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PI. VIII. & IX. &
Pl.XX.de ce Vol.

Pl. XXX. de ce
Volume.

J'ai fait fentir dans un Mémoire lû à l'Académie des Belles-Lettres,la connoiffance que les Egyptiens devoient avoir de la Chymie. J'en ai même fait mention dans ce Volume à l'occafion des ouvrages de porcelaine; je me contente d'y renvoyer, & je prends le même parti à l'égard des Monumens dont je vais parler, & dont la matière, la forme, ou le travail méritent d'être obfervés. On pourra toujours les vérifier dans le Cabinet des Antiquités du Roi, où ils font dépofés, comme je l'ai dit au commencement de cet Ouvrage.

La perfection de la Fonte, & tout ce qui concerne fon exécution, eft prouvé par les Monumens mêmes ; on peut en dire autant de leur Sculpture & de leur Peinture.

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Le Tour leur étoit fi bien connu, qu'ils fçavoient s'en fervir fur les matières les plus dures; on peut voir, pour en être assuré, l'autel rond formé en espèce de balustre Pl. XIX.No. I. & & que j'ai rapporté dans le premier Volume. Quand nous ferions privés de cette preuve convaincante, nous voyons que le Touret ne leur étoit pas inconnu; & non-feulement il eft le Tour lui-même, mais avec des augmentations ou des furplus de méchanique, qui méritent quelques obfervations. J'ignore le tems auquel il a été mis en ufage pour les pierres gravées; mais on trouve tous les jours des basreliefs en'creux, fur-tout des hiéroglyphes, qui n'ont pu être exécutés que par cet agent, & auxquels on ne peut refuser la plus haute antiquité.

Après avoir considéré les Egyptiens du côté de leurs opérations, fans m'être attaché à aucun détail de deffein, de trait, d'allignement, de coupe des pierres, de nivellement pour les eaux, & de matières recherchées pour la liaison de leurs différentes bâtiffes, &c, toutes parties néceffaires, mais trop faciles à fuppofer pour être difcutées; je vais les préfenter du côté de la magnificence particuliere & de l'induftrie pour les petits objets. On ne les a point encore confidérés fous ce point de vûe qui fuppofe cependant des recherches, des connoiffances & un très-grand

ufage dans plufieurs efpèces de pratiques ; je ne tirerai les exemples de ces différens travaux que du feul affemblage que j'ai pu faire, & dont la plus grande partie se trouve gravée dans ces Recueils.

Une petite Figure affife fert de cul-de-lampe à la claffe Egyptienne du premier Volume, elle eft d'or. Je ne doute pas que les Egyptiens n'aient fouvent employé ce métal, mais les Arabes en font fort curieux, & ne négligent rien depuis plufieurs fiécles pour s'emparer de celui que l'on découvre; ainfi nous ne devons pas être étonnés de la rareté de ces morceaux, toujours moins communs dans tous les tems.

J'ai rapporté dans le troisieme Volume la figure d'un Singe, dont les yeux font de verre imitant l'agathe-onyx dans la plus grande perfection. Cette imitation prouve la connoiffance, la recherche & l'ufage répété des agathes; elle donne conftamment plus d'étendue à leurs pratiques dans les Arts, que l'onyx elle-même n'auroit pu nous en faire concevoir.

Je poffede plufieurs chats & fouris de bronze, dont les yeux font de grenats ou de rubis. Il est vrai que ces pierres font taillées en cabochon, car les Anciens n'ont point connu d'autre manière de tailler les pierres fines, & cet ufage eft encore aujourd'hui celui des Indes; mais ces morceaux précieux traités à leur avantage, indiquent la recherche de ces matières, ainfi que les moyens de les faire valoir & de les travailler. La perfection de leurs fertiffures & de leurs enchâffemens prouve auffi le fréquent ufage de cette magnificence.

On voit dans le quatrième Volume un Horus, dont les yeux font de nacre de perle.

Un Harpocrate nud, fort fimple dans fa difpofition, & 'dont le travail est très-groffier, porte à l'oreille qui n'est point chargée du flocon de cheveux, un grain de corail rond & mobile. Je conviens qu'il pourroit avoir été facilement ajouté; mais il eft conftant que cette oreille a

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Planche XVIII. No. IV. & V.

toujours été la feule qui fût percée, & j'ai vû plufieurs Harpocrates dans le même cas; cette remarque peut faire regarder cette fingularité comme authentique.

