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1481: Premieres:

leges accordez

Louis XI.

fenfibilité dont il la gratifia peu de temps après par fes Let tres Patentes du mois de Septembre 1481. & dont l'enreLettres de Privi- giftrement fut fait dans la Chambre des Comptes de Paris aux Suifles par au mois d'Octobre de la même année: elles renferment tout le fondement des Privileges, dont les Militaires Suiffes font en droit de jouir en France; & on peut dire, que quoiqu'il y ait eu fur ce fujet une extention dans les Actes & Traitez fubfequens, ceux de cette Nation, qui font au fervice du Roy, croiroient n'avoir rien à défirer, fi ceux qui font prépofez pour exécuter les intentions du Prince, vouloient fuivre à leur égard le contenu de ces Lettres Patentes.

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Elles contiennent en fubftance: Que tous ceux de cette Nation, qui étoient alors, ou feroient à l'avenir au fervice de Sa Majesté, à fes gages & folde, & qui étoient mariez ou habituez, fe mariroient ou habiteroient ci-après dans le Royaume, pourront y acquerir tous les biens meubles & immeubles, les poffeder & en difpofer par Teftamens, ainfi que bon leur femblera, & que leurs femmes, enfans ou hé– ritiers pourront les recueillir & leur fucceder comme s'ils étoient natifs du Royaume, à l'effet de quoi le Roy les déclare autorisez & habituez, fans qu'eux, leurs femmes, enfans ou héritiers puiffent être tenus de payer pour raison de ce aucune finance ni indemnité, dont il leur fait dès-lors don,à quelque fomme qu'elle puiffe monter: & afin que les gens de guerre de ladite Nation, qui demeuroient alors & viendroient dans la fuite demeurer dans le Royaume, & qui feroient à ses gages & folde, puiffent mieux vivre & s'entretenir honnêtement fans être inquiétez, & que les autres ayent meilleur courage de s'y habituer en plus grard nombre, eux & leurs femmes veuves, durant leur viduité, feront leur vie durant exempts de toutes tailles, impôts, Aydes & fubvention quelconques mifes ou à mettre dans le Royaune, foit

pour l'entretenement des gens de guerre ou autrement pour quelque cause ou prétexte que ce foit, & qu'ils foient auffi exempts du guet & garde des Portes, en quelque lieu du Royaume qu'ils demeurent.

REGNE DE CHARLES VIII.

1484: Traité d'Al

les VIII. avec

Un des premiers foins de Charles VIII. à son avenement à la Couronne, fut de renouveller avec les huit Cantons de Zurich, Bern, Lucerne, Ury, Schwitz, Soleur, Undervald & Fribourg, l'Alliance dont fon pere Louis XI. avoit tiré de fi grands avantages. Ce Traité qui fut menagé par le Chancelier de Bourgogne Philippe Bodet, & Jean Dandilot, Gouverneur de cette Province nouvellement conquife, que le Roy avoit envoyé pour Ambaffadeur vers les Cantons, outre la confirmation des engagemens faits sous le Regne précedent, renferme ces deux Articles nouveaux, fçavoir, Que le Roy ne pourra retenir aucun des Soldats des Cantons, fans leur confentement: &queliance de Chard'abord que les Cantons auront guerre contre qnelqu'un de leurs huit Cantons. ennemis, le Roy fera obligé de la lui déclarer, de l'attaquer, & de le poursuivre comme fon ennemi propre, fans fraude ni dol. Cette Alliance concluë à Lucerne dans l'Assemblée générale du Confèil le 4. Août 1484. fe trouve fignée de la part des Cantons par Jean Waltman, Chevalier Bourguemaistre de Zurich; par Guillaume de Diesbach, Chevalier, & Pierre de Waberen, Avoyez de Bern; par Gafpard de Hertenstein, Avoyé; & Werner de Meggen, Nicolas de Meran, Jean Ruff, Ulric Reiff, & Conrad de Meggen, Confeillers de Luzerne. Au nom du Canton d'Ury par Valter-Inder-Gassen, Capitaine General du Païs, & Chriftophe Umacker; pour celui de Schwitz, par Rudolphe Reding, Capitaine General; pour Under

wald, par Rodolphe Wirtz, Treforier, & Marquart Zelger; pourFribourg, par Pierre de Fufigny, Chevalier, ancien Avoyé ; & au nom du Canton de Soleur, par Jean de Stahl, Secretaire de l'Etat.

On ne fçauroit dire quelles reffources ce jeune Roy trouva dans cette Alliance, pour se frayer un chemin à la gloire: après qu'il eut calmé les troubles qui agitoient la France, réduit la Bretagne par la défaite du Duc François à la journée de faint Aubin, & voyant dès l'entrée de fon Regne les frontieres du Royaume affûrées tant du côté de la Bourgogne que des Païs-Bas, que la perte de Charles le Hardy lui avoit entiérement foûmis, il fongea à porter plus loin fes armes victorieufes. La prétention qu'il avoit fur les Royaumes de Naples & de Sicile, du chef de René Duc d'Anjou, lui parut un objet affez flatteur pour former le deffein d'en faire la conquête fur: Ferdinand d'Arragon. Louis Sforce Duc de Milan, qu'un interêt personnel faifoit agir, n'avoit rien oublié de fon côté pour engager ce Prince à former cette entreprife; les promesses de le seconder, tant par lui-même que par fes amis, ne furent point menagées; mais le fecours des Suiffes, dont le tranfport en Italie dévenoit aisé, étant affûré du Milanez, le détermina plus que tout le refte à entreprendre cette expedition, qui, quoi que brillante dans fes commencemens, ne fut point heureufe par la fuite.

