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la verge, & en l'examinant, il fe trouva avoir une gonorrhée commençante, qui par la fuite lui devint très-incommode. J'ai appris d'un autre homme, qu'après avoir paffé toute une nuit avec une femme, il s'étoit trouvé attaqué le matin, d'une gonorrhée; & que la même chofe lui étoit arrivée deux fois. Un troifième me dit, que chez lui, l'écoulement le manifefta trente-fix heures après l'application du poifon. L'infection chez les malades dont nous venons de parler, dut prendre naiffance après l'impreffion du virus, à ces époques déterminées; puifque aucun d'eux n'avoit eu l'occafion de la recevoir, depuis un tems confidérable.

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De pareils témoignages venant de gens dignes de foi, & qui n'ont aucun intérêt de tromper, forment autant de vérités établies fur une fuffifante évidence. D'un autre côté, j'ai un exemple également inconteftable, que fix femaines fe fout écoulées, après l'application du virus, avant l'apparition d'aucun fymptôme. Dans ce malade, la gonorrhée fut précédée par des fymptômes étranges, & peu communs, qu'une fenfation extraordinaire dans les parties, aveĉ la plupart des autres fymptôines de la maladie, excepté l'écoulement. Environ un an après, il fut attaqué de la même maladie, qui ne fe manifefta qu'un mois après l'impreffion du virus, & fut précédée par les mêmes fenfations défagréables, qu'il avoit ci-devant éprouvées; mais inftruit par fa propre expérience, il foupçonna ce qui devoit lui arriver. D'après cela, nous fommes portés à croire, que le virus refte rarerement, ou même jamais auffi long-tems en repos, & que l'état inflammatoire peut avoir lieu un tems confidérable avant que la fuppuration commence. Il y a moins de difpofition à la guérifon, dans ces cas, parce que la même difpofition, qui forme une gonorrhée, eft en général critique, & conftitue un état intermédiaire entre la maladie, qui eft l'inflammation, & la guérifon; car dans le tems de la fuppuration, il eft furvenu dans les vaiffeaux un changement, qui détermine la formation de la matière. Nous ne pouvons affurer, fi ce changement n'avoit jamais lieu, quelle conféquence pourroit en résulter, ni déterminer, fi l'inflammation difparoîtroit fans fuppuration, comme cela arrive dans plufieurs inflammations ordinaires; mais nous foupçonnons qu'elle continueroit beaucoup plus long-tems que de coutume, parce que les parties n'auroient point eu une action complette. Il eft a préfumer auffi, que cette difparité de fuccès, provient toujours de quelque fingularité dans la conftitution.

II. De la difficulté de diftinguer la gonorrhée virulente de la fimple.

Indépendamment du virus vénérien, il eft une infinité d'autres causes, qui rendent la furface de l'urèthre fujette à l'inflammation, & à la fuppuration; plufieurs écoulemens fpontanés, pouvant furvenir fans qu'on en puiffe déterminer la caufe immédiate. On peut donner à ces écoulemens le nom de gonorrhée fimple; ils ne tiennent rien de l'infection vénérienne cependant on obferve, que ceux, qui ont été cidevant fujets aux gonorrhées virulentes, les contractent plus aifément dans la fuite. On a cru diftinguer la gonorrhée fimple, de la gonorrhée virulente, en ce que cette dernière paroît immédiatement après le coit, & qu'elle eft d'abord violente; tandis que la gonorrhée virulente ne fe déclare que quelques jours après, & augmente graduellement. Mais la gonorrhée fimple n'eft pas dans tous les cas une fuite d'un commerce avec des femmes, elle ne vient pas toujours toutà-coup, ni n'eft pas toujours exempte de douleur.

