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ciet de la C. de J.

ceux qui les ont lûs avec attention & avec méthode, de les avoir affez préfens pour fe les rappeller au befoin.

Les difficultez que je propofe ici contre M. Newton, ne me feront pas par ticulieres. Je ne doute point qu'elles ne fe foient présentées à l'efprit de plufieurs de ceux qui ont lû fon abregé. Ainfi je n'ai point été furpris de voir que je m'é tois rencontré fur quelques articles avec Le P. Sou- un fcavant homme, dont ont m'a communiqué les remarques. Comme le fond de cette objection n'est à personne, on ne peut revendiquer que la maniere de la propofer ; & j'efpere que le fçavant homme, dont je parle, conviendra que quoique nous allions au même but, nous y allons par des routes differentes, & que je n'ai rien emprunté de fa métho de. Ce n'eft pas que je ne fiffe gloire de l'imiter en toute chofe ; mais chaque esprit a fa façon de proceder, dont il ne doit point s'écarter; & c'eft par la difference de ce procedé, que l'on distin gue ceux qui fe rencontrent de ceux qui fe fuivent à la piste.

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1o. M. Newton paroît appuier beaucoup fur les paffages dans lefquels Plutarque attaque les Chronologiftes. Cependant je ne fcais fi cet ancien Ecrivain merite une grande croyance fur ces ma

tieres. Plutarque, homme de bon fens d'ailleurs, avoit fort peu de critique.Son but étoit de ramaffer les faits qu'il croyoit propres à peindre le caractere de ceux dont il faifoit la vie, & il rapportoit tous ces faits, fans trop s'embaraffer d'y mettre de l'ordre, ni de les lier entre eux, ou avec les évenemens de l'Hiftoire generale, par aucune datte

exacte.

Comme nous trouvons encore aujour d'huy de quoi fuppléer plufieurs de ces dattes dans les écrits de l'antiquité qui nous reftent, nous ne pouvons douter que Plutarque ne les eut pû donner toutes, fi la Chronologie avoit été un des objets de fes recherches. Mais il y a grande apparence qu'il en faifoit peu de cas, parce qu'elle l'auroit gêné, & l'eût fou vent obligé de rejetter des faits, dont il efperoit de tirer parti, pour débiter des moralitez. Nous le voyons par la converfation de Solon & de Cræfus, dont il deffend la verité contre le fentiment des Chronologiftes, par la feule raifon qu'elle eft dans le caractere de Solon, & qu'elle fait honneur au Legislateur. Cette raifon de convenance eft cependant détruite par la peinture même que Plutarque fait du caractere de ce Philofophe. Solon né doux & poli, ayant

confervé le goût de la volupté & des plaifirs les plus licentieux jufques dans fa vieilleffe, de l'aveu de Plutarque,n'auroit jamais repondu avec la dureté philofophique que lui attribue Herodote, que lui faifoit un grand Prince, tel que l'étoit Cræfus. Car après tout, Solon n'étoit qu'un fimple bourgeois d'Athénes, qui s'étoit vû contraint de fe jetter dans le negoce pour fubfifter.

aux avances & aux honneurs

2. M. Newton attaque l'évaluation des generations, fuivie par les anciens qui comptoient trois generations pour cent ans. conviens que cette méthode des generations n'est pas de grand ufage, lorfque l'on a d'autres voyes plus fûres de fixer la Chronologie. Elle eft furtout très douteufe, lorfqu'il s'agit de déterminer de courts efpaces. Mais je crois qu'elle peut être employée pour fixer la durée des grands intervalles, lorfque c'est la feule voye que nous puiffions employer.

M. Newton évalue les generations à 18. ou 20. ans,l'unc portant l'autre. Je ne crois pas cette évaluation fuffifante; & c'est l'Hiftoire des temps connus qui me la feroit rejetter, pour nir à celle des anciens.

m'en te

Dans nôtre Hiftoire de France, par

exemple, de la naiffance de Huges Capet en 940. à celle de Louis XV. en 1710. il y a 24. generations par la branche de Bourbon, fortie de Robert de Clermont, fils de S. Louis; ces 24. generations divifant les 770. ans qui font entre les deux termes de Hugues & de Louis XV. on aura 32 ans de durée

chaque generation.

pour

Dans cet intervale il y a 30regnes, à caufe des trois fils de Philippes le Bel, & des trois fils de Henry II. qui étant morts fans enfans, ont eu pour fucceffeurs des Princes de même âge qu'eux. Sçavoir, les premiers, Philippe de Valois, & les derniers, Henry, Roi de Navarre.

De la naiffance de Hugues Capet en 940. à la mort de Charles le Bel, & à la naiffance de fa fille pofthume en 1328. il y a douze generations, & 388. ans; ce qui donne auffi 32 ans à chaque generation.

De la naiffance de Huguès à la mort de Henry III. dernier de la branche des Valois, arrivée en 1589. la 3 8e. année de fon âge, il y a 649. ans & 20. generations; ce qui donne encore 32. ans par generation.

De la naiffance du Duc d'Orleans frere de Charles VI. & tige de la fe

conde branche des Valois en 1372. julqu'à la mort de Henry III. dernier de cette branche en 1589. il y a 6. generations, & 217. ans, ce qui donne 36. ans par generation.

De la naiffance de Hugues à la mort de Louis XII. en 1515. il y a 673. ans, & 27. generations, ce qui donne 40. ans à chacune.

De la naiffance de Hugues à la mort de Charles VIII. arrivée dans fa 28. année, il y a 558. ans & 18. generations, ce qui donne 31. ans à chaque generation.

Ainfi par les differents calculs nous trouvons que la durée des generations va bien jusqu'à 40. ans, mais ne descend pas au deffous de 30. ans.

Je ne doute point que l'on ne trouve la même chofe, à peu près, dans les Hiltoires des autres pays; il femble même que plus on s'éloigne de notre fiecle, plus il faut augmenter la durée des generations, ce qui doit pourtant s'entendre jufqu'à un certain terme. On étoit moins preffé autrefois de marier les Princes & les grands Seigneurs; les maurs plus fimples & plus groffieres rendoient la puberté moins hâtive: car dans cette matiere le moral influe beaucoup fur le physique, & à cet égard

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