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En Angleterre, la tendance aux écrouelles dérive de la nature du climat qui chez plufieurs, eft une cause prédifpofante, & n'exige quelquefois que quelques légers défordres, pour en devenir une immédiate, & produire la maladie complette.

La maladie vénérienne devient également la caufe prochaine d'autres maladies, en faifant revivre des difpofitions cachées. Un pareil effet n'a pas lieu parce que la maladie. eft vénérienne, mais parce qu'elle a dérangé les actions naturelles; de forte que du moment où l'affection vénérienne ceffe, l'autre commencé. Nous avons même obfervé dans plufieurs cas, que cette difpofition étoit fi forte, qu'elle a eu lieu avant même que la vénérienne ait été entiérement diffipée. En effet, en fuivant dans ces cas le traitement mercuriel, les fymptômes empiroient; & au contraire, en diminuant la nouvelle difpofition, & la rendant moins active que la vénérienne, celle-ci rentroit de nouveau en action, & ces effets ont eu lieu alternativement plufieurs fois. Quand en pareilles circonstances, on peut combiner les deux méthodes de traitement, on doit fe trouver très-heureux; ce qui eft le contraire lorfqu'elles agiffent d'une manière oppofée. Si la maladie vénérienne porte fon impreffion fur. les poumons, quoiqu'on puiffe fouvent la corriger, il peut cependant s'enfuivre la confonption; de même lorfque les os ou le nez font affectés, les tumeurs fcrophuleufes, ou la fiftule lacrimale, peuvent en être la fuite, quoique la maladie ait été guérie.

Lorfque la maladie vénérienne développe quelqu'une de celles dont nous venons de parler, elle lui imprime un caractère particulier, tout-a-fait indépendant de la conflitution de la maladie, & du traitement qu'on lui adminiftre, ce qui fait qu'on eft toujours embarraffé pour en difcerner la nature; cependant en général, elle recevra de la conftitution, une difpofition particulière, qui nous fera foupçonner pour peu que nous en ayons connoillance, quelle eft la caufe la plus puiffante, parce que la maladie participera plus de celle-ci que de l'autre. Ici ces maladies ont plus communément une difpo ɓition aux écrouelles, & font fouvent vraiment fcrophuleufes, la mala ie participant plus de cette difpofition que d'aucune autre.

Les parties ont auffi leurs difpofitions particulières aux maladies, & ces difpofitions font plus fortes que celles qui dépendent de la conftitution en général, & lorfquelles font Lélées elles éprouvent l'action morbifique qui provient de ces difpofitions; c'eft pourquoi lorfque les actions natu➡

relles des parties ont été détruites par une irritation vénérienne, ces difpofitions font mifes en action; & de là nous ne devons point perdre de vue les maladies, qui en proviennent. La fituation locale, & l'âge, influeront auffifur elles.

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Dans certains pays, & chez les jeunes gens chez qui la difpofition aux écrouelles fera prédominante, les bubons de viendront plus facilement fcrophuleux. Ils peuvent également dégénérer en cancer chez les perfonnes âgées; & dans les parties du corps, qui ont une plus grande difpofition à l'affection cancéreufe.

Le défaut de connoiffance, & le peu d'attention qu'on a apportée dans l'examen de ce fujet, ont été la caufe de beaucoup d'erreurs; car toutes les fois, que ces effets ont été produits à la fuite de la maladie vénérienne, elle a été immé. diatement inculpée, & regardée non-feulement comme cause, mais comme la maladie elle-même. C'eft une induction affez' naturelle de la part de ceux, qui ne peuvent appercevoir que différentes caufes font capables de produire le même effet, ou en d'autres termes, que toutes les fois que la caufe prédifpofante eft la même, la même action peut être auffi' le résultat de diverfes caufes immédiates. On ne fauroit montrer une plus grande preuve d'ignorance, que de fuppofer la maladie vénérienne, être en même-tems & caufe prédifpofante, & caufe immédiate. Lorfque la maladie vénérienne attaque Furèthre, elle devient fouvent elle-même la caufe prédifpo fante d'abcès, & de plufieurs autres maladies; lorfqu'elle fe manifefte à l'extérieur de la verge fous forme de chancres ceux-ci s'ulcèrent fouvent fi profondément, qu'ils commuquent avec l'urèthre, & y produifent des fiftules ; & quelquefois des phymofis permanens.

