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dreffé quelques batteries contre la Place, lorfque le Colonel Wood partit pour aller au fecours d'Ouffoure. Il tira de Colar deux beaux canons de cuivre, portant chacun 18 livres de balle, & les emmena avec lui. Etant arrivé à une Place nommée Bengalore, à environ 18 milles d'Ouffoure, il fit entrer dans le pettah les deux canons dont je viens de parler, toutes les munitions de guerre, le bagage, le

bazar, & tous les valets de l'armée. Lorsqu'il approcha d'Ouffoure, Haïder-Aly fit retirer fon armée, puis la mit en ordre comme s'il eût voulut en venir à une action. Auffitôt l'artillerie commença à tirer avec vivacité de part & d'autre; mais Haïder-Aly difparut bientôt, & prenant un détour, il arriva la nuit même à Bengalore. Il

donna l'affaut, & fe rendit maître du pettah, où il maffacra environ deux ou trois milles perfonnes, tant hommes que femmes & enfans, prit les deux canons de dixhuit, toutes les munitions, le bazar, & les bagages de l'armée, avec près de deux milles boeufs propres foit à porter foit à tirer. Auffitôt que Wood fut inftruit de cet échec, il retourna à Bengalore, qu'il trouva dans l'état le plus miférable. Tout étant perdu, il fallut repartir pour Colar : ce qu'il fit le lendemain. Comme il étoit en marche, Haïder-Aly parut ; ce qui occafionna un feu tant d'artillerie que de moufqueterie, du côté des Anglois & d'Haïder-Aly; mais ce feu n'eut pas d'autres fuites. Haïder-Aly avoit divifé fon armée en petites colonnes qui entouroient

les Anglois; il faifoit auffi tirer fes canons fur eux de deffus quelques hauteurs, quand elles fe trouvoient affez près, & avec fa cavalerie il retarda leur marche jusqu'à la nuit, qu'il fe retira. Le Colonel campa à environ trois milles d'HaïderAly, & fe remit en marche à une heure du matin'; mais Haïder-Aly avoit réfolu de ne pas le laiffer échapper. C'est pourquoi il fe mit en mouvement fur-le-champ, & atteignit fon arrière-garde à deux heures. Cependant Wood continua fa marche fur deux lignes, & ordonna que l'avant-garde & l'arrière-garde euffent à couvrir l'intervalle aux deux extrémitités des lignes, & de cette forte fon armée formoit un carré oblong. On plaça dans le centre le peu de munitions qui reftoient, & la cavalerie

de

de Morarou. Les détachemens d'Haïder - Aly rodoient autour de l'armée, comme à l'ordinaire, de forte qu'on étoit obligé d'entretenir un feu continuel, foit de l'artillerie ou de la moufqueterie, pour les éloigner. Le lendemain les troupes d'Haïder-Aly l'interrompirent de même dans fa marche, & lorfque fon artillerie arrivoit à quelque hauteur, il la faifoit tirer fur les Anglois dont la marche étoit très-lente. Vers les onze heures du matin, le colonel les fit camper parmi quelques rocs qui étoient au pied d'une longue chaîne de montagnes, ce qui lui formoit un pofte affez fort & de difficile accès. Cependant HaïderAly s'empara d'un terrain élevé qui étoit à la tête de fon camp, l'enferma dans fon poste, & faifoit

L

tirer le canon fur tous ceux qui ne restoient pas à couvert derrière les rocs.

LE Major Fitzgerald étoit de retour avec la divifion qui avoit efcorté le Nabab, & il amenoit avec lui un convoi de riz; mais ayant eu des nouvelles de l'affaire de Bengalore par fes efpions, & d'ailleurs entendant le bruit du canon, il commença en arrivant à Colar, par faire mettre dans la Place le bagage le plus pefant, ainfi que le convoi de riz, & enfuite il alla au fecours du Colonel. Dès qu'il parut Haïder-Aly fe retira, & les deux divifions fe joignirent ce jourlà même, vers les cinq heures. Le Major trouva le Colonel dans le plus grand embarras, réduit au défefpoir de fe voir fans provifions, & investi par un ennemi victo

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