Imágenes de páginas
PDF
EPUB

de Députez des Cantons dans la Ville de Coire, où le
Légat Antoine Pucci n'oublia rien pour engager la Ré-
publique à fournir des fecours proportionnez au danger,
dont il affûroit que la Chrétienté étoit menacée. La
Diete génerale tenue à Lucerne le 8. Fevrier d'enfuite,
où le rapport en fut fait, s'étant contenté, en fe ren-
fermant dans des termes peu décififs, de faire des pro-
testations d'un fincere attachement pour tout ce qui pou-
voit concerner les interêts de l'Eglife, la démarche du
Pape fut redoublée dans le cours de la même année, quoi-
que
fous un motif different. Pucci expofa les progrès
que la nouvelle Doctrine de Luther avoit déja faits dans
plufieurs contrées de l'Allemagne, où l'on ne pouvoit fe
difpenfer de reprimer ceux qui étoient devenus rebelles
au faint Siege, avec affûrance, que les forces demandées
en pareil cas, ne regardoient ni l'Empereur, ni le Roy, ni
aucune Puiffance en particulier, qui pût intereffer le gou-
vernement des Cantons. On confentit de tenir prêt un fe-
cours de fix milles hommes, dont la deftination fe feroit
de la maniere & dans les bornes qui conviendroient à
leurs engagemens.

D'un autre côté, Charles depuis fon élection à l'Empire, avoit écrit dès le commencement de 1520. deux Lettres confécutives aux Cantons, l'une dattée de faint Jacques en Galice, & l'autre de Fleffingue dans la Zéelande, peu de tems avant que d'aller recevoir la Couronne Imperiale, par lefquelles il les invitoit avec les termes les plus flatteurs de renouveller la conféderation héreditaire, d'empêcher qu'aucun Prince frappé par la profcription de l'Empire, ne trouvât de l'appui dans leurs Etats, & de concourir avec lui à foûtenir l'honneur de la Nation Allemande, dont ils faifoient partie, &

[blocks in formation]
[ocr errors]

qui devoit les porter à préferer fon Alliance à celle de François I.

L'Affemblée des Députez, que l'on convoqua pourexaminer le contenu de ces deux Ecrits, fe trouva partagée fur la maniere dont on y répondroit: ceux de Zurich, de Bâle & d'Underwald furent d'avis que l'on envoyât fur le champ au nouvel Empereur l'Ambaffade, que le Cardinal de Sion & le Prince de Tranffilvanie étoient venus demander en fon nom, pour se concilier d'avance l'amitié d'un Monarque, qui par l'étenduë de fes Royaumes alloit être plus puiffant qu'aucun de ses Prédecesseurs, qui étoient montez fur le Trône Imperial.

Cependant le nombre des voix l'emporta de beaucoup, & il fut réfolu que l'on fe contenteroit de répondre par écrit, qu'il n'y avoit encore rien de conclu au fujet de l'Alliance que François I. propofoit aux Cantons, & que quand il en feroit question, on pouvoit s'affûrer, qu'il ne s'y regleroit rien, qui pût être contraire à l'Empire, à l'union héreditaire, & à leurs propres libertez: & qu'à l'égard du Duc de Wirtemberg, dont les Lettres de l'Empereur entendoient fans doute parler, on devoit être perfuadé que les maximes du Gouvernement ne permettroient pas aux Cantons de fortir des bornes de la prudence, & de s'attirer des affaires, qui ne les regardoient point, en époufant la querelle d'un Prince profcrit, dont la difgrace leur étoit indifferente.

Cette réponse, qui devoit faire connoître à Charles V. dès l'entrée de fon Regne, de quelle maniere les Cantons prétendoient fe conduire avec lui, & le refus qu'ils firent enfuite de faire une députation à la premiere Diete Imperiale, qu'il convoqua à Worms, & pour laquelle il les avoit fait avertir en vain, le fit réfoudre de fon côté à

leur envoyer une Ambassade diftinguée dès l'entrée de l'année 1521. elle étoit compofée de Hugo de Landenberg, Evêque de Conftance, de Henry Duc de Mecklebourg, de Maximilien de Berg, de Wolff de Hombourg, de Jacques de Sturzel : ils demanderent à être admis à la Diete le feptiéme jour d'Avril, où ils representerent, que l'Empereur voulant apportet toutes fes attentions à rétablir la paix dans l'Empire, & à garantir les Etats de la Chrétienté, il ne pouvoit croire que les Cantons, fi recommandables par leur prudence, voulusfent entrer dans des liaifons étroites avec des Princes, dont l'ambition cherchoit à troubler l'Europe; qu'il vouloit au contraire fe perfuader qu'un Gouvernement auffi fage que le leur, se donneroit bien de garde de s'allier au préjudice de la Nation Allemande, dont ils faifoient une partie fi distinguée; & puisque plufieurs Etats de l'Empire le fecondoient avec leurs forces pour le maintenir dans sa dignité Imperiale, il esperoit que les Cantons, excitez par leur exemple, voudroient bien auffi lui accorder un fecours de dix mille hommes entretenus à fes frais, avec l'affûrance de recevoir de sa part la confirmation de leurs Libertez, le maintien du Traité de Bâle, de l'union héreditaire, & de tous les engagemens réciproques, qui étoient entre

eux.