Nous devrions dans la defcription des maladies, qui, comme la maladie vénérienne, préfentent un grand nombre de fymptômes, garder un jufte milieu, en expofant d'abord les fymptômes les plus communs de la maladie, fous toutes fes formes, & enfuite les variétés qui fe rencontrent très-fréquemment, pour terminer par celles qui font plus rares; mais comme il nous fera impoffible de faire mention de toutes les variétés, qui peuvent avoir lieu; fi l'on en rencontre une que nous n'ayons pas décrit, il ne faut pas en inférer, que nous ayons égaré notre lecteur, ou que nous n'ayons pas eu une connoiffance fuffifante de la maladie; car fi nos principes généraux font juftes, ils doivent aider à en expliquer la plupart des fingularités.

PARTIE I I.

CHAPITRE PREMIER.

De la gonorrhée.

LORSQU'UNE ORSQU'UNE matière irritante quelconque, eft appliquée à une furface fécrétoire, elle en augmente la fécrétion, & la fait parler de fon état naturel ( quel qu'il foit,) à un autre, qui dans la maladie, dont nous traitons, eft du

pus.

Lorfque ce changement a lieu dans l'urèthre, on le nomme gonorrhée; & comme il provient de ce que la matière est appliquée à une furface non cuticulaire, qui naturellement fépare quelque fluide, il importe peu alors dans quelle partie du corps fe trouve cette furface; car fi c'eft à l'anus, à l'intérieur de la bouche, du nez, des yeux, ou des oreilles, il s'en fuivra toujours un effet analogue dans l'une ou l'autre de ces parties. Quelques-uns penfent que la gonorrhée peut avoir lieu fans la caufe immédiate dont nous venons de faire mention, c'eft-à-dire qu'elle peut dépendre de la conftitution même; fi cela eft ainfi, elle doit avoir beaucoup de rapport à ce qu'on regarde comme une ophtalmie vénérienne. Mais d'après f'analogie des autres affections vénériennes, qui proviennent de la conftitution, nous nous croyons en droit de foupçonner l'existence de l'une, ou de l'autre maladie; car lorfque le virus fe porte fur la bouche, le gofier, ou le ncz il y produit des ulcères, & point de fecrétion femblable à celle d'une gonorrhée; mais on ne trouve jamais un ulcère dans l'intérieur des paupières, dans ces ophtalmies; & les gonorrhées dans l'urèthre font trop fréquentes pour provenir d'une tellè caule.

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On a cru jufqu'en 1753', que la matière qui coule de l'urethre dans une gonorrhée, venoit d'un, ou de plufienrs ulcères dans ce canal; mais l'obfervation a été depuis contre cette affertion.

Il ne fera pas hors de propos de dire ici quelque chofe fur la manière, dont on a découvert, que la matière étoit formée par l'inflammation, fans ulcération quelconque. Dans l'hiver de 1749, on a apporté à la falle de diffection du Docteur Hun

ter àCouventGarden, un enfant mort d'une pleuro-pneumonie.A l'ouverture du cadavre, on trouva dans la cavité de la poitrine, une grande quantité de pus épanché, & la furface des poumons & de la pleure, couverte d'une fubftance plus folide, femblable à de la lymphe coagulable. Après avoir enlevé cette lymphe, les furfaces fe font trouvées faines, & fans aucune érosion. Ce fait paroiffant absolument nouveau au Docteur Hunter, il a fait appeller M. Samuel Sharp, auquel il parut également étrange. M. Sharp quelque tems après, en 1750, publia fes recherches critiques, dans lefquelles en parlant de ce fait, fans faire mention d'où il l'avoit tiré, il dit » que le pus peut être formé fans une folution de continuité dans les folides « Le Docteur Hunter enfeigna toujours enfuite cette Doctrine dans fes leçons; & cependant des auteurs l'adoptèrent, fans citer ni M. Sharp, ni le Docteur Hunter. Conduit par cette connoiffance préliminaire, je fus curieux d'examiner, fi la matière dans une gonorrhée étoit formée de la même manière.

