toute fa bravoure, il perdit tout fon convoi, & eut affez de peine à rejoindre Haïder-Aly, avec perte de quelques-uns des fiens, tant ca→ valiers que cipayes.

IL y avoit déja près d'un mois que tout ceci duroit, lorfque le Chef des Marattes reçut nouvelle de la mort de leur Nanna ou Roi; en conféquence il penfoit à fe retirer dans fon pays, lorfqu'HaïderAly, qui en eut vent, lui offrit fort à propos trois lacks de roupies, qu'il ne refufa point de joindre aux quinze lacks qu'il avoit reçus du Roi, & en conféquence repartit, fans plus tarder, pour fon pays; de forte qu'Haïder-Aly ayant fi bien réuffi de ce côté-là, commença par confirmer fon autorité dans Bengalore, & de-là fe mit en marche avec le peu de troupes

,

qu'il put affembler, pour aller attaquer Canderou fon ancien Duan, & fon plus cruel ennemi. Canderou, qui ne manquoit pas d'expérience, fe voyant néceffité à faire retraite, jetta une partie de fes troupes dans Kiftnagurr, dans Caveripatam, & d'autres Places fortifiées qui fe trouvèrent à fa portée, & fe retira avec le refte à Scheringapatnam. Haïder-Aly accompagné de fon beau-frère MucktomSaëb, ne tarda pas à le fuivre; ils réduifirent, chemin faifant, plufieurs petits Forts, mais venant à manquer de provisions, ils furent obligés de fe jetter du côté de Nonjudagoda, au midi, & à environ huit milles de la capitale; mais voyant que tout le pays étoit contre lui, & qu'on ne vouloit lui

fournir aucun fecours, il n'entreprit pas d'aller plus avant.

CE fut dans cette circonstance critique qu'Haïder - Aly prit une réfolution auffi hardie que dangereufe, malgré tout ce que fes amis purent lui dire pour l'en diffuader. Il partit une nuit avec dix cavaliers de confiance, fut se jetter aux pieds de Nanderauz qui étoit revenu à la Cour; il pleura, reconnut fes torts, & demanda qu'on lui pardonnât, Le bon vieillard furpris de fa confiance, & en même-temps touché de fon prétendu repentir, fe laiffa perfuader que fes proteftations étoient fincères, & qu'il ne demandoit qu'à être rétabli dans fon pofte de Duan, que le Roi avoit donné à Canderou, ci-devant fa créature, mais maintenant fon ennemi.

IL fut bientôt réconcilié avec le Roi, par l'entremife du vieux Nanderauz, qui même promit de lever les autres obftacles s'il s'en trouvoit, par la force des armes. Haïder - Aly ayant si bien réussi, il ne reftoit plus que Canderou, qui s'étoit mis à la tête de quelques' troupes, & paroiffoit réfolu de garder la nouvelle dignité, fachant bien qu'on avoit forcé le Roi à fe déclarer contre lui.

NANDERAUZ & Haïder-Aly réunirent alors leurs troupes, pour réduire le nouveau Duan Cande-rou. Haïder-Aly ayant fait venir fon beau-frère Mucktom-Saëb avec l'armée qu'il avoit laiffée près de Nonjudagoda, marcha contre Canderou, qui tenoit la campagne à peu de distance de la ville. L'armée de Canderou fut

défaite, fon camp pillé, & luimême eut à peine le temps d'aller fe réfugier auprès du Roi. Il lui raconta fon malheur, & l'avertit en même-temps de la réunion d'Haïder-Aly & de fon oncle Nanderauz, & des mauvaises conféquences qu'elle pourroit avoir.

APRÈS la bataille, une partie des troupes du Roi, entra au fervice d'Haïder-Aly, à la perfuafion de Nanderauz, qui en mêmetemps publia un manifeste adreffé aux Bahaders de Maïffour, les affurant que fon ami Haïder-Aly n'avoit aucun mauvais deffein contre le gouvernement, qu'il n'avoit eu d'autres vues que d'ûter à fon ennemi Canderou, la place de Duan, dont il avoit été injuftement dépouillé ; enfin le bon vieillard fe laiffa aveugler jufqu'au