D'un autre côté nous voyons plufieurs gonorrhées virulentes, qui commencent fans la moindre apparence d'inflammation; & j'ai été fouvent embarrassé pour déterminer, fi elles étoient virulentes, ou non; car il y a une certaine claffe de fymptômes communs à prefque toutes les maladies de l'urèthre, d'après lefquels il eft difficile de diftinguer le petit nombre, qui dérivent uniquement de l'affection fpécifique. J'ai vu l'urèthre fympathifer avec les douleurs occafionnées (1) par une dent prête à percer la gencive, & produire tous les fymptômes de la gonorrhée, & cela arriva plufieurs fois chez la même perfonne. On fait que l'urèthre eft quelquefois le fiége de la goutte (2). Il l'eft auffi du thumatime. Chez ceux, qui ont eu plufieurs fois des mala ladies vénériennes, l'urèthre eft plus disposée à "manifester des fymptômes femblables à la gonorrhée, qu'il ne l'eft dans ceux qui n'ont jamais eu d'affection de ce genre; & c'est généralement parce que ces parties ont fouffert de la maladie, que la gonorrhée fimple fe déclare; ce qui eft peut-être auffi une raifon pour laquelle elles fe reffemblent à plufieurs

(1) Nat. Hift. of Teeth, pl. II, pag. 126.

(2) Effays, and Obf. Phys, and Litter. of Edim, v. III. pag.

425.

égards. Dans cette affection, l'urèthre eft attaqué d'un écoule ment, accompagné de douleur, & on y fent de tems à autres, des fenfations extraordinaires. Or ces phenomènes qui peuvent être confidérés, ou comme le retour des fymptômes de la maladie vénérienne, fans virus, peuvent également paroître fi elle eût été fpontanée, ou peuvent être la fuite de quelqu'autres maladies. Quand cet écoulement eft la fuite de quelques gonorrhées vénériennes qu'on aura cues antécédemment, il eft rare qu'il perfifte long-tems, & on peut le regarder comme une gonorrhée habituelle, paffagère, qui difparoît & reparoît alternativement. Mais en pareil cas, le gonflement furvient rarement aux parties affectées; le gland n'acquiert aucune rougeur extraordinaire, & ne rend aucune matière quelconque. On connoît que cet écoulement n'a rien de virulent, lorfque les perfonnes qui en font affligées, n'ont eu depuis long-tems commerce avec aucunes femmes, & lorfqu'il s'eft déclaré de lui-même, fans avoir été précédé par aucune maladie vénérienne, & qu'on n'a couru aucun hasard de la contracter. Il devient très-difficile dans plufieurs cas de déterminer s'il est vénérien, ou non, en ce que communément il difparoît bientôt chez ceux qui ont cu commerce avec des femmes, comme chez ceux qui n'en ont point eu; De-là, il arrive qu'on prend fouvent pour gonorrhées virulentes, celles qui ne le font pas ; & d'un autre côté, qu'on peut regarder comme le retour de l'écoulement fimple celui qui eft réellement virulent; mais cette circonftance n'eft peut-être pas une auffi importante, qu'on pourroit d'abord l'imaginer. On peut confidérer ces états comme des incommodités attachées ceux qui ont eu la gonorrhée vénérienne; on n'a pas encore de méthode certaine pour les guérir; elles ont quelque chofe d'analogue aux fleurs blanches chez les femmes.

III. Pourquoi la fuppuration n'eft pas fuivie dans la maladie actuelle, des mêmes effets falutaires qui l'accompagnent communément, dans les autres inflammations.

Dès qu'une furface fécrétoire eft enflammée, l'humeur qu'elle fépare augmente, & s'altère vifiblement; demême que quand l'irritation a produit une inflammation, & un ulcére dans les parties folides, il se fait une fécrétion de matière, propre à emporter dans l'un & l'autre cas, la matière irritante; ainfi l'irritation tend par elle-même à anéantir sa propre caufe, comme on le voit quand un atôme affecte l'organe de la vue,

La fécrétion des larmes augmente, & leur abondance détermine l'expulfion du corps étranger, dont la préfence eût occafionné de plus grands maux. Mais cet effet ne peut pas avoir lieu dans les inflammations qui proviennent des virus fpécifiques, ou morbifiques; car quoique la première matière irritante foit entraînée, cependant celle qui lui fuccède, a lá même qualité, d'où il réfulte, qu'elle produira une fucceffion perpétuelle d'irritations, & conféquemment une furabondance de fécrétions, quand même il n'y auroit d'autre car fe pour continuer cette fucceffion, que fa propre matière. Or l'inflammation vénérienne n'eft pas entretenue par le pus, qui fe forme; mais comme d'autres maladies connues, par la qualité fpécifique de l'inflammation même. On pouroit cependant croire que cette inflammation ne devroit durer qu'un certain tems; les fymptômes qui lui font particuliers, fe diffipant d'eux-mêmes, à raifon de la moindre activité des parties, qui deviennent de plus en plus moins fufceptibles d'irritation. Mais cette circonftance n'eft pas particulière à ce feul fymptôme de la maladie vénérienne; elle s'étend encore à prefque toutes les maladies, qui peuvent affecter le corps humain. De-là il paroît que la matière vénérienne, qui se forme enfuite, n'a pas le pouvoir de continuer l'irritation primitive; autrement, la maladie n'auroit point de fin.

