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nicule précédoit le temps de l'inondation du Nil, caufée par les pluies qui tombent en Ethiopie, vers le temps du Solftice d'été, lorfque le Soleil eft perpendiculaire fur les païs voifins du Tropique.

te,

Cette inondation qui fuivoit la recolpréparoit les terres pour les femail

les, & fervoit à commencer une nouvelle année pour le payement, tant des impots que du fermage des terres, parce que la quantité dont les eaux du Nil étoient cruës, regloit la fertilité ou la fterilité des terres, & montroit aux particuliers fur quel pied ils devoient con

tracter. Si l'année civile eût commencé au printemps, elle eût été coupée en deux par cette inondation, & l'on eût été contraint d'établir une autre année pour l'agriculture.

Il n'y a tien dans toute l'antiquité qui puiffe nous faire penfer, que l'année Egyptienne ait jamais commencé au printemps. Tous les Auteurs anciens s'accordent à mettre fon commencement après le Solstice d'été & vers la fin de l'inondation.

Nous voyons dans les Livres de Moyfe, que les Juifs au fortir d'Egypte, faifoient commencer leur année de même que les Egyptiens puifque la Fête des Tabernacles qui fe celebroit après

la recolte des fruits & la vendange, tomboit à la fin de l'année. Exod. XXIII. 16. L'Exode eft arrivée vers l'an 1500. avant J. C. & alors l'année vague des Egyptiens commençoit au 2 5. d'Aout; mais cette année n'étoit en ufage que pour lés Actes de la vie civile. Le commencement de l'année religieuse avoit été fixé au printemps, par un ordre exprès de Dieu, qui déclare aux Juifs, que le mois dans lequel ils étoient fortis d'Egypte, fera dorénavant le premier mois de leur année. Exod. XII. 2. Ce mois tomboit au printemps. Deuteron. XVI. 1. & c'étoit le premier de l'année religieufe, qui étoit neceffairement fixe, puifque la Pâque fe devoit celebrer le 14. de la Lune la plus proche de l'Equinoxe. Nous ignorons la quantité & la forme de l'intercalation, par laquelle les Juifs fixoient le commencement de leur année, à la nouvelle Lune de l'Equinoxe; mais nous fommes pourtant sûrs qu'ils en avoient une : car fans cela, comme leur année étoit Lunaire, la Pâque auroit parcouru toutes les faifons.

Les Egyptiens au contraire le faifoient une religion de conferver leur année vague, dont le commencement reculoit tous les quatre ans d'un jour, ou environ, & ne fe retrouvoit au même temps

de l'année qu'au bout de 1460. ans. mais cela n'avoit lieu que dans la religion. Les Prêtres y étoient tellement attachez , que lorfque l'Egypte étoit

fous la domination de Grecs & des Romains qui avoient une année fixe, on faifoit jurer à ceux que l'on admettoit à la participation des myfteres, qu'ils ne confentiroient jamais à l'intercalation d'aucun jour entier, ni d'aucune partie de jour dans l'année religieufe, mais qu'ils s'y oppoferoient de toutes leurs forces. En 146o. ans chaque Fête parcouroit les 365. jours de l'année & par là chaque jour de l'année étoit fanctifié par la celebration de toutes les Fêtes dans le cours de ce cycle, telle étoit la pratique des Egyptiens.

Cela pofé, le cycle Egyptien ayant fini l'an 138. de J. C. felon le témoignage formel de Cenforin ; & le premier jour de cette année s'étant trouvé celui auquel les Calendriers marquoient le lever Heliaque de Sirius, ce Cycle qui avoit duré 1460. ans avoit dû commencer l'an 1323. avant J. C. 439. ans, avant le commencement marqué par M. Newton.

Il même bien de l'apparence que cette année 1323. n'étoit pas celle de l'établiffement de ce cycle; ce n'en étoit que le renouvellement, & il y avoit eu

un autre cycle de 1460. anterieur à ce lui là qui avoit commencé l'an 2783. avant J. C. & 643. ans avant la vocation d'Abraham. Ce fecond cycle Egyptien n'eft pas fuppofé abfolument fans preuve. Manethon cité par le Syncelle marquoit la cinquiéme année du regne deConcharis, 25.Roi de la feiziéme Dynaftie qui fut détruite par l'invafion des Hycfos, ou Rois Pafteurs, comme la 70c. année depuis l'établiffement du cycle caniculaire. Cette année tombe à la 43. depuis la vocation d’Abraham, & ce calcul quadre avec le fentiment de tous les anciens Chrono

logiftes qui plaçoient le miniftere de Jofeph & l'arrivée de Jacob en Egypte fous le regne de ces Pafteurs.

Clement Alexandrin qui comptoit un plus grand intervalle entre l'Exode & la fondation du Temple de Salomon,que celui qui eft marqué dans l'Ecriture au 3. Livre des Rois, & qui place la naisfance de Moyle 66o. ans environ avant la fondation du Temple, affure que cette naiffance précedoit de 3 45. le renouvellement du cycle Egyptien; ce qui est conforme au calcul de Cenforin, qui met ce renouvellement du cycle 1333. ans avant l'Ere Chrétienne: car la Chronologie de Clement eft fi confufe dans le temps des Juges & des Rois, que l'on

ne doit pas s'arrêter à une difference de cinq ou fix ans.

Je içais que M. Newton fait peu de cas du témoignage de Maneton, & des autres anciens Ecrivains de l'Hiftoire d'Egypte, quoique plufieurs d'entr'eux ayent écrit fur les memoires & les titres tirez des Archives des Temples; les Prêtres qui en etoient les gardiens, avoient l'intendance de la Juftice & de la Police, & l'administration de la Juftice, de même que celle de la Religion, & doivent être regardez comme les veritables Magiftrats de l'Egypte. Le mépris que M. Newton témoigne pour eux, eft précifement une des raifons qui font attendre fon grand ouvrage avec impatience. Ce fcavant homme nous y apprendra fans doute par quelle railon il rejette le témoignage des Egyptiens fur leur propre Hiftoire, tandis qu'il nous en donne une prefque toute compofée des traditions fabuleufes des Poëtes Grecs, fur les avantures des divinitez de la Grece & de l'Egypte.

J'efpere cependant que ce que j'ai rapporté dans ces obfervations au fujet des difficultez de cette Chronologie abregée & de fa contrarieté avec les témoignages formels de l'antiquité, fera fuffifant pour engager les Lecteurs à fufpendre leurs Jugemens jufqu'à ce que M. Newton ait

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