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delot, de Hautefort & de Fleury; de la part de celui de Zurich, Jean Keller & Jean Aefcher; de Glaris, Fridli Schuler; de Bâle, Bonaventure de Brunn & Remi Faesch; de Fribourg, François Rudella; de Soleur, Urs Schwaller; de Schaffoufe, Conrad Meyer; & d'Appenzell, Jean Bodmer toute l'animofité tomba au premier abord de cette négociation; les Deputez de Zurich & de Fribourg furent chargez de fe rendre dans les deux camps pour y publier l'accord des Médiateurs, & Bern fe livra pour le reste des conteftations à l'arbitrage des deux Avoyez de Fribourg Jean Heyd & François d'Affry, de même que d'Urs Schwaller un des Chefs de Soleur.

Telle étoit la difpofition des Cantons se trouvant tous réunis dans l'Alliance, à l'exception de celui de Zurich, & leurs nouveaux secours envoyez en France se prêterent dans toutes les occafions qui s'offrirent,jufqu'au Traité que le Roi conclut à Nemours avec les Guifes. Outre les vieilles bandes qui étoient restées en France & pour lefquelles dès l'année 1571. on avoit déja établi un Colonel general dans la perfonne du Comte de Meru, on y avoit vû arriver quatre corps de Troupes diftinguez fous la conduite des Capitaines de Hertenftein de Lucerne, de Galati de Glaris, de Greder de Soleur; & de Fuchslin de Bremgarten: ces Chefs fe regardoient comme à la tête d'autant de Legions toûjours prêtes à se joindre à telle armée que le Roi jugeroit à propos, foit que l'on voulût les faire fervir féparément ou les laiffer ensemble, auquel cas la primauté du rang fe regloit fur celle que le Canton de chacun d'entr'eux tenoit dans la République, ce qui fervit depuis de modele dans les Troupes de la Nation, après qu'on en eut formé des Regimens à l'instar de ceux de France.

Le Roi de Navarre, qui dans plus d'une occafion avoit été témoin de la valeur de ces Troupes, eût fouhaité d'en avoir auffi dans l'armée que plufieurs Grands du Royaume l'aiderent à lever pour diffiper la Ligue, qu'il regarda avec raifon comme le feul obftacle à la tranquillité publique ; on lui avoit oui dire quelques années auparavant à Henry III. qu'il fe faifoit fort de penetrer jusques dans le cœur de l'Espagne pour fapper la Ligue par fes fondemens, fi en fe dégageant de toute idée de défiance on vouloit qu'il fe mît à la tête d'une Armée qui fût compofée de Suiffes, de Cavalerie Allemande, & de François de l'une & de l'autre Religion: mais l'efprit de cabale qui travailloit fous des apparences capables d'imposer aux peuples, n'avoit point encore permis que l'on ouvrît les yeux fur les veritables interêts de l'Etat, tout fe rebrouilla de nouveau, les démarches que le Roi de Navarre fit auprès de quelques Cantons pour avoir du secours contre les Guifes, devinrent cette fois-là inutiles, parce qu'on y reçut en même tems une lettre du Roj dattée du douze Novembre 1586. par laquelle ce Prince marquoit à fes nouveaux Alliez, qu'ayant tout fujet de fe défier du Navarrois, la demande qui leur venoit de fa part, leur de voit être également suspecte.

Les chofes refterent dans cet état jufqu'à l'année fuivante, où se donna la bataille de Coutras,qui fut peu favorable à l'Armée Catholique commandée par le Duc de Joyeuse: celle de la Ligue eut fa revanche peu de tems après,lorfque les Troupes du Roi de Navarre furent battuës au Bourg d'Auneau près de Chartres. Tout fe trouva alors dans la confufion fans qu'il fût aifé de diftinguer celui des deux Partis qui combattît veritablement pour les interêts du Roi. On fit de nouveaux efforts dans les Can

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tons Catholiques pour mettre fur pied un corps de quatre mille hommes, qui marcha au service du Roi fur les inftances de Balthafar de Griffach. Ce fecours extraordinairement, levé réveilla les ombrages de Religion dans les trois Cantons Proteftans de Zurich, de Bern & de Bâle; les follicitations du Roy de Navarre faites par De Clairvant y trouverent plus d'accès, le droit prochain de fucceder à la Couronne que la Ligue prétendoit difputer å ce Prince joint à une valeur finguliere & à toutes ses autres qualitez perfonnelles, avoit à peine donné le tems de déliberer dans ces trois Etats fur fa demande; chacun d'eux lui accorda un Regiment complet dont le commandement fut donné à des Officiers d'experience.

