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tible d'un changement, que celle d'un chien, ou d'un âne, ne pourroit éprouver.

Cet argument a même plus de force, en comparant le virus vénérien avec les autres virus morbifiques. Le virus animal, qui produit l'hydrophobie, femble être dû à une irritation particulière, qui affecte certaines parties; ce qui prouvé, que fi le corps, ou quelques parties du corps font irritées, elles contractent une difpofition à des actions particulières, & que ce mole d'action eft capable de féparer des humeurs, qui ont la propriété de jetter un autre animal dans la même action. Dans l'hydrophobie, le gofier, & fes glandes font particulièrement affectés; mais l'on ne pourroit que difficilement rendre raison, comment la falive eft infectée, en conféquence de l'abforption de la matière hydrophobique dans la maffe des humeurs, fi ce n'eft peut-être par la fympathie générale du corps avec une affection locale, & plus particulièrement avec les parties, qui environnent le gofier. Cette 'difficulté ceffe fi l'on fuppofe que le virus abforbé peut produire une action générale & spécifique, capable d'affecter en circulant le gofier, & fes glandes, tout comme le virus de la petite vérole affecte la peau; ou qu'il a le pouvoir d'af fecter, ou d'irriter les glandes de la bouche feulement, bien que ces parties font les feules capables de fympathifer immédiatement avec la partie irritée, comme les muscles de la mâchoire inférieure le font, lorqu'ils produisent le tetanos.

ou

Si cette théorie eft jufte, elle rend raifon des maladies épidémiques, provenant des faifons, de l'air, &c., qui irritent de manière à produire une fièvre, dont les émanations à leur tour, deviendront irritantes de la même manière ; car il eft peu effentiel de favoir, d'où provient l'irritation première : il fuffit feulement, que l'animal puiffe agir conféquemment au fti mulus produit par cette irritation.

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CHAPITRE II.

De la manière dont l'infection vénérienne fe communique.

L'INFECTION de chaque maladie contagieuse a lieu d'une manière, qui lui eft propre, & il exifte chez les différens hommes des circonftances particulières, qui les expofent de tems à autre, à contracter des maladies, dont ils euffent été exempts fous d'autres circonftances. La gale, par exemple, fe prend en général par l'attouchement des mains,, lorfqu'on fe témoigne réciproquement les marques d'amitié; auffi ces parties font-elles le plus communément les premières affectées. De même comme le virus vénérien fe contracte le plus fouvent par l'union des fexes, les parties de la génération en fouffrenc ordinairement les premières; d'après cela on voit des gens ne point foupçonner cette maladie, lorfque les fymptômes fe manifeftent par-tout ailleurs, tandis qu'ils prennent toujours la moindre affection de ces parties, comme un figne de fa préfence.

On eft naturellement porté chez le bas peuple, à prendre pour la gale, toute éruption qui paroît entre les doigts; comme on foupçonne chez les jeunes gens la maladie vénérienne, toutes les fois que les parties génitales font affectées. Mais comme, ainfi qu'il a été déja dit ci-devanr, chaque furface fécrétoire foit cuticulaire, ou non cuticulaire, eft exposée à l'infection du virus vénérien, lorfqu'il y eft appliqué, ainfi il fe peut que cette maladie fe manifefte fur d'autres parties, telles que l'anus, la bouche, le nez, les yeux, les oreilles, & les mammelons des femmes qui nourriffent, & dont les nourriffons ont été infectés dans le moment de leur naissance, les parties de la mère étant attaquées de la maladie.

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LE virus vénérien peut affecter le corps humain de deux

différentes manières; localement, quand il agit fur les parties feules auxquelles il a été d'abord appliqué; & univerfellement, quand à la fuite de fon abforption, il affecte quelques parties, & que la maffe circulante des humeurs en eft imbue. Pendant l'intervalle que laiffe entre eux ces deux états, c'eft-à-dire le local & le conftitutionel (1), & à mesure que les progrès de l'abforption ont lieu certaines maladies intermédiaires fe déclarent telles, que des inflammations, & des fuppurations comme on l'obferve dans ce qu'on appelle bubons, dans lefquels la matière eft de la même nature que celle de la maladie première.

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Lorfque la matière eft paffée dans la maffe des humeurs, & qu'elle circule avec le fang, elle excite une action par fon irritation, & de-là naiffent plufieurs maladies locales, telles que des puftules à la peau, des ulcères aux amygdales, l'épaiffiffement du périofte, & des os.

La maladie locale, ou la première efpèce eft celle que nous nommons immédiate, parce qu'elle provient immédiatement de l'application du pus vénérien. On en peut reconnoître deux espèces qui, en apparence, font très-différentes l'une de l'autre. Dans la première, il y a formation de matière fans aucune folution de continuité quelconque dans les folides, nous la défignons fous le nom de gonorrhée. Dans la feconde il y a folution de continuité dans les folides, on lui a donné le nom de chancre. Aucun de ces deux états de la maladie ne dépend en rien d'une différence qu'on admettroit dans la nature du virus, mais de celle des parties affectées.

