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Le bruit eft un; le fon au contraire est composé; un fon ne frappe jamais feul nos oreilles; on entend avec lui d'autres fons concomitans, qu'on appelle fes harmoniques. C'est de là que M. Rameau eft parti dans fa génération harmonique; voilà l'expérience qui fert de base à son admirable systême de compofition, qu'il feroit à fouhaiter que quelqu'un tirât des obfcurités qui l'envelopent, & mit à la portée de tout le monde; moins pour la gloire de fon Inventeur, que pour les progrès de la fcience des fons.

I X.

Plus la caufe d'un phénomene eft cachée, moins on fait d'efforts pour la découvrir. Mais cette pareffe, ou ce découragement des efprits, n'eft ni le feul, ni peut-être le plus grand obftacle à la perfection des arts & des fciences. Il y a une forte de vanité qui aime

mieux s'attacher à des mots, à des qualités occultes, ou à quelque hypothese frivole, que d'avouer de l'ignorance; & cette vanité leur eft plus funefte encore. Bien ou mal, on veut tout expliquer,& c'eft,grace à cette manie, que l'horreur du vuide a fait monter l'eau dans les pompes, que les tourbillons ont été la caufe des mouvemens céléftes , que l'attraction fera longtems encore celle de la pefanteur des corps, & pour en revenir à mon fujet, qu'on avoit attribué jusqu'à préfent au fremiffement de la furface intérieure du tuyau, le fon & les autres propriétés des Flutes. Ces inftrumens avoient beau rendre le même fon, quoique l'épaiffeur, la matiere & l'ouverture en fuffent différentes; on s'en tenoit opiniâtrément à un fyftême que la diverfité feule de la matiere étoit capable de renverfer.

Enfin M. Euler, après avoir foi

gneufement examiné la structure des Flutes, trouva une maniere d'en expliquer les effets, auffi folide qu'ingénieufe. Ce morceau de Phyfique eft peu connu, quoique ce foit un des plus beaux que nous ayons; ce font ces deux motifs réunis au befoin que j'en ai pour les conféquences que j'en tirerai, qui me déterminent à l'inserer ici.

La Flute eft compofée ainsi que les tuyaux appellés dans un buffet d'Orgue, tuyaux à bouche ou de mutation; du pied AABB qui eft en bec ou en cône; c'eft ce bec qui introduit le vent qui fait réfonner le tuyau. A ce pied eft joint le corps BBD D du tuyau. Il y a entre le pied & le corps un diaphragme E E F percé d'une ouverture par où le vent s'échappe. On appelle cette ouverture, lumiere. Enfin au-deffous de cette ouverture eft la bouche BBCC du tuyau. C'est

une espece de fenêtre dont la levre d'en bas CC, qui eft en bifeau, coupe le vent au fortir de la lumiere, & n'en admet dans le tuyau qu'une couche légére. Telle eft auffi la figure des anches & celles que prennent les levres au défaut d'anches; ce qui fait rentrer les flutes traverfieres & autres, dans la claffe des Flutes à bec ou tuyaux de mutation.

Il faut obferver de plus que dans tous les inftrumens à vent, les parois intérieurs font durs & polis & que l'air n'y rencontre aucun obftacle.

Il fuit de cette conftruction que l'air au fortir de la lumiere rase la furface intérieure du tuyau & comprime celui dont il étoit rempli. Cet air comprimé fe dilate à fon tour & le fon eft produit par ces vibrations réciproques qui naiffent de l'infpiration & qui durent autant qu'elle.

Cela fuppofé, dit M. Euler, cher

chon

chons le fon d'une Flute dont la lon gueur & la capacité foient données, & renonçons à cette explication, fi la folution de ce problême ne s'accorde pas avec les expériences.

Le corps fonore dont les vibrations transmises à l'air viennent frapper notre oreille, c'eft l'air même contenu dans le tuyau, dont la quantité se déterminera par la longueur & la capacité de la Flute.

La pefanteur de l'atmosphere qui contraint l'air, dont la Flute eft remplie, d'exercer des vibrations, fait ici la fonction de poids tendant, & ce poids fera connu par la hauteur à laquelle le vif-argent eft fufpendu dans le tube de Torricelli.

Voilà donc le cas des Flutes réduit à celui des cordes & foumis à la formule VG

PL

Soit a la longueur d'une Flute; b b

F

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