Dans le printemps de l'année 1753, il y eut une exécution de huit hommes, dont je favois que deux étoient attaqués, dans ce temps-là, de gonorrhées très graves. M'étant procuré leurs corps, je les examinai avec une attention fcrupuleufe; mais je ne trouvai point d'ulcération ; les deux urèthres feulement, me parurent à peine un peu plus rouges, fur tout proche du gland. Ce fait nouvellement découvert, & certain, ne put pas échapper à M. Gataker, toujours attentif à ce qui pouvoit tourner à fon avantage; il fuivoit alors les leçons du Docteur Hunter, & pratiquoit auffi fous moi la diffection. Il publia bientôt après en 1754, un traité fur cette maladie, & expliqua pleinement, que la matière d'une gonorrhée ne provenoit point d'un ulcère, fans dire comment il avoit acquis cette connoiffance. Cette idée a depuis toujours été adoptée dans les ouvrages publiés à ce fujet. Depuis l'époque ci-deffus mentionnée, j'ai toujours fait une attention particulière à cette circonstance, & j'ai ouvert l'urèthre de plufieurs perfonnes, qui à leur mort avoient la gonorrhée, & je n'ai ja mais trouvé d'ulcère dans aucunes, mais j'ai toujours obfervé que l'urethre, près du gland, étoit plus rouge qu'à l'ordinaire, & que les lacunes étoient fouvent remplies de matière. J'ai à la vérité vu un exemple d'un petit ulcère dans l'urèthre, mais cette erofion n'étoit l'effet d'aucune ulcération de la furface; elle prenoit fa fource d'une inflammation qui s'étant probablement établie dans une des glandes, y avoit produit un abcès, lequel s'étoit ouvert dans l'urethre. Le

même

même ulcère s'étoit auffi ouvert extérieurement près du frein, de manière à donner paffage à l'urine. La méthode de guérir la gonorrhée, auroit dû faire fentir qu'elle ne dépend point d'un ulcère vénérien ; car à peine avons-nous un exemple d'ulcère vénérien guéri fans mercure, a moins qu'on n'y ait appliqué des efcharotiques. Nous favons cependant, qu'on guérit plufieurs gonorrhées fans mercure, &, ce qui eft plus encore fans aucun fecours de la Médecine, ceque je crois n'avoir jamais lieu pour le chancre. Le Docteur Hunter eft le premier, qui ait enfeigné publiquement dans fes leçons en 1750, que dans la gonorrhée il n'y a point d'ulcère; mais il n'a pas tenté d'expliquer ce fait.

I. De l'intervalle entre l'application du poifon, & fon effet.

Dans la plupart des maladies, il fe paffe toujours un certain temps, entre l'application de la caufe, & l'apparition de l'effet. On obferve, que dans la maladie vénérienne, ce tems varie confidérablement ; ce qui eft dû probablement à. l'état du corps, au moment où l'infection a été communiquée. Chaque forme de la maladie varie auffi à cet égard; la gonorrhée & le chancre, fe manifeftant plutôt que la vérole après l'infection, & la gonorrhée plutôt que le chancre. Les tems où la gonorrhée paroît, font très-différents entr'eux ; nous fommes fuffifamment autorifés à croire, que dans quelquesuns, le poifon fait fon effet en peu d'heures, tandis que dans d'autres, ce n'eft qu'après fix femaines ; & en général nous en avons vu des exemples dans tous les périodes intermédiaires, autant que nous pouvons compter fur le témoignage de nos malades, ne pouvant avoir d'autre évidence. Il paroît que les périodes les plus ordinaires font entre fix, huit, dix ou douze jours; quoique il y ait des fujets qui puiffent être affectés beaucoup plutôt, & d'autres beaucoup plus tard. Un homme marié venant de la campagne, & ayant précédé de quelques jours fon époufe, fe rendit par caprice dans un Bagnio (1), & y eut commerce avec une femme publique; le lendemain matin il la quitta, & il ne fut pas plutôt rendu chez lui, qu'il fentit une humidité à

(1) On entend ici, à Londres, par le mot de Bagnio, un endroit public, quoiqu'il fignifie Bain. Effectivement les maifons qu'on appelle Bagnios, ont été établies originairement fur le pied des bains mais depuis long-temps Bagnio, & maison publique font fynonimes.

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