difpenfer de tourner la manivelle?« Je répondis qu'affurement cela n'en feroit que. mieux, mais que j'aimois tant la Musique que je me réfoudrois à prendre cette peine, pourvû qu'on m'épargnât celle d'avoir pendant quinze ans les doigts fur un Clavecin,avant que d'exécuter passablement une piéce. Si le célébre Vaucanfon, ajoutaije, qui a fait manger & vivre un Canard de bois, & jouer de la Flute à des ftatuës, fe propofoit cette autre machine, je ne doute point qu'il n'en yint à bout, & qu'on ne nous annonçât inceffamment un Organiste Automate. Et pourquoi non? Serbit ce le premier qu'on auroit vû?. De réflexions en réflexions, moitié férieuses, moitié folâtres, car je n'en fais guéres d'autres, je parvins à me demander pourquoi le carillon de la Samaritaine changeoit d'airs, & pourquoi l'Orgue d'Allemagne jouoit toujours les mêmes. Je me répondis par rapport à celui-ci, que c'est parce que les petites pointes, que les artiftes appellent notes, qui agiffent fur les touches, font immobiles fur le cylindre; & je conçus auffi-tôt un autre cylindre criblé de trous artiftement difpofés, dans lefquels des pointes mobiles pourroient, s'inférer, frapper les touches des tuyaux qu'on voudroit faire parler, & produire enfemble & fucceffivement toutes fortes de fons à difcretion. Le mécanisme de ce cylindre, quoique de la derniere fimplicité, ne fut d'abord que très-embrouillé dans ma tête ; mais en attendant que mes premieres idées fe netoyaffent, je fus fi aife de les avoir euës que j'en treffaillis, & qu'il me fembla que j'exécutois déja tout feul & fans fçavoir prefqu'un mot de Musique, un Concert રે à quatre ou cinq parties. On va juger G je préfumai trop de ma découverte. Imaginez d'abord un cylindre creux de quelque matiere folide, & auquel on donnera une épaiffeur que l'usage qu'on en veut faire déterminera. Que ce cylindre creux ait pour noyau un morceau de bois rond, ou un autre cylindre de bois, couvert de plufieurs doubles d'une étoffe compacte, qui forment fur lui une espece de pelote. Que cette pelote dure rempliffe exactement toute la cavité du cylindre creux. ナ Que ce cylindre creux foit percé de trous difpofés de la maniere que je vais dire. Voy. à la fin de ce mém. la fig. Les lignes verticales fol, 1, 2, 3, &c. fol X, 1, 2, 3, &c. la, 1,2, 3, &c. font des projections de plufieurs circonférences du cylindre:c'est fur ces circonférences qu'on placera des notes, ou pointes mobiles, ce qui fuppofe qu'elles feront percées de trous dans toute leur longueur. Si ces petits trous n'étoient éloignés les uns des autres que d'une demie ligne, on pourroit placer seize pointes dans un espace de huit lignes, & chaque pointe exprimant par fa diftance à celle qui la fuit, la valeur d'une double croche, on auroit pour l'inter valle d'une mefure à quatre tems huit lignes;pour l'intervalle d'une mefure à trois tems, fix lignes, &c. D'où il s'enfuit 1°. Que fi le cylindre tourne fur lui-même d'une vitesse uniforme uniforme, de la quantité 1, 8, & qu'il y ait une note, ou pointe fichée dans le premier trou de la ligne verticale fol, une autre dans le fecond trou de la verticale D, une autre dans le troifiéme trou de la verticale la, une autre dans le quatriéme trou de la verticale D, & ainfi de fuite, jufqu'au feiziéme trou de la feiziéme verticale , on entendra fucceffivement dans un tems donné les feize fons, fol, fol D, la, la D, fi, ut, ut D, &c. dans les trois quarts de ce tems donné, les douze fons fol, fol D, la, la D, fi, ut, &c. Dans la moitié du même tems les huit fons fol, fol D, la, la D, &c. Donc tous ces fons auront été parfaitement rendus en mesure. و 2o. Que fi la pointe que j'ai placée dans le premier trou de la verticale. fol avoit eu de la continuité; que fi, par exemple, elle eût couvert les huit premiers trous de cette ligne, elle M |