On vit à la tête de celui de Zurich, Marc Refcher, Melchior Scweitzer, Felix Schüctzer & Henry Asper. Bern confia le fien à la conduite de Bernard Tilleman & d'Ulric de Bonftetten, deux Colonels d'un mérite distingué, & leur donna pour Capitaines Sebastien & Jacques de Diesbach, Jean-Rudolph Tillier, les deux de Müllenen, Conrad Rubeli, Michel Bældi & Jean-Jacques Tub de Murten. Celui de Bâle étoit commandé par Emanuel Rychener, & fous lui on compta, entr'autres Officiers de marque Jacques Noetiger & Conrad Martin d'Arberg. Le fort malheureux qu'eurent ces Troupes ne fit que trop voir à ces trois Cantons, que quoiqu'elles fuffent destinées au fond pour la bonne caufe, & dont tout bon François devoit leur fçavoir bon gré, deux d'entr'eux s'étoient éloignez de l'efprit de leurs engagemens, en se déterminant ainsi par des motifs, qui quelques legitimes qu'ils fuffent, ne pouvoient jamais être adoptez fans bleffer l'Alliance.

Ces trois Regimens pour fe rendre en France, avoient pris leur route par l'Alface & la Lorraine, ne pouvant paf

fer par la Franche-Comté, alors infectée de la peste ; les Chefs avant que d'entrer dans la Champagne,crurent devoir écrire à Henry III. pour l'affurer que ce fecours, bien loin d'être venu pour l'offenfer, fe préparoit uniquement à combattre ceux qui troubloient le repos de fes Etats, & qu'il devoit lui-même regarder pour fes ennemis: l'attente d'une réponse qui ne vint point, l'incertitude de la route qu'il falloit tenir pour joindre l'armée du Roi de Navarre fans danger, toutes les Provinces étant prefque occupées par les Troupes de la Ligue, prolongerent leur fejour dans la Lorraine, qui leur devint bientôt fatal: la jonction d'autres Troupes venues d'Allemagne fous les ordres de Dohna ayant renchéri les vivres dans le Païs, les maladies fe mirent dans le camp & enleverent une partie des Soldats; les Officiers n'en furent point exempts à leur tour, & on y vit périr en très peu de tems les deux Rudolph & Nicolas de Müllenen, le Colonel Tillman,, Gabriel & Sebastian de Diesbach, Paul de Lutternaw, Jean-Rudolph Stürler & Jonas Wunderlich, tous perfonnages à regretter dans leur Patrie.

La confternation devint fi grande, que l'on fut fur le point de retourner fur fes pas, fi ceux qui étoient venus les joindre de la part du Roi de Navarre ne leur euffent fervis de guides pour penetrer jufques vers la Loire,où étoit le fort de la guerre de nouveaux embarras causez par la Cavalerie Allemande,ne leur permirent point d'arriverà l'Armée, à laquelle ils étoient deftinez: on profita de ces contre-tems, & comme le Regiment de Bern faifoit la principale partie de ce fecours, étant compofé de vingt & un Drapeaux, on n'oublia rien pour le détacher des autres par les offres d'une capitulation avantageuse, que l'on eut foin d'executer fur le champ : le refte de ces Trou

pes fe débanda,& il en revint un très petit nombre dans le Païs, dont la plupart furent accablez de maladies. Le Canton de Zurich eut fans doute quelque fujet de blâmer la conduite des fiens dans cette expedition, quoique les motifs de fa feverité ne vinssent point alors à la connoiffance du public; les trois Capitaines Schweitzer Schuchtzer & Afper furent mis dans les fers à leur retour, & par un jugement du Senat,porterent peu de jours après leur tête fur l'échaffaut; l'absence garantit les autres du fupplice.

Les agitations où fe trouvoit le Royaume,continuoient toûjours, & se firent bien-tôt fentir dans la Capitale plus qu'ailleurs,par la Journée des Barricades, où la résistance des Troupes Suiffes, que l'on avoit mêlées avec les Gardes du Roi dans les differens quartiers de la Ville, devint inutile contre le torrent des Ligueurs, qui s'étant démafquez cette fois-là ne laifferent plus lieu de douter que leur veritable deffein ne fût d'attaquer l'autorité même, fous l'apparence de maintenir la Religion : cette levée de bouclier n'ayant plus permis au Roi de refter dans Paris, il se retira précipitamment à Chartres, où les Troupes de la Nation feconderent celles de fa Maison pour veiller à la fûreté de fa perfonne,avec le même zele qu'on avoit trouvé dans la retraite de Charles IX. Des quatre Corps, dont nous avons parlé ci-deffus, & qui dès ce tems-là avoient pris forme de Regimens, celui de Glaris commandé par Galaty fe trouva le plus employé dans ces dangereuses occafions, & les Mémoires differens de ce tems-là ne varient point fur la valeur & l'activité que le Chef fit voir dans les divers mouvemens qui y arriverent, & où fa prefence étoit neceffaire.

Si Henry III. après les preuves d'un deffein qui ne put

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