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168 PRINCIPE De Mecanique, &c. j'envoye maintenant au Clavecin pour avoir la tenfion des cordes & la vérification d'un principe de mécanique.

Fin du troifiéme Mémoire.

Blakey Condineus inv.

D. Sornique Sculp

QUATRIÈME MÉMOIRE:

,

Projet d'un nouvel Orgue fur lequel on pourra exécuter toute piece de Mufique à deux trois, quatre, &c. parties, inftrument également à l'ufage de ceux qui fçavent affez de Mufique pour compofer, & de ceux qui n'en fçavent point du tout..

E

NTRE tous les inftrumens

de Mufique, il n'y en a peut-
être aucun qui foit plus mé-

prifé que l'Orgue d'Allemagne, &
c'eft à jufte titre, car il raffemble les

défauts principaux des autres. Il a peu d'étenduë, il eft borné à un certain nombre d'airs & l'on ne peut l'employer à l'accompagnement. Mais en revanche il ne fuppose aucun talent dans celui qui en jouë, & l'on ne difconviendra pas qu'il n'y ait quelque mérite à l'avoir inventé; que le mécanisme n'en foit affez délicat, & que, s'il n'exécute qu'un très-petit nombre de pièces, c'est avec tant de précision que les premiers Organiltes de l'Europe, les Calvier & les Daquin en approchent à peine. Auffi les perfonnes fenfibles à l'harmonie ne peuventelles quelquefois fe défendre de lui prêter l'oreille; la douceur des fons, & l'exactitude de l'exécution fufpendant en elles, le dédain qu'elles ont de l'inftrument.

Mais c'eft peut-être moins encore les imperfections de cet Orgue, l'ufage qu'on en fait & le peu de mérite

qu'il y a à en jouer, qui l'ont avili, que les mains entre lefquelles il fe trouve ordinairement. Le premier qui parut, fut admiré, il n'en faut point douter. Aujourd'hui que cet inftrument eft commun, les boëtes qui le renferment ne s'ouvrent guéres que pour fatisfaire la curiofité des enfans émerveillés d'entendre fortir des fons d'un corps qui par fa reffemblance extérieure à un morceau cubique de bois, ne leur paroît point fait pour cela.

Pour moi qui ne fuis guéres plus honteux & guéres moins curieux qu'un enfant, je n'eus ni ceffe ni repos que je n'euffe examiné le premier Orgue d'Allemagne que j'entendis : & comme je ne fuis point Muficien, que j'aime beaucoup la Musique, & que je voudrois bien la fçavoir & ne la point apprendre ; à l'inspection de cet inftrument, il me vint en pensée

qu'il feroit bien commode pour moi & pour mes femblables qui ne font pas en petit nombre, qu'il y eût un pareil Orgue ou quelqu'autre inftrument qui n'exigeat ni plus d'aptitude naturelle, ni plus de connoiffances acquifes, & fur lequel on put exécuter toute piéce de Musique.

En appuyant fur cette idée, je ne la trouvai point auffi creuse que l'imaginérent d'abord quelques perfonnes à qui je la communiquai. Il eft vrai qu'elles avoient leurs talens à défendre, & qu'au fond de l'ame elles auroient été fâchées qu'on découvrit un moyen de faire à peu de frais & dans un moment, ce qui leur avoit couté beaucoup de tems, tems, d'étude & d'exercice. » Eh oui, me dirent-elles, Mon» fieur le pareffeux. On vous en fera des Orgues d'Allemagne qui joue>> ront tout fans que vous vous en mê»liez. Ne faudroit-il pas encore vous

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