A. PA-jours fans regret, parce qu'il n'y LEARIUS. étoit pas aimé, comme il l'avoue luimême.ktion Il n'eut pas lieu de fe repentir de fon changement de demeure; car après avoir été quelque temps à Sienne il y fut fait Profeffeur en Langue Latine & Gréque, & euts dans cet emploi un affez bon nom-` bre d'Ecoliers. Se voyant attaché par-là davantage à cette Ville, il acheta dans le voifinage une maifon de campagne nommée Ceciniano, qu'il prétend avoir appartenu à Cecina, dont Ciceron prit autrefois la défenfe, afin de s'y retirer les jours qu'il auroit libres; & il n'oublia rien pour faire de cet endroit un lieu de délices. Ses amis le déterminerent enfuite à fe marier, & il époufa à l'âge de 34. ans une jeune fille de bonne famille, qu'il aima ardemment tant qu'elle vêcut, & dont il eut quatre enfans, deux garçons, qu'il nomma Lampride & Phedre, & deux filles qui furent appellées Afpafie & So-s phonisbe. Le repos dont il avoit joui jufques fut un peu troublé par la que A. PA relle lui fufcita un de fes Colle- LEARIUS. que gues, fâché de voir fa réputation obfcurcie par l'éclat de celle de Palearius. Il ne defigne ce Collegue que par le nom de Machus Blatero; mais il en parle comme d'un ignorant, qui enfeignoit la Langue Latine à Sien ne avec fi peu de capacité, que fes propres écoliers n'avoient pour lui que du mépris. Il ne nous apprend point non plus le fujet de la querelle, dans laquelle il eut pour défenfeur Pierre Aretin, qui foit le vanger, foit pour fatisfaire fon genie mordant & fatyrique, compo fa contre fon envieux une piece Italienne, qui fut reprefentée publiquement à Venife. pour Ils'éleva quelque temps après contre Palearius une autre tempête bien plus confiderable. Antoine Bellantes, .noble Siennois, accufé de plufieurs malverfations, engagea Palearius à prendre fa défenfe, & celui-ci prononça pour ce fujet dans le Senat de Sienne un difcours qui le tira d'affaire, & le fit abfoudre des accufations intentées contre lur. Quel A. PA-que temps après Bellantes accufa quel LLARIUS. ques Moines d'avoir pillé fon ayeule, & fe fervit encore de l'éloquence de Palearins pour foutenir ce qu'il avoit avancé contre eux. Les Moines ayant fait ferment qu'ils n'avoient rien enlevé à cette femme, furent mis hors de Cour & de procès; mais ils conferverent du reffentiment contre l'Avocat de leur partie, & ne manquerent pas de profiter de l'occafion qui fe prefenta de fe vanger de lui. Palearius avoit pris du goût pour les opinions des Novateurs, & avoit même compofé un Traité des mérites de la mort de Jesus-Chrift, où il s'éloignoit un peu de la croyance de P'Eglife Catholique. Cela leur fuffit pour déclamer contre lui & le déchirer dans leurs Sermons. Ils ne fe contenterent pas même de le traiter pour ce fujet d'heretique, ils en vinrent bien-tôt jufqu'à l'accufer d'impieté, parce qu'il avoit parlé des chofes divines avec un ftile plus. pur & plus Latin qu'on n'avoit fait jufques-là, parce qu'il avoit cité plufieurs écrits des faints Peres, & plufieurs monumens de l'antiquité chretienne, qui leur étoient incon A..RE nus, & qu'ils regardoient pour cela LEARIUS. feul comme faux & inventez, & parce qu'il n'approuvoit point toutes leurs pratiques & leurs ufages. Palearius erut devoir fe défendre contre toutes ces accufations, & il le fit par une Apologie qu'il adreffa aux Magiftrats de Sienne, & qui le difculpa entierement dans leur efprit. Cependant fatigué des traverfes qu'on lui fufcitoit de temps en temps, il prit le parti de fortir de cette Ville. Les Magiftrats de Luques profiterent de cette occafion pour l'attirer dans la leur, & lui donnerent une Chaire de Profeffeur en Belles-Lettres, malgré toutes les menées de fon ancien adverfaire (Machus) qui y profeffoit alors, & qui n'oublia rien pour l'empêcher. S'il accepta cet emploi, ce ne fut pas par goût & par inclination, mais parce qu'il n'avoit pas affez de bien pour faire fubfifter fa famille. Sa femme aimoit à paroître, fes enfans ne haiffoient pas le fafte, & il falloit que pour fubvenir à ces frais il gagnât la vie em A. PA-régentant. Néceffité d'autant plus LEARIUS. dure pour lui qu'il apprehendoit que cet exercice n'émouflat la vigueur & la force qu'il fe fentoit pour des études plus relevées. Après quelques années de fejour à Luques, Palearius fe tranfporta à Milan, appellé par les Magiftrats de cette Ville, qui lui donnerent des marques de leur eftime en lui accordant diverfes immunitez, & une bonne penfion. Il fembloit devoir demeurer tranquille en ce lieu, mais les chofes tournerent autrement. Pie V ayant été élu Pape le 5. Janvier 1566. voufut fignaler le commencement de fon Pontificat par le fupplice de quelque heretique, & ordonna que la caufe de Palearius fut revue. Ce Sçavant, qui ne s'attendoit à rien. de femblable, fut arrêté à Milan & conduit à Rome. On l'y convainquit fans peine que les Docavoir dit teurs Allemands, qui fuivoient Luther, étoient loüables en certaines. chofes, & que l'Inquifition étoit deftinée à faire perir les hommes. Sça vans. |