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en difant qu'il exifte au tems-même de l'inoculation, une autre maladie dans la conftitution? La guérifon de quelques maladies, telles que la fuppreffion, ou la cure d'ane gonorrhée par une fièvre, ne dépendroit-elle pas de ce principe?

L'exemple d'un des cas, que m'a fourni ma propre obfer vation, fervira a éclaircir de plus en plus cette opinion. Le Jeudi 16 Mars 1775, j'inoculai un enfant, & l'on remarqua que les piqûres que j'avois faites étoient affez grandes, lors de l'opération le Dimanche fuivant 19 les fignes de l'infection reçue, furent évidens; on appercevoit une légère inflammation, ou rougeur autour de chaque piqûre, & il s'éleva fur la furface de la peau une petite tumeur. Le 20 & le 21, l'enfant eut la fièvre; mais comme l'inflammation n'avoit pas fait le moindre progrès, dès le 19, je déclarai que ce n'étoit pas la fièvre varioleufe. Le 22, il fe fit une éruption confidérable, qui étoit évidemment la rougeole; les petits ulcères factices des bras, parurent vouloir fe cicatrifer, ils étoient moins enflammés Le 23, le corps fut couvert de rougeole, & les piqûres des bras étoient dans le même état que le jour précédent. Le 25, la rougeole commença à difparoître, & les deux jours fuivants, les piqûres reparurent un peu rouges. Le 29, l'inflammation augmenta, & il s'étoit formé un peu de matière. La fièvre revint le 30, & au tems régulier, la petite vérole fe manifefta, parcourut fes périodes ordinaires, & fe termina favorablement (1). Le même phénomène pouvant s'obferver dans la

(1) M. Cruikshank rapporte un cas semblable (1). » J'innoculai, dit» il, l'été dernier une fille, à Parsons Green, & huit jours après, la » rougeole fe déclara, fans qu'il s'enfuivît le moindre changement dans » l'endroit où j'avois fait l'insertion de la matière varioleufe. Cette fille pa>> roiffoit tout-à-fait bien, & je ne pouvois plus appercevoir la piqûre, que »j'avois faite. La rougeole fuivit fon cours ordinaire d'environ quatorze » jours,& au commencement de la quatrième femaine après l'inoculation, » la piqûre du bras commença à s'enflammer, & il se forma une belle puftule varioleufe, qui fut fuivie de l'éruption ordinaire. La malade eut la petite vérole d'une efpèce très-bénigne, malgré qu'elle eût été très-ma» lade de la rougeole, & guérit «.

(1) Remarks on the Absorption of Calomel from the internal furface

maladie vénérienne, qui se manifeste également à différentes époques après l'infection, pourquoi ne l'expliqueroit-on point d'après le même principe?

III. Des facultés des différentes parties du corps, comparées entre elles, d'après leur fituation & leur ftructure.

Les parties affectées, comme nous aurons occafion de l'obferver, entrent plus aisément en action, & continuent d'agir avec plus d'énergie, lorfqu'elles font près de la fource de la circulation, que lorfqu'elles en font éloignées; car le cœur exerce fon influence fur les différentes parties du corps, à raison de fa proximité avec elles; or plus celles - ci en font éloignées, plus auffi leur puissance est moindre.

Cette idée fera peut-être mieux éclaircie par un exemple pris en pathologie, que par aucun autre que nous fourniroient des actions qui fe paffent dans l'état de fanté.

En effet deux parties fituées à des distances inégales du cœur, ne pouvant être mises en action, en fanté, avec une force égale, nous ne pouvons conféquemment tirer de la confidération de cet état, aucune preuve comparative, propre à faire conclure en faveur de notre systême. Nous observerons en paffant, que toutes les parties vitales font près du cœur.

On voit donc dans les maladies, la mortification, qui eft caufée par débilité, avoir plus fouvent lieu dans les extrémités, que dans les autres parties, furtout fi la perfonne eft grande; le cœur ne pouffant pas vers elles le fang'avec autantide force que vers les autres. Dans une telle circonftance, ceux qui font affligé d'hémiplégie, meurent fouvent d'une mortification, qui a lieu fur les extrémités du côté paralyfé. Dans quelquesuns de ces cas, les artères fe rompent, & ainfi donnent lieu à

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of the moush; accompanied with a preliminary sketch of the Hiftory and principal doctrines of abforption in human Bodies. In a Letter tod M. Clare, By William Cruikshank A. M. Reader in Anatomy.

London, M. D CCLXXIX.

l'extravasation du fang, d'où nous pouvons inférer, que dans l'état de fanté, elles font vraisemblablement en proportion plus foibles. On obferve que cette forte d'extravafation commence communément aux extrémités. Ce principe que nous établiffons, eft de la dernière évidence, non-feulement dans ces deux maladies; mais encore dans toutes celles qui peuvent affecter le corps humain. Il fe manifefte furtout par la facilité avec laquelle les maladies paroiffent, & fe continuent fur les parties éloignées de la fource de la circulation, comme auffi par la difficulté, qu'elles ont à fe guérir.

Les parties ne diffèrent pas feulement dans leurs actions. refpectives, relativement à ce qu'elles font plus voifines, ou plus éloignées du cœur, mais auffi felon leur ftructure particulière, d'où proviennent les différences qui furviennent dans le progrès des maladies, & dans les opérations naturelles en fanté.

