré l'attention avec laquelle j'avois examiné ce morceau, je n'avois apperçu aucune apparence de réunion; ce qui prouve que l'ouvrage avoit été terminé après une opération, dont l'objet étoit l'introduction du mufc. En effet, je le trouvai encore placé dans l'efpace d'un quarré long d'environ fix lignes. Ce mufc en poudre exiftoit donc quand les deux parties fe féparerent. Je le fis tomber en l'examinant, & fon parfum avoit confervé toute fa force. L'odeur pouvoit s'exhaler autrefois par les pores de cet albâtre, ou peut-être par de petits trous faits à ce deffein, & que la craffe ou les ordures ont bouché dans la fuite; peut-être auffi que l'exceffive ardeur du foleil, à laquelle on expofoit ce Monument, ou même une chaleur artificielle, fervoient à flatter la fuperftition par l'odeur qu'il communiquoit. Je croirois affez que l'on préféroit le dernier moyen. Car en faifant recoller quelques-unes de ces petites Figures de terre-cuite & d'efpèce de porcelaine. recouverte d'émail, elles ont rendu une odeur de mufc, quand on les a préfentées au feu nécessaire à cette petite opération, & j'ai répété cinq ou fix fois cette expérience; mais je n'ai point reconnu que le mufc eût été introduit dans une chambre ou cellule, comme je l'ai trouvé dans le Sphinx de ce Numéro. Au refte, les Amateurs de l'Antiquité peuvent aifément répéter cette expérience, & Tome V.

G

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