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La Paix perpe

tuelle entre le

tons en 1516.

la Paix perpetuelle, & quifert de base & de fondement à toutes les Alliances qui ont été faites depuis : il porte en fubftance.

Que ceux d'entre les Ligues Suiffes; qui auroient des prétenRoi & les Can- tions contre le Roi, les feroient décider pardevant les Arbitres nommez de part & d'autre. Qu'en confideration des treize Cantons & leurs Alliez, le Roi pardonnoit à tous fes Sujets & dépendans du Duché de Milan, qui pourroient avoir fuivi le parti de Maximilian Sforce. Qu'il confirmoit aux Marchands & Sujets des Ligues, tous les privileges & franchises particu lieres, que les Rois fes Prédeceffeurs pourroient leur avoir accordées. Qu'il feroit payer, dans les termes convenus, les quatre cens mille écus pour les dédommager des frais faits au fiege de Dijon, & trois cent mille pour le dédommagement de la guerre d'Italie. Outre cela, une penfion de deux mille livres à chaque Canton, autant pour le Païs de Valais, & deux mille livres par an, à diftribuer par les Cantons à leurs Coalliez. Que les Châteaux de Lugano, de Lucarno & le Meyenthal avec leurs dépendances, feroient reftituez aufdites Ligues, fi mieux n'aiment prendre trois cent mille écus, auquel cas la Ville & le Château de Bellinzone feulement, avec fes appartenances, demeureroit aux trois Cantons d'Ury, de Schwitz & d'Underwald. Que nulle des deux Parties ne fouffrira les ennemis de l'autre en fes Terres, Païs & Seigneuries,& ne leur donnera aucun paffage. Que le Roine fouffrira pas qu'aucun de fes Sujets porte les armes contre les Ligues, leurs Confederez, Sujets, Terres, Païs & Seigneuries: & que pareillement lefdites Ligues ne devront en nulle maniere, ni leurs Sujets, confentir ni fouffrir d'aller au fervice des Princes & Seigneurs qui voudroient endommager le Roi en fon Royaume de France, en fon Duché de Milan, Seigneurie de Gênes, Comté d'Aft, ou en d'autres fes Terres & Pays de-çà ou de-là les Monts. Le Roi

Je réservant de fon côté le Pape Leon X. le S. Empire, les Rois d'Espagne, d'Angleterre, d'Ecoffe, de Navarre & de Dannemarc, les Ducs de Savoye, de Lorraine & de Gueldre, l'Etat de Venife, la Maifon de Medicis, le Duché de Florence & l'Evêque de Lubec. Et les Cantons réciproquement, le Pape Leon, le S. Siege, l'Empereur, le S. Empire & la Maifon d'Autriche, les Ducs de Savoye & de Wirtemberg, Laurent de Medicis & fa Maison, la Ville l'Etat de Florence, de Vergie Grand Maréchal de Bourgogne, & leurs autres Alliez.

Le refte des articles contient des réglemens de précaution au sujet des differends qui pourroient survenir, & fur lefquels les Parties s'obligent de prononcer, fans compromettre les Jurifdictions réciproques: ils rappellent dans un détail encore plus étendu, ce qui avoit été ftipulé dans l'Alliance de Louis XII.en 1503. par rapport à l'affemblée des quatre Arbitres, prefcrite pour terminer les conteftations qui pourroient s'élever, & fur lesquelles feroit obligé de porter jugement.

La République, pour donner plus de poids à ce Traité, voulut qu'il fût fcellé en prefence du Roi, par deux Deputez choisis dans les Cantons, ce furent Pierre Falck de Fribourg & Schwartzmurer Landamm de Zug,tous deux connus par des qualitez fuperieures, qui fe rendirent à la Cour de François I. pour s'acquitter de cette cérémonie: ils ne purent affez se louer à leur retour, des marques de bonté & de générosité dont ils avoient été comblez par ce Prince, la Reine Mere, le Dauphin & le Duc d'Alençon ; ils en reçurent des presens confiderables, mais ils n'eurent pas la satisfaction, l'un & l'autre, d'en joüir longtems; le premier étant mort l'année d'enfuite dans fon voyage de Jerufalem, & enterré dans l'Ile de Rhodes & l'autre à Bern dans la même année, non fans foupçon d'avoir été empoisonné.

