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menoit, il affembla environ cinquante ou foixante pions (fufiliers), & cinq ou fix cavaliers, alla joindre Nanderauz, à qui il offrit fes fervices, & en fut bien reçu. Dans l'espace de trois ou quatre ans il fe trouva avoir affez de crédit pour pouvoir lever cinq cents cipayes, bien vêtus & armés à l'européenne, avec un corps d'environ deux cents hommes (noirs) de cavalerie, & deux petites pièces de campagne.

EN 1754 Haïder-Aly, dans une affaire entre les troupes de la Compagnie des Indes (angloife), & celles du Nabab d'Arcate, s'étant apperçu que les troupes qui gardoient le bagage de l'armée angloife, quittoient leur pofte, & que la cavalerie de Tanjaour (allié des Anglois) fe rangeoit fur la

droite pour le défendre, envoya un détachement de fa cavalerie pour donner le change à ceux de Tanjaour, & avec le refte des fiens vint au galop les attaquer par derrière, les tailla prefque tous en pièces; & fe faifit entr'autres chofes, de trente-cinq voitures chargées d'armes & de munitions de guerre, sans parler du bagage des Officiers. Ce coup de main fut exécuté avec tant de conduite & de jugement, qu'il fut abfolument impoffible aux Anglois de recouvrer la moindre partie de leur bagage, qu'Haïder-Aly eut le temps d'emmener avec lui.

IL acquit tant de hardieffe & de réputation par ce coup heureux, que fur la demande qu'on lui fit de remettre au Roi de Maïffour, fon maître, le butin qu'il avoit

pris aux Anglois, il s'en tira, en le priant très-humblement d'être perfuadé de fa fidélité, & que lui & fes foldats feroient toujours prêts à risquer leur vie pour lui.

EN 1755 il fut envoyé à la tête de trois mille hommes d'infanterie, quinze cents de cavalerie, & quatre pièces de canon, contre les Polligars, ou montagnards du pays de Maïffour, qui n'avoient pas payé ponctuellement leur Chaout (tribut dû au TréforRoyal); il réuffit dans cette affaire au-delà de fes espérances, plutôt par fupercherie que par force, car ne voulant rien hafarder dans un pays couvert de bois, où l'on ne pouvoit pénétrer que par des défilés ou des fentiers étroits, que fes troupes ne connoiffoient nullement & étant

d'ailleurs rempli de rufe & de fineffe, il fut, fous prétexte de traiter avec eux, fe rendre maître de plufieurs de leurs Chefs, tira de chacun d'eux environ dix à douze lacks de roupies, & enfuite les envoya prifonniers au Roi de Maïffour, fon maître, à qui il ne rendit que la moitié de la fomme, gardant l'autre moitié pour lui. Le Roi, ainfi que Nanderauz, fon Miniftre, ne virent point fans un vif reffentiment la conduite audacieuse d'Haïder, & n'auroient pas été fâchés de trouver quelqu'occafion de diminuer le crédit qu'il gagnoit dans l'armée, & de l'écrafer avant qu'il pût devenir plus formidable.

POUR lui, fe doutant des vues qu'on avoit contre lui, il mit tout en œuvre pour aggrandir & af

fermir fon autorité; rien ne lui fut difficile, avec l'argent qu'il avoit ramaffé, & les troubles qui s'élevèrent depuis dans le pays de Marffour, ne lui laifsèrent plus aucun obftacle à vaincre.

EN 1760 Gopalrauz, un des Chefs des Marattes, vint tomber avec dix mille hommes d'infanterie, & vingt mille de cavalerie, fur les diftricts de Maïffour, & mit le fiége devant Benguelour, Place forte & bien défendue, pour ajouter ce district aux autres conquêtes importantes que ceux de fa nation avoient faites auparavant dans le pays de Maïffour.

LE Roi & le Miniftre qui ne voyoient le pouvoir d'Haïder-Aly qu'avec envie & crainte, & d'ailleurs ne fe fouciant guère de ten

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