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Comme le principe de la vie, dans plufieurs maladies, ne peut par lui-même maintenir la même action morbifique, auffi perd ce pouvoir dans la maladie vénérienne lorfqu'elle fe préfente fous la forme d'une gonorrhée, & l'effet ceffe à la fin d'avoir lieu, l'irritation diminuant graduellement. Le tems où cette ceffation paroîtra, variera fuivant les circonftances; car fi les parties irritées font très-fufceptibles d'irritation, fuivant toute probabilité, leur actions feront plus violentes, & dureront plus long-tems; mais dans tous les cas, cette différence proviendra toujours de celle qui exifte dans la conftitution, & non pas de celle qui exifte dans le

virus même.

La maladie ne ceffe naturellement, que quand elle n'attaque qu'une furface fécrétoire, & qu'il fe forme de la matière; car lorfqu'elle fe fixe, fur une furface non fécrétoire, & qu'elle y produit un ulcère, les parties deviennent alors capables de perpétuer pour toujours la maladie, ou le mode d'action qui la conftitue, ainfi que nous le remarquerons en parlant du chancre. Mais cette différence entre une guérifon fpontanée, & celle qui ne l'eft pas, paroît confifter plutôt dans la différence des deux modes d'action, que dans celle des deux fur

faces; car lorfque la maladie produit un ulcère fur une furface fécrétoire, comme fur les amygdales, ce qui vient fouvent de la conftitution des fujets, cet ulcère n'a aucune difpofition à fe guérir de lui-même; de même que fi après une infection récente, la même maladie fe forme dans l'urèthre, elle ne fe guérira pas plutôt, que fi elle s'étoit formée partout ailleurs.

La pratique ordinaire confirme ces faits; nous voyons toujours des ignorans guérir des gonorrhées, & échouer à guérir le chancre ou la vérole, qui demandent une connoiffance entière de la maladie ; la raison eft que la gonor hée fe guérit d'elle-même, pendant que les autres requièrent les fecours de l'art.

On obferve quelquefois, que les parties les premières irritées, vont bien pendant qu'une autre partie de la même furface reçoit l'irritation, de manière à perpétuer la maladie, comme arrive lorfqu'elle paffe du gland à l'urèthre.

un

En admettant que toutes les gonorrhées fe guériffent fans le fecours de la Médecine, nous doutons fort qu'il foit poffible qu'une perfonne gagne une nouvelle gonorrhée, pendant que la première n'cit pas guérie; ou que la même maladie puiffe s'augmenter, par l'addition d'une nouvelle matière de la même espèce. Cette obfervation peut s'étendre à tous les autres fymptômes de la maladie; car il a été prouvé que l'application du pus, qui fort d'une gonorrhée, fur un bubon, n'en empêche nullement la guérifon, & que la matière d'un chancre mife fur un bubon, ou celle d'un bubon fur un chancre, ne produifent aucun mauvais effet; quoique cependant fi l'on applique du pus vénérien fur ulcère ordinaire, il y excite fouvent l'irritation vénérienne. Tous ces effets nous déterminent à fuppofer que le pus vénérien d'une gonorrhée, ne contribue pas à l'entretenir; car ce n'eft qu'une application de matière, dont le virus, & les effets font exactement semblables aux effets déja produits fur les folides. Or rien ne peut augmenter ou continuer ces effets, fi ce n'eft une fubftance capable d'augmenter la difpofition de ces parties à une pareille inflammation, ou de les en rendre beaucoup plus fufceptibles. On obferve d'ailleurs, qu'on peut guérir une gonorrhée pendant qu'il y aura un chancre; & alternativement: or fi une nouvelle matière vénérienne étoit capable d'entretenir la maladie, on ne pourroit jamais guérir aucune gonorrhée, pendant qu'il y auroit ce continuel fupplément de matière (1). D'après

(1) En traitant du pus, dans mes leçons, j'ai donné à entendre

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