Les mouvemens qui s'éleverent l'année d'enfuite en Italie, au fujet du Duché d'Urbin, dont Leon X. chercha à dépouiller le Duc François-Marie, neveu du dernier Pape, furent regardez par les Cantons comme des objets fi étrangers, depuis leur paix rétablie avec la France, que quelques instances que pût faire la Cour de Rome auprès d'eux pour les engager à y prendre part, ils ne voulurent jamais entrer en aucune négociation : tous les foins que fe donnerent pour cet effet Jean de Diesbach & Gafpar de Sylinen de Lucerne, pour lors Capitaine Commandant de la Garde du Pape, devinrent inutiles; il fut même ordonné que le premier tiendroit les Arrêts pendant tout le tems que dureroit la guerre d'Urbin, pour le mettre hors d'état de faire des levées, & que tous les paffages d'Italie fussent gardez, pour empêcher qu'aucune Troupe ne pût Attention des traverser les Alpes. A l'égard de Sylinen, comme fon caCantons pour racterene permettoit point que l'on fe faisît de fa personFaix perpetuel- ne, fans offenfer Leon X. il trouva affez de facilité mettre fur pied dequoi composer fept Drapeaux, & de les faire paffer par des routes fecrettes jufqu'à Rimini 7 mais il ne profita pas long-tems des fruits de fes travaux. Les Troupes d'Espagne, qui s'étoit déclarée pour le Duc d'Urbin, le furprirent dans ce pofte, taillerent en pieces une partie de fon monde, & le laifferent lui-même mort fur la place; Ce fut Marc Royften de Zurich que le Papei nomma pour lui fucceder dans fon commandement.

maintenir

le.

pour

L'idée que les Cantons eurent de leur pacification avec François I. leur devint fi précieuse, qu'ils profiterent avec empreffement de l'occafion qui fe préfenta d'obliger le Duc de Savoye, qui y avoit fervi de Médiateur. Ce fut en 1517, lorfque ce Prince fe trouva à la veille de rompre avec le Roy fon neveu au fujet de Chambery,

où il voulut faire l'établiffement d'un Evêché: la France trouvant que ce projet ne pouvoit être executé fans porter préjudice aux Dioceses de Lyon & de Grenoble, s'y oppofa fortement; & l'affaire étoit déja portée à quelque extrémité, lorfque le Duc, pour éviter les fuites fâcheufes d'une rupture prefque certaine, eut recours à l'entremise des Cantons.

La Diete envoya une Députation folemnelle à François I. qu'elle trouva dans le Château d'Argenton; le fouvenir récent du retour fincere de cette Nation, fit écouter favorablement tout ce qu'elle représenta au Roy pour l'engager à ne point avoir de reffentiment contre un voifin, avec qui la République avoit un interêt particulier de maintenir la confiance. La bonté naturelle de ce Prince, jointe au motif d'obliger un Etat reconcilié, fit rendre fon amitié au Duc de Savoye, qui fe défifta de fa prétention, & qui pour reconnoître un office d'amis auffi fignalé, se rendit dès le mois de Novembre de la même année en perfonne dans la Ville de Bern, pour en exprimer à la Diete fes fentimens de reconnoiffance, & lui demander la continuation des effets d'un auffi bon voifinage.

le

Le Trône de l'Empire étant venu à vaquer fur ces entrefaites par la mort de Maximilian, & l'élection de Charles Roy d'Espagne ayant fait évanouir toutes les efperances, que François I. avoit conçu de parvenir à la dignité Imperiale. Il fongea à empêcher du moins, que nouvel Empereur, à la faveur de l'union héréditaire, qui étoit entre la Maison d'Autriche & les Cantons, n'entrât dans de plus forts engagemens avec la République, qui lui feroient d'autant plus funeftes, que la Renommée lui avoit appris, que Charles, quoiqu'à la fleur de fon âge,

M

marquoit déja avoir toutes les difpofitions aux deffeins ambitieux, qui lui donnerent tant d'occupations dans la fuite. Le Roy ne pouvoit travailler avec fuccès à ce projet, que les Cantons n'euffent remedié auparavant à des embarras furvenus dans les affaires de leur gouverne→

ment.

Il s'étoit formé depuis quelque tems une nouvelle Li→ gue dans la Suabe, dont Louis de Baviere de Landshut fut déclaré Chef, pour réduire le Duc Ulric de Wirtemberg, profcrit par le feu Empereur. Les intrigues de plufieurs Officiers de la Nation, lassez d'une vie oifive, dans laquelle ils étoient rentrez depuis les guerres d'Italie, fournirent au Prince opprimé un secours de seize mille hommes, dont la marche hors du païs, dérobée à la vigilance des Cantons, fe fit fous la conduite d'Erhart de Reifchach, Thomas de Wellenberg, Conrad de Rum→ lang, Rheinhard & Georges Goldlin, Gottfrid de Landenberg, Georges de Marbach, Gafpard de Mullenen, & de quelques autres Capitaines de Zurich & de Bern. Les forces de la Ligue ayant prévalu malgré ce renfort, & les Troupes de la Nation étant revenues au païs, ceux qui les avoient conduites contre le gré & à l'infçu de la Ré publique, reffentirent tous les effets de fa féverité: plufieurs d'entre eux furent dépofez de leurs Charges dans les Confeils, l'on en bannit quelques-uns avec la confifcation de leurs biens; & Erhart de Reifchach regardé comme l'auteur principal d'un mouvement fi contraire aux maximes de l'Etat, fut condamné à avoir la tête tranchée.

Leon X. à qui la guerre préparée contre les Turcs, fervoit d'un motif apparent pour former de nouveaux deffeins, avoit demandé fur la fin de 1519. une affemblée

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