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quence il entra dans le pays de Bedhor. Haïder-Aly venoit d'y arriver, ayant appris ce qui s'y paffoit. Les troupes des Marattes confiftoient en foixante mille hommes de cavalerie, & feize mille d'infanterie. Les deux armées en vinrent bientôt aux mains; HaïderAly dont la cavalerie étoit trop inférieure à celle de l'ennemi, eut le deffous dans trois batailles, &. fut à la fin obligé de fe retirer dans les bois qui fe trouvoient à fa portée, & de s'y retrancher. Il y refta près d'un an, & y fut fouvent attaqué par l'ennemi, mais profitant de l'avantage de fa fituation, il le repouffa toujours avec perte. Mahaderou ne voyant plus d'efpérance de rétablir le Roi, propofa de fe retirer, & de laiffer Haïder-Aly maître du pays de Bednor,

Bednor, à condition qu'HaïderAly lui payeroit 40 lacks de roupies, & 20 à fon Miniftre, à quoi il confentit.

LES Marattes s'étant retirés dans leur pays, Haïder-Aly punit avec la plus grande rigueur & la plus grande barbarie, ceux d'entre les rébelles qui tombèrent entre fes mains, Enfuite, tout étant encore une fois tranquille, il laiffa le gouvernement de Bednor à TippouSaeb, fon fils, & établit Lala Mean, qui avoit époufé fa fœur, gouverneur d'une Place forte, à quelques milles de là. Il envoya auffi Mir-Saëb (dont il venoit d'époufer la four) dans le gouvernement de Sirpi; donna le commandement du Fort & du diftrict de Maïffour, à Mir-Pharfula-Khan, & celui de Scheringapatnam,

E

capitale du pays de Maïffour, à Mucktom-Saëb. Ibraim-Saëb, fon oncle, fut continué dans fon gouvernement de Bengalore, & Amian-Saëb, fon neveu, fut chargé de défendre la vallée de Burnal.

TOUT étant ainsi réglé, Haïder-Aly marcha avec un fort détachement vers la côte de Malabar, où il fit un traité d'alliance avec un petit Prince nommé Aly-Rajah, & avec le fecours qu'il lui donna, il alla mettre le fiége devant Callicut, capitale & réfidence du Roi des Naïres. Cette Place tint bon pendant trois mois, & à la fin obtint une capitulation honorable.

A peu-près vers le même-temps, Mir-Saëb, qui étoit dans fon gouvernement de Sirpi, trouva moyen de fe rendre maître de Chinapah,

Chef des Polligars; & quoiqu'il lui eût donné les affurances les plus pofitives, même avec ferment, de le relâcher, fitôt qu'il confentiroit aux conditions qu'on vouloit lui impofer, malgré fes fermens, il eut la perfidie de l'envoyer prifonnier à Bengalore, où il mourut de chagrin en peu de jours. Il ne fe feroit jamais rendu à Mir-Saëb, fi ce n'eût été la détreffe à laquelle il étoit réduit fur le roc de Nandegondy, où il manquoit de tout, & où il étoit fur le point de mourir de faim.

C

HAÏDER-ALY, pour fe mettre en sûreté, du côté du fils de Chinapah, qui étoit un jeune homme, le fit circoncire par foce, & inftruire dans les principes de la Religion Mahométanne.

LE Samorin ou Roi de Callicut,

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VIE

étoit de la fecte des Bramines, & avoit coutume de nourrir tous les jours un grand nombre de gens de fa Religion, & même ne fe permettoit de rien prendre, qu'ils ne fuffent fervis. Comme il étoit fort attaché aux principes de fa Religion, il ne fe permettoit jamais de traiter perfonnellement avec les Mahométans. C'eft pourquoi, il refufa le plus poliment qu'il put, la vifite qu'Haïder-Aly fe proposoit de lui faire (1); mais lui il lui envoya un Bramine pour parler, lequel devoit enfuite rapporter la réponse d'Haïder-Aly,

(1) Certainement l'Auteur françois fait une méprife en difant, page 119, vol. premier de fon ouvrage, que le Samorin vint au-devant d'Haïder-Aly, & fe jetta à fes pieds. Tandis qu'il n'y a perfonne qui ait été fur la côte de Malabar, qui ne fache

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