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pied des murs de Bednor, la capitale, fans avoir jusque là trouvé la moindre réfiftance. Cette ville, quoique bien fortifiée, entourée de précipices & de rocs couverts de bois impénétrables, ne put tenir qu'un mois. La Reine & fon frère, qui fentoit bien qu'ils n'avoient de grace à attendre ni du jeune Prince, ni du perfide Haïder-Aly, firent en vain tous leurs efforts pour la défendre. Le peuple ému par la préfence de fon Roi légitime, rendit la Place; toutefois après leur avoir permis de fe retirer dans quelque Place où ils fe croiroient en sûreté, & dont on leur laiffa le choix. Ce fut Derriabathar-gurr qu'ils choifirent pour afyle. C'eft une Place trèsforte, à environ douze coffes de la capitale; elle eft bâtie fur un

large roc, défendu, d'un côté, par la mer, & de l'autre, par une rivière très-profonde.

HAIDER-ALY s'étant rendu maître de Bednor, alla les attaquer dans leur retraite ; il eut foin dans la route de foumettre le pays, & dès qu'il fut arrivé devant la Place, il envoya fommer, au nom du Roi, la garnifon, qui fe rendit fur-le-champ, & on lui livra la Reine & fon frère. Haïder - Aly avoit eu foin de mettre des troupes du pays de Maïffour dans toutes les Places qu'il avoit prifes,. & de là il retourna à Bednor, où il tint la Reine & fon frère fous bonne garde. Il avoit jufqu'alors traité le jeune Roi, au moins en apparence, avec tout le refpect & les égards poffibles; mais il se présenta bientôt une occafion d'ac

complir fes deffeins ambitieux. Le jeune Roi avoit pour favorite une femme qu'il aimoit tendrement. Haïder-Aly qui ne cherchoit qu'un motif pour en venir à une rupture, envoya chercher cette femme par quelques-uns de fes gens, ce qui étant parvenu aux oreilles du Roi, il les fit renvoyer avec mépris. Haïder-Aly l'ayant appris, il fit fur-le-champ enfermer le Roi, & peu de jours après le fit conduire, fous bonne escorte, avec la Reine & fon frère, à Maddegurrey, Fort bâti fur un roc, & à feize coffes de Bengalore.

UN pareil traitement caufa bien de la confufion dans tous le pays, & donna lieu à plufieurs confpirations qu'Haïder eut le bonheur de découvrir; & pour fe mettre à l'abri de tout danger & de toute inquié

tude à l'avenir, il fit mettre à mort près de mille des principaux Habitans de Bednor, de la manière la plus inhumaine & la plus cruelle qu'il pût inventer, & enfuite il fit pendre leurs membres tout fracaffés, aux arbres dans les environs de la ville. Son humeur fangui aire n'étant pas encore fatisfaite de ces cruautés, il fit périr de la même manière, les principaux de chaque ville ou village qui lui étoient fufpects, fans parler d'un grand nombre, à qui, fur les moindres prétextes, il fit couper le nez & les oreilles; de forte que les habitans de Bednor, effrayés par ces cruautés, fe foumirent entièrement à fon pouvoir tyrannique.

D'APRÈS cette conquête, il marcha, toujours avec la même

confiance & la même rapidité, vers le pays de Sonda, à peu de distance de Goa. Le Roi du pays n'étant aucunement préparé pour fe défendre, abandonna fon royau& alla fe mettre fous la protection d'un Prince voisin. Ce pays rapporte environ dix lacks de pagodes par an.

D'UN autre côté, ceux des principaux habitans de Bednor qui n'avoient pas été compris dans les foupçons, lors de la confpiration précédente, ayant repris courage pendant l'absence d'Haïder-Aly, s'adrefsèrent à Mahaderou, l'un des Chefs des Marattes, & lui promirent de faire de leur côté les plus grands efforts, s'il vouloit s'avancer avec un bon corps de troupes, & les aider à fecouer le joug d'Haïder-Aly. En confé

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