Les métaux incrustés

pour former les yeux, ou pour indiquer des parures, entraînent plufieurs pratiques fines & délicates pour leur exécution. Indépendamment de la magnificence prouvée par ces incruftations, l'exactitude du creux, celle du métal ou de la matière incruftée font des opérations, à la perfection defquelles on eft long-tems fans pouvoir arriver, principalement quand aucun exemple étranger ne conduit à l'imitation. A l'égard de ces travaux délicats & recherchés, je ne citerai dans le nom bre de ceux que je poffede, qu'un Taureau Apis dont la fonte eft admirable: mais quoique fa taille, ou plutôt fa proportion foit affez confidérable, je ne l'ai point fait graver, par la raifon que fes quatre jambes font rompues, & qu'il ne préfente aucune autre fingularité que les incruftations d'or & d'argent mêlés ensemble pour enrichir la parure du col, & le triangle qu'il porte fur le front. La premiere Planche du quatrième Volume présente un Prêtre fort chargé d'incruftations, foit pour fa parure, foit pour les caractères dont il eft orné. Elles ne font exécutées qu'en argent, mais la fineffe des hiéroglyphes augmente le mérite du travail & de la précision.

Le Volume cinquième fait voir un autre Prêtre qui porte des braffelets formés par une incrustation en or. Ce monument prouve que cette parure, qu'on ne trouve pas communément fur les figures qui font parvenues jusqu'à nous, étoit en ufage chez les Egyptiens: & l'on peut préfumer qu'elle les engageoit à de grandes dépenfes.

On trouve les incruftations plus fréquemment employées pour former le globe des yeux : cette prétendue parure adoptée par des Nations plus éclairées dans les parties du goût, eft donc venue des Egyptiens; mais ce Peuple fage, non plus que les Grecs, n'a point fait, généralement parlant, le contre-fens d'y marquer des

prunelles. Il eft fréquent fur les ouvrages Romains, & plufieurs Modernes ont adopté ce procédé qui, je l'avoue, me paroîtra toujours ridicule.

Enfin, des reftes de Dorures que l'on voit clairement avoir été mifes fur des bronzes par le moyen du feu, ou fur des bois de différente espèce avec le fecours des mordans, , prouvent que les Egyptiens n'ignoroient aucune pratique de la magnificence la plus recherchée & pouffée même jufqu'aux derniers détails.

PLANCHE I.

N°. I. & II.

LA groffiéreté du travail & la fimplicité du trait, qui ne refpirent que l'ignorance, le bois de fycomore dont l'ouvrage eft fabriqué, & l'afphalte dont un enduit trèsépais couvre entiérement la figure, m'engagent à la regarder comme très-ancienne, à l'égard de l'Egypte. On ne peut calculer les monumens de cette efpèce, que par des à peu-près auffi vagues que généraux: voici le calcul que la réflexion me préfente.

Ces ouvrages font de beaucoup plus anciens que ceux 'de Perfépolis, par la raison qu'ils font beaucoup moins formés & je regarde ceux de cette Capitale de la Perfe, comme je l'ai fait voir dans un Mémoire particulier (a) des Infcriptions & Belles-Lettres, comme une imitation des Arts de l'Egypte. Ces monumens Egyptiens ont précédé le règne de Cyrus; ainfi le calcul ni des années, ni même des fiècles, ne peut nous approcher de leur origine. Les deux afpects de celuici ferviront à prouver au Lecteur, par leur forme & leur peu de détail, que les règles déterminées & généralement affez fuivies dans l'Egypte, n'étoient point encore fixées & arrêtées quand on a travaillé ce bois mais la grande antiquité étant fon unique mérite, il (4) Il n'eft point encore imprimé dans les Mémoires de l'Académie..

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& IV.

fuffit de dire que la figure eft haute de cinq pouces fept lignes.

No. III. & IV.

LA difpofition des monumens de ce genre, plus encore que leur matière de bois de fycomore, m'engagera toujours à les mettre dans le rang des plus anciens de Planche I. N°. II. l'Egypte. J'en ai rapporté deux dans le III. Volume, à peu-près dans le même goût & d'une proportion peu différente. Cependant je les crois d'une plus grande antiquité que celle de ce numéro, par la raison de la couleur bleue en détrempe, dont cette figure eft encore aujour d'hui généralement couverte, à la referve d'une bande blanche, qui règne dans toute la partie de derrière & du vifage, fur lesquelles on voit des reftes de fon ancienne dorure. Or il eft conftant que les opérations de l'Art ont exigé plus de recherches que le fimple afphalte ou bitume dont les autres font couvertes la couleur la plus générale eft d'un affez vilain bleu, elle eft affez bien confervée, & l'on voit qu'elle a toujours été fale; le vifage, comme je l'ai dit, la bande du dos, & la partie correfpondante du piédestal (car tout eft du même morceau) font enduites de chaux lavée & tamifée. Cette préparation de la plus grande blancheur, fait voir que les Egyptiens fe fervoient, pour dorer fur le bois, des mêmes moyens que nous employons.

Les réflexions que l'on peut faire fur ce monument ne peuvent raisonnablement avoir une plus grande éten due.

Hauteur totale huit pouces cinq lignes: quarré du plan, deux pouces fept lignes.

N. V.

LES mêmes raifons de couleur en détrempe, placée, fur une figure de bois de cédre, m'engagent à rappor ter la figure de ce numéro; elle joint à la fingularité

des

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