POUR SERVIR A L'HISTOIRE DES HOMMES ILLUSTRES DANS LA REPUBLIQUE des Lettres; Avec un Catalogue raisonné de leurs Ouvrages. FREDERIC TAUBMAN. REDERIC Taubman na- F. TAUB fur l'année de fa naiffan ce; Balduinus dans fon Oraifon funébre la met en 1566. mais d'au tres, comme Adolph Clarmund, & Tome XVI. A MAN. F.TAUB- Erafme Schmidt l'avancent à l'année 1565.& cette derniere datte eft conforme à fon Epitaphe, que je rapporterai plus bas, où il eft dit qu'il mourut en 1613. âgé de 48. ans. Pour ce qui eft du jour, il eft incertain fi ce fut le 15. May, comme le marquent quelques Auteurs dule lendemain, qui eft celui auquel il fut baptife. Son pere fe nommoit Marc Taubman, & fa mere Barbe Hoffman. 11 n'étoient pas d'une naiffance fort relevée, puifqu'ils vivoient du travail de leurs mains; il eft fûr qu'ils étoient artifans; mais je ne trouve que dans Freher qu'ils exerçaffent le métier de Cordonnier. Ils avoient cependant un rang diftingué dans le lieu de leur demeure, le pere y étoit Bourguemeftre;qualité qui dans Les petites Villes d'Allemagne fe trouve fouvent unie avec celle d'artifan. Il étoit encore fort jeune, lorfqu'il perdit fon pere & que fa mere fe rea un Vitrier, ou felon Freher à à un Tailleur. Ce fecond mariage qui auroit femblé devoir nuire à fon education, ne lui fut qu'avantageux,F. TAUB Son beau-pere touche de fon heu-MAN, reux naturel réfolut de le faire étudier, & l'envoya au mois de Decembre 1577. à Culmbach, Ville de Franconie, pour y étudier. Il étoit alors âgé de 12. ans, & il en demeura quatre en cette Ville, où il fit de grands progrès dans fes études, malgré la mifere qui le tourmentoit; car fes parens n'étoient pas en état de lui fournir de quoi fubfifter, & fouvent il étoit contraint d'aller mandier fon pain de porte en porte, en chantant: Da panem propter Deum. Bien loin de rougir dans la fuite de cette particularité de fa vie, il s'en fouvenoit avec plaifir, & s'en glorifioit devant fes amis, à qui il parloit avec beaucoup de reconnoiffance de ceux qui l'avoient affifté dans fon état de di fette. Sa mere étant morte dans ce temps là, fon beau-pere fe remaria, & Taubman eut l'avantage de trouver dans la femme qu'il avoit époufée, une nouvelle mere, qui fe faifoit un plaifir de l'affifter dans fes neceffitez preffan F.TAUB- tes, autant que fes facultez pou voient le lui permettre. MAN. En 1582. George Frederic, Marquis de Brandebourg, ayant établi un College à Heilbrun, Ville de la Souabe,ily raffembla la jeuneffe choifre de tous les Etats, & Taubman qui étoit alors âgé de feize ans, fut du nombre. Ses talens & fa capacité commencerent alors à paroître dans toute leur étendue, & Chriftophe Homagius fameux Poëte de ce temps ne fit point difficulté de dire qu'il feroit un jour l'ornement de fa Patrie. C'étoit en effet dans la Poëfie qu'il excelloit davantage, & les Pieces qu'il fit en ce genre ce genre lui acquirent une fi grande réputation, que le Poëte Meliffus lui envoya une Couronne de laurier, pour lui marquer le cas qu'il faifoit de fes Ouvrages. Après un fejour de dix années à Heilbrun, Taubman paffa en 1592, à Wittemberg, où il continua fes études Académiques pendant trois ans. Il s'y fit connoître d'une maniere glorieufe; & Frederic Guillau ne Prince de Saxe, conçût tang deftime pour lui, qu'il fe faifoit un F. TAUB plaifir de l'entendre, & de jouir de fa MAN converfation. La Chaire de Profeffeur en Poëfie: & en Belles-Lettres dans cette Ville étant venu à vaquer, l'Academia demanda à la Cour cette place pour Taubman, à qui on l'accorda, & il en prit poffeffion le 18. Octobre 1595. Il a rempli ce pofte pendant dix-huit ans, ceft-à-dire jufqu'à fa mort, à la fatisfaction du public & des Curateurs de l'Academie. Dès qu'il fe vit placé d'une maniere honorable & lucrative, il fongea à fe marier, & époufa le 18. May de l'année fuivante 1596. Elizabeth Matthieu, avec laquelle il a toûjours vêcu dans une grande union, & iben eut trois fils & deux. filles, à l'éducation defquels il s'apa pliqua avec beaucoup de foin.. Son affiduité à l'étude lui procu ra apparemment la maladie qui termina fes jours. Une fiévre chaude & maligne commença à l'attaquer le 26. Fevrier 1613. & après l'avoir tourmenté pendant près d'un mois Fenleva le 24. Mars fuivant. |