La facilité avec laquelle les parties entrent en action dans

(1) Nous avons appellé cet état de la maladie conftitutionel quoique rigoureufement parlant, il ne le foit pas, puifque toute maladie, qui en eft la fuite, eft vraiement locale, & produite par la fimple application du virus aux parties.

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cette espèce d'inflammation, eft plus ou moins grande, fuivant la nature des parties: cette facilité, loin peut-être de dépendie d'aucune différence fpécifique dans les parties, femble plutôt relative au principe commun de fenfibilité & d'irritabilité On obferve en effet, que le vagin n'eft pas auffi difpofé à l'inflammation dans cette maladie, que l'urethre dans le même fexe, parce qu'il n'eft pas auffi fenfible. Cependant il eft poffible, chez l'homme qu'il y ait quelque difpofition spécifique à l'irritation, & à l'inflanimation dans l'urethre; & ce qui nous porteroit à le croire, c'eft que ce canal eft peut-être plus fouvent affecté que tout autre, d'ou il réfulte une grande variété de fymptômes.

I. Des variétés de la maladie, dans les différentes conftitutions.

Lorfque cette maladie paroît avec les caractères d'une gonorrhée ou d'un chancre, elle varie beaucoup relativement à la violence de fes fymptômes dans les différens individus : elle eft extrêmement légère chez quelques-uns, & tout-à-fait violente chez d'autres.

Lorfqu'elle eft de peu de conféquence, elle eft en général fimple dans fes fymptômes, n'en ayant que très-peu, qui même ne s'étendent guères, & font bornés à une diftance fpécifique; mais lorsqu'elle eft violente, les fymptômes en font Eeaucoup plus compliqués, plus nombreux, & ils s'étendent au-delà de cette diftance. Cette différence d'effet ne dépend pas d'une qui feroit propre & fpécifique au virus, mais de la différence qui fe trouve dans la difpofition, & modification des forces motrices du corps, ou de certaines parties du corps, dont quelques unes font peù fufceptibles de cette irritation ou même d'aucune autre que ce foit; pendant que d'autres le font beaucoup plus, au point même d'être mifes violemment en action par la moindre irritation.

L'irritation vénérienne ne fuit cependant pas toujours cas règles; car j'ai connu des jeunes gens, chez qui un ulcère ordinaire s'eft guéri facilement, tandis que l'irritation, qui accompagnoit une gonorrhée fut violente, & qu'un chancre s'enflamma & s'étendit avec une grande rapidité, & même fe mortifia. D'une autre côté, j'ai connu aussi d'autres jeunes gens qui ayant contracté un ulcère par une caufe extérieure, n'en purent guérir qu'avec beaucoup de difficulté. Cependant ces mêmes perfonnes ayant gagné une gonorrhée ou un chan cre, ces maladies n'en furent pas moins faciles à guérir.

L'irritation chez certains fujets eft la plupart du temps légère ou violente, d'une manière uniforme. Dans le premier des cas que nous venons d'établir, elle eft fujette à varier, mais alors nous préfumons que ces variétés dépendent de quelque indifpofition qui exifte en même tems dans la conf itution. J'ai connu plufieurs hommes, dont les gonorrhées étoient ordinairement fi légères qu'elles fe guérilloient d'ellesmêmes; mais il eft arrivé quelquefois chez les mêmes perfonnes, que la gonorrhée a été fi grave qu'elle a résisté à tous les moyens auxquels on a eu recours pour la guérir; mais en peu de jours la fievre étant furvenue & fe diffipant après avoir duré quelque tems, les fymptômes de la gonorrhée s'adoucirent également bientôt, & ne tardèrent point à dif paroître. Nous obferverons ici en paffant, que la vérole proprement dite, n'affecte pas également tous les individus, les fymptômes chez quelques uns étant très-rapides, tandis qu'ils font très lents chez d'autres.

CHAPITRE IV.

De la maladie vénérienne, confidérée comme caufe de quelques autres maladies.

On peut

N peut dire que chaque animal à des difpofitions naturelles aur actions morbifiques, difpofitions qu'on peut considérer comme caufes prédifpofantes, & qui peuvent être miles en jeu, toutes les fois que la caufe immédiate a lieu. Celle-ci cependant peut être de nature à n'avoir aucune connexion avec ces difpofitions, & ne peut conféquemment être confidérée comme caufe de la maladie. Une maladie donné lieu à une autre, & d'après cela elle en eft regardée comme la feule caufe. Des fièvres légères par exemple, ou des rhumes, la petite vérole, & la rougeole, deviennent fréquemment la caufe immé diate des écrouelles, & certains défordres dans les actions naturelles du corps, fouvent entraînent après eux la goute, des fièvres intermittentes, & autres maladies; mais ces maladies fe rapporteront toujours plus, ou moins à la conftitution du corps, & aux parties qui en feront affectées. Mais cette conftitution différera felon les circonftances, qui peuvent être nombreufes; deux d'elles prévaudront toujours fur les autres, & telles font le pays qu'on habite, & l'âge.

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