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Sur le Renoncement de faint Pierre, à trois heures.

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E vous adore, mon Sauveur, rece vant une nouvelle injure qui vous eft plus fenfible que toutes les autres; parce qu'elle ne vient pas de la part de vos ennemis, mais de celui qui étoit le plus fervent de vos Difciples; qui yous avoit tant de fois promis de vous fuivre jufqu'à la mort ; c'eft celui làmême qui vous abandonne, & qui protefte de ne vous avoir jamais connu ; & quoique vous difiez dans vôtre Evangile, que celui qui vous renoncera devant ies hommes vons le renoncerez devant votre Pere & les Anges, vous en use tout autrement envers celui-ci; vous étant contenté d'humilier fa préfomption, fans le vouloir renoncer: Vous regardez cette pierre, & vous en faites fortir une abondance d'eau, pour laver fon péché, & la rendre à l'avenir une pierre élûë & précieufe par fon humilité. Vous avez voulu qu'après avoir reprefenté ceux qui Yous manquoient de paroles, il fût auffi

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le modéle des pénitens; leur ouvrant par fon exemple la voie de retourner à Vous Mais cela ne se peut faire fi vous ne nous regardez dans nôtre péché même ; & à moins que vôtre régard ne nous corrige, & ne nous change le cœur, pour le rendre auffi Alexible à vos infpirations, qu'il étoit endurci par fa misére. Régardez-moi donc, s'il vous plaît, mon Sauveur ; non pas comme vous regardez la terre & la faites trembler, mais comme vous regardez les humbles & les miferables que vous retirez de la pouffiére, pour les faires affeoir avec les Princes de vôtre peuple; en les rendant auffi fidéles à confeffer vôtre Nom, qu'ils a‹ voient été foibles à fe maintenir dans vôtre fervice.

X I.

Sur la feconde prefentation de nôtre Seigneur aux fuifs, à quatre heures.

E vous adore, mon Sauveur, étant préfenté une feconde fois aux Juifs, qui font élever de faux-témoins can

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tre vous, pour pouvoir arriver au deffein qu'ils avoient de vous faire mourir; mais ils n'ont pù fonder une feule accufation qui fût véritable, felon que Vous aviez dit, que le Prince du monde n'avoit rien en vous qui lui appartint : Ces malheureux fe fervent encore du faint Nom de Dieu, pour vous, obliger de leur dire,fi vous êtes le CHRIST; l'aïant appris de vôtre bouche, ils pren nent cette vérité qui devoit être le fujet de leur converfion, & de leur pé‹ nitence; pour un blafphême contre Dieu, qui vous rend felon eux digne de mort. Ne permettez pas, s'il vous plaît, mon Sauveur, que je tombe jamais dans un fi grand aveuglement, que je donne à la lumière le nom de té-nébres; mais plutôt que cette même lumiére me faffe confeffer avec le premier de vos Apôtres, que vous avez les paroles de la vie éternelle & que vous méritez par là de vivre & de regner dans nos ames.

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X I I.

Sur les mocqueries que notre Seigneur reçût chez Caiphe, à cinq heures.

E vous adore, mon Sauveur, abandonné entre les mains des ferviteurs qui vous traittent avec toutes fortes d'outrages & de mocqueries; aïant voulu accomplir la prophetie que faint Simeon avoit faite de vous, que vous seriez comme un but auquel plufieurs contrediroient fans qu'il fe trouve perfonne qui vous deffende, Vous laiffez agir les hommes fans mettre aucunes bornes à leur malice; parce que vous vouliez fouffrir avec excès, pour fatisfaire aux crimes exceffifs qu'ils avoient commis contre Dieu. Ne permettezpas, mon Sauveur, que la punition de mes péchez vous porte à me laiffer tomber dans de nouvelles chutes: Je ne demande pas que vous épargniez vos châtimens contre moi, mais feulement que vous me corrigiez en miséricorde; me donnant la volonté de me punir moi-même, & de perfecuter en mon ame les ennemis de votre grace, fans

me laffer de les combattre jufqu'à ce qu'ils viennent à défaillir,& à vous laiffer l'entiere poffeffion de mon cœur,que vous remplirez, s'il vous plaît, d'autant de bénédictions envers vôtre Majesté divine , que vous avez fouffert d'injures & de mépris pour mon fa

lut.

X II I.

Sur la Préfentation de notre Seigneur à Pilate, à fix heures.

E vous adore, mon Sauveur, étant préfenté à Pilate, & chargé devant lui de toutes fortes de calomnies que vous auriez pû détruire par une feule parole; mais vous avez voulu au contraire garder un filence fi prodigieux, que le Juge même en étoit étonné; faites-moi la grace que j'admire avec lui vôtre filence, mais d'une admira tion qui me porte à vous imiter, lorf que je ferai accusé, puifque ce ne fe ra jamais injustement quand même fe feroit pour des crimes que je n'aurois pas commis, parce qu'encore que vôtre miséricorde m'eût préfervé d'y

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