Charles VIII. ne fe trompa point dans fes efperances du côté des Cantons; le bruit de cette nouvelle guerre n'y fut pas plûtôt répandu, qu'on leva des Troupes nombreufes dans les differentes contrées de cette République, Les Troupes qui s'étant rangées fous leurs Drapeaux, pafferent les en Italie au fer- Monts au nombre de plus de vingt-cinq mille hommes, VIII. pour affifter le Roi allié, fous la conduite du Bailli de

Suilles paffent

vice de Charles

Dijon,

Dijon, qui leur fervit de Général pendant tout le cours de cette guerre. Tout plia au paffage des François & de leurs Troupes auxiliaires accoûtumées à vaincre. Le Roy hâta lui-même fa marche, & afin de ne rien laiffer derriere lui, qui pût lui donner de l'inquiétude, après avoir cedé à Ferdinand Roi d'Espagne le Rouffillon & le païs de Perpignan, pour lefquels ces deux Princes étoient actuellement en guerre, il traversa en diligence les Alpes pour joindre fes armées, qui n'attendoient que fa préfence pour aller plus avart. Elles étoient déja parvenues à l'entrée de la Tofcane fans trouver aucun obftacle; & le Rois'étant mis à leur tête, il arriva bientôt à Rome. Ce fut de cette Capitale qu'il voulut jetter de la terreur jufqu'aux extrémitez de l'Italie, où il étoit à la veille de fe rendre. Le Pape Alexandre VI. ne fut pas fans allarme lui-même ? quoiqu'il ne reçût de la part de Charles que des marques d'amitié: il crut ne pouvoir trop faire pour cultiver la bienveillance d'un hôte, qui portoit fi loin fon ambition; pour cet effet il lui donna le titre d'Empereur de Conftantinople, & n'oublia rien de tout ce qui put flatter & se rendre favorable un Roy, qui à la fleur de fon âge ne refpiroit que la gloire des

armes.

Ferdinand Roy de Naples étoit mort fur ces entrefaites, & Alphonfe fon fils avoit fuccedé dans fon ufurpation: mais cette mort au lieu d'apporter du changement dans le projet de Charles VIII. ne fit qu'avancer la conquête. Alphonfe effrayé des approches d'une puissante armée, abandonna le gouvernement de l'Etat à Ferdinand fon fils, & passa la mer pour se rendre en fûreté dans le fond de la Sicile. Peu de temps après les Troupes, fous la conduite du Roy, n'eurent pas plutôt abordé les confins de la Calabre, que le fils jugea auffi à propos d'abandon

B

ner la partie; en forte que ce Prince, fans être obligé de combattre, entra dans Ñaples, à la tête de sa Noblesse, & fe vit maître de tout le Royaume.

Charles qui ne s'étoit propofé dans cette expedition, que de faire revenir à fa Couronne par cette conquête un ancien patrimoine, après avoir fait prêter le ferment de fidelité aux Peuples, fous le titre de Roi des deux Siciles, & établi des Garnifons & des Gouverneurs dans les Places fortes, étoit occupé à donner les ordres pour fon retour en France, lorsqu'il apprit avec étonnement la ligue formée contre lui de la part de plusieurs Etats de l'Italie, dont l'Empereur Maximilien & Ferdinand Roy d'Efpagne s'étoient déclarez les Chefs; outre les Veni tiens, Louis Sforce, qui depuis étoit devenu possesseur paifible du Milanez, par la mort de Jean Galgace, qui avoit fait changer fes vûës d'interêts, & le Pape lui-même fous-mains, qui peu auparavant paroiffoit ne pouvoir rien ajoûter aux désirs empreffez de feconder le bon droit de ce Prince, voulurent avoir part à fa destruction. Le nouveau Duc de Milan, auquel s'étoient jointes des Troupes, Venitiennes, & qui pouvoit former une armée de plus de trente mille hommes, s'étoit chargé de se poster dans les contrées du Duché de Parme par où le Roy devoit paffer pour regagner les Alpes, & ne fe propofoit rien moins que l'enfermer dans le coeur de l'Italie où fes Troupes fe feroient confumées, ou au cas qu'il voulût forcer les poftes, de lui livrer un combat dans lequel il se flattoit d'avoir tout l'avantage, par la fuperiorité des Troupes Italiennes. Ce dernier parti fut le feul que le Roy put prendre dans cette fituation, mais il ne tourna point au gré de l'ennemi. Arrivé dans les plaines de Fornou, Charles apperçut bientôt les hauteurs, dont ce Prince perfide s'étoit

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