La fermeté des Cantons ne fe démentit point à la vûë d'un exposé auffi preffant,fait de la part d'un Prince, dont l'ambition fe développoit de jour en jour; après une déliberation de quelques femaines, qui donnerent le temps d'en inftruire le Miniftere de France, on fit réponse, que la République fe propofoit fans doute de remplir les engagemens ftipulez par le Traité de Bâle, & l'Union héréditaire, aufquels elle ne prétendoit jamais donner at

Traité d'Allian

çois I. & les Can

teinte; mais qu'à l'égard des nouvelles Alliances, elle' étoit libre de contracter celles qui conviendroient à fes interêts, & qui feroient à son gré : que dans celles qu'elle avoit faites ci-devant,l'attention ne lui avoit point échappé d'y referver le Siege de Rome, le faint Empire & fes anciens Alliez : Que pour ce qui concernoit le fecours de dix mille hommes qu'on lui demandoit, elle ne trouvoit point qu'il lui fût convenable de l'accorder, après celui qu'elle venoit de faire marcher au fervice de Leon X. depuis lequel temps elle avoit défendu très-féverement à tous fes Sujets de fe livrer à aucune guerre étrangere.

Il falloit que la conduite, pleine de fagefle & de réfolution, que les Cantons firent paroître dans des occurrences auffi délicates, perçât au travers de tous ces embarras, pour faire jour au Traité d'Alliance, que le Roy fouhaitoit depuis quelques années de conclure avec eux. Ainsi tous les Etats de la République étant réunis, à l'exception du feul Canton de Zurich, que la nouveauté des opinions fur les affaires de la Foi infinuée par les Prédications d'Ulric-Zwingle avoit déja rendu infléxible, les Députez s'affemblerent dans la Ville de Lucerne avec de Lameth & des Granges, Ambaffadeurs du Roy, où ils fignerent le 5. May 1521. l'Alliance fuivante, à laquelle le Traité de Paix perpetuelle concluë cinq années auparavant, n'avoit fervi que de difpofition préliminaire.

On y ftipule une défense réciproque, tant pour la perfonne que. ce entre Fran- pour les Terres & Sujets des Parties contractantes, pour tout le sons en 1521. temps de la vie du Roy, & trois ans après fa mort. Que le Roy étant attaqué en fon Royaume, Duché de Milan, Comté d'Aft & Seigneurie de Genes, tant en deçà qu'au de-là des Monts, il pourra faire des levées de Troupes dans les Cantons, dont le nombre ne fera jamais moins de fix mille hommes, &

n'excedera pas celui de feize mille, fans le confentement des Cantons. Que les Capitaines & Officiers feront choifis par le Roy, & agréez par leurs Superieurs. Que ces levées étant faites, rien ne pourra empêcher les Troupes de fortir du Païs, & fuivre leurs Officiers dix jours après que la demande en fera formée. Que lefdits Officiers & Soldats resteront au fervice du Roy tant que la guerre durera. Et au cas que leurs Superieurs fuffent eux-mêmes en guerre, & hors d'état de laisser partir lefdites levées fans danger, alors ils ne feront point obligez de les envoyer au Roy; & fi elles étoient déja en France, il leur fera libre de les rappeller fans fraude ni dol, & le Roy fera obligé de les leur renvoyer fans délai. Que les Troupes des Cantons ne feront point partagées ni renvoyées dans les Garnifons en temps de guerre pour la défenfe des Villes, Châteaux & Fortereffes. Qu'elles ne feront point employées à fervir fur mer,mais toûjours fur terre,pourvû toutefois que le Roy foit attaqué par fes ennemis. Que pour lever toute difficulté au fujet de la paye, chaque Soldat recevra par mois quatre florins & demi, ou la valeur fur le pied des efpeces qui auront cours dans les Païs où ces Troupes fe trouveront, à compter l'année par douze mois. Que cette folde commencera au jour que lesdites Troupes fortiront de chez elles. Que quand même le Roy ne fe ferviroit pas des levées faites pour fon fervice, il fuffira qu'elles foient forties du Païs, & qu'elles ayent été reçûës, pour toucher la folde de trois mois. Que la paye des Capitaines, Lieutenans, Enfeignes, & autres Officiers fera la même qu'elle a été fous les précedens Regnes. Que lorfque les Cantons ou leurs Alliez feront attaquez par quelque guerre, le Roy à leur demande fera obligé de leur fournir deux cens Maîtres, & douze pieces de Canon, avec tout ce qui y eft néceffaire à fes frais & dépens, fi mieux ils n'aiment deux mille écus par quartier, au lieu des deux cens Maîtres; & que pour fubvenir aux frais de leur guerre ; il leur fera toucher dans la

« AnteriorContinuar »