fans inquiétude l'orage qui fe formoit; il ne ceffa de remontrer au Gouverneur & au Con

que

fon

feil de Madras, le befoin armée avoit de bœufs pour tirer & pour porter; il leur demandoit beaucoup d'articles néceffaires pour tenir la campagne ; mais comme on ne fit point attention à fes rémontrances affez à temps, Haïder-Aly & le Soubab avec leurs armées entrèrent dans la vallée de Bermal, & commen cèrent les hoftilités. Les troupes du Soubab confiftoient en 30,000 chevaux, 10,000 cipayes, des pions, & un grand nombre de roquets, 60 pièces de canon, & une grande multitude de lutty vallas (en françois partifans). L'armée d'Haïdér-Aly étoit compofée de 12,000 hommes de cavalerie

bien difciplinée, 8,000 chevaux mogols, avec une troupe de 60 huffards européens, un bataillon de mille topoffes, 5,000 grenadiers cipayes, & 8,000 fufiliers cipayes, tous armés avec des moufquets & des bayonnettes d'europe & quatre mille hommes tant roquets que foldats, armés avec des fufils fans batteries, & enfin 45 pièces de canon.

QUANT à l'armée angloise, elle ne confiftoit alors qu'en deux régimens européens, qui en tout ne faifoient pas plus de 800 hommes capables de faire le fervice, fept bataillons de cipayes d'environ 800 hommes chacun, leur corps d'artillerie, & environ 500 hommes de la cavalerie du Nabab, & une petite troupe de cavalerie européenne compofée de 30 hommes,

&

& commandée par moi, en qualité de Lieutenant.

HAÏDER-ALY envoya plufieurs gros détachemens de cavalerie, pour haraffer & inveftir les Anglois, de forte que rien ne pût entrer dans leur camp, & en mêmetemps d'autres détachemens ravageoient le pays, & brûloient les villages. Haïder-Aly qui étoit bien convaincu qu'il embarrafferoit bien plus les Anglois, en les haraffant ainfi, qu'en leur donnant bataille, ne ceffoit de tenir autour d'eux des détachemens qu'il relevoit continuellement par de nouveaux, &z mettoit tout en œuvre pour couper toute communication au dehors du camp. Il étoit bien réfolu de fuivre ce plan, mais heureufement pour les Anglois, l'humeur hautaine du Soubab & de

F

leur

fes Bahaders, fut bientôt laffé de cette façon ennuyeufe de faire la guerre; en conféquence il fit reproche à Haïder-Aly qu'il ne tenoit pas la parole qu'il lui avoit donnée, de tailler en pièces l'armée angloife.

ALORS l'armée angloise se trouvant dans la plus grande détreffe, faute de riz & d'autres provifions, fe mit en marche vers le défilé de Singurpettah, pour fortir de la vallée de Burmal, & rentrer dans le Carnate. Haïder-Aly & le Soubab réfolurent de les attaquer; ce qu'ils exécutèrent le 2 Septembre, près du fort de Changama.

de

ON fe battit avec acharnement part & d'autre, jufqu'à près de huit heures du foir, que l'armée du Soubab lâcha pied, ce qui obli

gea Haïder-Aly d'en faire autant. Il perdit plus de mille hommes de fes meilleures troupes dans cette affaire. La perte du Soubab fut très-considérable, quoiqu'on n'en ait jamais bien fu le nombre. Les Anglois fe trouvèrent donc maîtres du champ de bataille, mais ils ne purent profiter de leur avantage, faute de munition; quelques uns n'ayant pas plus de deux ou trois coups à tirer, & les autres dix ou douze tout au plus, ce qui engagea le Général à fe mettre en marche dès la nuit fuivante pour Trinomally. Haïder-Aly apprit bientôt que les Anglois étoient en marche, & auffitôt il envoya quelques détachemens de cavalerie pour les haraffer comme à l'ordinaire; ce qu'ils firent toute la nuit, quoiqu'elle fût très-obfcure. Les Anglois