La machine animale étant compofée de différentes fubftances, telles, que des mufcles, des tendons, du tiffu cellulaire, des ligamens, des os, des nerfs, &c. ; on peut en comparant chacune de ces parties entr'elles, obferver les progrès des maladies, & leurs actions refpectives, relativement à la guéri

fon; & fous ce rapport, on trouve qu'elles diffèrent extrêmement les unes des autres. Nous n'avons pu jusqu'à présent déterminer à quel point ces différences ont lieu dans toutes les maladies; nous ferions cependant portés à croire que, dans les maladies fpécifiques, telles, que les écrouelles, & le cancer, il n'y a généralement pas de différence dans le mode d'action, relativement à la ftructure des parties (1), ces maladies produifant toujours les mêmes effets dans les organes, qui en font fufceptibles. Il n'en eft pas de même dans les maladies accidentelles, celles-ci manifestent une grande différence dans leurs effets, lorfque les organes qu'une pareille caufe affecte,

(1) Nous n'entendons pas parler ici des parties, qui ont une plus grande tendance aux maladies fpécifiques, que n'en ont plufieurs autres, Comme les vaiffeaux lymphatiques aux écrouelles le fein à l'af fection cancéreufe.

,

font abandonnés à l'action que leur nature détermine, ainfi qu'on l'obferve très-bien dans la maladie vénérienne. Cette différence paroît confifter principalement dans les dégrés de force & de foibleffe, avec lefquels elles réfiftent aux actions morbifiques. Plus ces efforts dans la conftitution primitive des organes font moindres; moins auffi ces organes font en état de réfifter à la maladie; de-là la raifon pourquoi les os, Jes tendons, les ligamens, & le tissu cellulaire manifestent leurs actions morbifiques d'une manière plus lente que les mufclès, ou la peau. Ce principe eft applicable à la maladie vénérienne.

IV. Des parties fufceptibles de maladies particulières.

Il eft des parties beaucoup plus fufceptibles que d'autres, de maladies fpécifiques. Certains virus fe fixent dans différens endroits du corps, comme fi ce fiége leur eût été particulièrement annexé. La peau, par exemple, eft attaquée de ce qu'on appelle communément des éruptions fcorbutiques, & de plufieurs autres espèces de maladies; elle eft auffi le fiége de la petite vérole, & de la rougeole, comme le gofier l'eft de l'hydrophobie, & de la coqueluche. Les écrouelles attaquent le systême absorbant, & fur-tout les glandes. Les mammelles, les testicules, & les glandes conglomerées, font le fiége du cancer. La vérole affecte plus facilement la peau, le gofier, le nez, que les os, & le périofte, & ces dernières parties d'un autre côté, font plus fujettes aux influences de ce virus les parties vitales, qui n'en font peut-être nullement fufceptibles.

V. De l'inflammation.

, que

Nous confidérons l'inflammation ordinaire, comme un accroiffement de force des plus petits vaiffeaux d'une partie, combiné avec un mode particulier d'action, au moyen duquel ils peuvent produire les effets fuivans; favoirs d'unir les parties du corps, les unes avec les autres; de former du pus; & de détruire

quelques parties des folides. Ces effets ne dépendent pas d'un fimple accroiffement d'action, ou d'une dilatation des vaiffeaux; mais d'une action particulière, qu'on n'a peut être jamais compris jufqu'ici.

ces

Nous renfermons fous les dénominations fuivantes, trois effets de l'inflammation; favoir, l'inflammation adhésive, celle, qui tend à unir les parties; l'inflammation fuppurative, celle qui forme le pus, & l'infiammation ulcérative, celle qui détruit & emporte les parties.

Dans l'inflammation adhésive, les artères épanchent une lymphe coagulable, qui devient le moyen d'union des parties féparées. Ce te lymphe coagulable cependant, ne produit point cet effet par fa fimple extravafation, mais parce qu'elle a subi quelque changement avant que les artères ne l'ayent verfé. En effet, on la trouve dans les veines enflammées, entièrement coagulée fur la surface interne du vaisseau, ce qui n'auroit pas cu licu, fi elle n'avoit été qu'extravafée. Dans l'inflammation fuppurative, le fang éprouve, avant de fortir des artères, un changement encore plus confidérable, qui le transforme en pus. Il eft probable, que ce changement a beaucoup de rapport à celui qu'on obferve dans le travail des fécrétions. Ce ne font point les artères qui, dans l'inflammation ulcérative, détruifent & emportent les parties; ce font les vaiffeaux abforbants, qui font pour lors mis en action.

Les artères doivent jouir d'une difpofition & d'une action différente, dans les deux premières efpèces d'inflammation; car on ne fauroit confidérer l'inflammation fuppurative, comme un fimple accroiffement de l'action propre à l'adhésive, puifque les effets en font tout à-fait différens. Il n'en eft pas de même dans la troifième efpèce, où il n'y a probablement point de changement d'action dans les artères autre que celui qu'on obferve dans la feconde; l'action des vaiffeaux abforbants eft feulement furajoutée à cet état, d'où il arrive que les parties folides, & les artères elles-mêmes, font détruites & emportées.

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