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foient des alarmes affez fondées ; il

réfolut de faire arrêter l'armée juf

qu'à ce que l'on eût mis des vivres dans le Fort. Il profita de cet intervalle pour représenter aux Députés de Madras, qui étoient à Colar, la néceffité d'adopter un autre plan pour continuer la guerre; mais ils voulurent qu'on fuivît le premier plan. Le Général fe remit donc à la pourfuite d'Haïder-Aly, qui, quelquefois, le laiffoit approcher de lui jufqu'à la portée du canon, & puis lui échappoit alors avec la plus grande facilité. Haïder - Aly ayant attiré les Anglois affez avant dans le pays, par toutes ces feintes, fe rendit une nuit avec fon armée devant Colar, où étoient le Nabab & les deux Députés ; il fit tirer le canon fur quelques cipayes qui étoient campés fous les murs du

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Fort, où il les força de rentrer ; ce qui effraya beaucoup les Députés & le Nabab. Le 7 novembre notre armée parut devant-Colar, & auffi-tôt Haïder-Aly se retira, suivant fa coutume. Les grandes pluies qui durèrent depuis le 7 jufqu'au 14, empêchèrent de rien entreprendre. Le 14 l'armée fe mit en marche pour escorter le Nabab qui retournoit dans le Carnate.

COMME toutes ces opérations inutiles ne paroiffoient point promettre la conclufion de la guerre, & que l'efpérance de conquérir le pays de Maïffour, dont les députés s'étoient tant flattés, fembloit évanouie, ils devinrent odieux à l'armée. Quand un projet manque, celui qu'on a chargé de l'exécupeut être sûr qu'on l'accusera du défaut de fuccès: & ce fut le

tion

cas où se trouva le Général. Les Députés s'efforçoient d'attribuer l'irréuffite de leurs plans mal digérés, à celui qui s'y étoit toujours oppofé; & fuivant la marche ordinaire des gens en place, ils firent en forte de mettre une autre perfonne à la tête de l'armée. Pour en venir à leur but, ils employèrent une manœuvre bien extraordinaire. On révoqua les Députés, & on donna au Général la direction de l'armée, dans le pays de Maïffour, pourvu qu'il indiquât quelque plan qui pût dédommager des frais de la guerre, & répondre aux intentions que la Compagnie avoit eues, en entreprenant cette guerre; & dans le cas où il n'indiqueroit pas un tel plan, il devoit fe rendre à Madras, afin que la Compagnie pût fe concerter avec lui fur ce

qu'il y auroit à faire. Il n'étoit plus temps de lui donner un tel pouvoir., parce que les affaires étoient trop avancées, & qu'il ne pouvoit plus leur offrir de plan qui répondît à leurs vues. Le Général les pénétra. Sans vouloir s'obstiner à une conquête impoffible, il quitta l'armée, dont il laiffa le commandement au Colonel Wood. La Compagnie s'étoit formé une grande idée des talens de ce Colonel, d'après les fuccès qu'il avoit eus au midi de la prefqu'ifle.

MAIS Haïder-Aly qui avoit plus d'une fois furpris le Colonel, & gagné des avantages fur lui, parce qu'il ne fe piquoit pas de cette difcipline qui feule donnoit aux Anglois la fupériorité qu'ils avoient fur lui, quoiqu'il leur fût fi fupérieur en nombre, Haïder-Aly,

dis-je, n'avoit pas tout-à-fait fi bonne opinion de Wood; & l'on fait de bonne part qu'il s'étoit fouvent vanté qu'il n'hésiteroit pas à combattre l'armée angloife, toutes les fois qu'il la trouveroit commandée par le Colonel Wood.

LORSQUE le Général partit pour escorter le Nabab jufqu'au Carnate, il avoit fait paffer dans la divifion de Wood, le fecond régiment d'Européens, & un bataillon de cipayes; de forte que fa divifion contenoit alors au moins les deux tiers de l'armée. Alors le Général continua fa route vers Madras, après avoir laiffé le commandement de fa divifion au Major Fitzgerald.

LORSQU'Haïder-Aly fe retira de devant Colar, il alla mettre le fiége devant Ouffoure. Il avoit déja

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