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On peut fe plaindre avec raifon de ce que la langue des Arts n'y eft point entendue, de ce que leurs productions y reftent infructueufes, & de ce que l'efprit n'en eft point faili. Comment le feroit-il, puifque le corps même des Arts Y fait à peine quelque impreffion fur des fens trop engagés dans la matière pour goûter des objets qui n'y tiennent qu'autant qu'ils doivent y tenir pour être perceptibles?

Les belles chofes font en trèsgrand nombre à Paris; mais ceux qui les goûtent de la manière dont elles méritent de l'être, y font rares; je dis rares, même dans ce qu'on appelle la fphère des honnêtes gens, des gens du bon ton, de la bonne compagnie, des perfonnes inftruites & qui fe piquent d'avoir l'efprit plus orné & le cœur moins refferré,moins étroit que le vulgaire..

La divifion de Paris en vingt quartiers m'a femblé préférable à tout autre arrangement. Cette divifion ne peut être mieux comparée qu'à un guide fidèle qui conduit fucceffivement un curieux dans toute une ville, & qui. Parrête dans les endroits dignes, de fon attention.

La Collection de M. le Duc d'Orléans, connue pour une des. plus riches de l'Europe, n'avoit point encore été décrite d'une manière fatisfaifante pour les Amateurs. L'arrangement que j'ai fuivi, joint à l'attention de marquer le nombre des Tableaux contenus dans chaque pièce, les mettra à portée de voir très-aifément les productions des diverfes Ecoles que cette immenfe Collection renferme.

A l'égard des Particuliers qui ont formé de beaux cabinets de Tableaux, je me fuis fait un

vrai plaifir de profiter des mémoires qu'ils ont bien voulu me donner, en ufant de la liberté d'y faire les changemens convenables d'après l'examen le plus réfléchi.Ces cabinets au refte font ouverts à tous ceux qui veulent étudier les grands modeles pour former leur goût, ou pour perfectionner leurs talens.

Qu'il me foit permis de remarquer à ce fujet combien Paris eft différent de lui-même, fi l'on compare les bâtimens fouvent mal fitués avec fon intérieur que les Arts, comme de concert,, ont pris plaifir à décorer pour en faire leur fanctuaire. Ce nom ne convient-il pas en effet à tous les édifices, tant publics que particuliers, où le génie de l'Architecture les raffemble?

Le Lecteur peut compter qu'il ne promenera fes regards fur aucun morceau de Peinture ou

de Sculpture qui ne mérite par quelque endroit fon attention.Je ne fais à leur fujet aucunes réflexions, & je lui laiffe tout à deviner. J'avoue qu'à la vue de 3 plus riches galeries & des cabinets les plus curieux, j'ai été mille i tenté d'en analyfer quelques-uns & de rendre compte de ce qui me trouvoit plus fenfible à telle beauté qu'à telle autre. Un Peintre, homme d'efprit, fe feroit évertué, pallionné, & auroit faifi toute occafion de faire briller le feu de fon imagination; mais j'ai modéré l'ardeur de cette impétueufe faculté de l'entendement humain, de façon qu'on ne me reprochera pas le moindre écart. J'ai voulu renfermer dans un trèspetit efpace un nombre infini de chofes, qui font le fruit des recherches les plus exactes

&

ne m'annoncer que comme un guide qui s'offre de procurer aux

Amateurs la vue des chefs-d'œuvre qu'il leur indique. A l'égard de ceux qui defirent de connoître le fublime de l'Art, ils doivent lire l'Hiftoire des grands Peintres dont ils auront vu des Ouvrages. Rien n'eft plus capable de les fatisfaire que l'Abrégé de la vie. des plus fameux Peintres, avec. leurs portraits, imprimé pour la feconde fois en 1762, chez de Bure père, en quatre volumesin-8°.

Les Amateurs verront peutêtre avec plaifir le foin que j'ai pris de rechercher les noms des Graveurs, dont le burin reproduit en quelque forte les ouvrages de l'Art qui décorent nos Temples & nos Palais. Ce détail fait honneur à nos Artistes,rend les talens célèbres, & peut encourager ceux qui commencent à éclôre.

Les Planches de ce Livre font au nombre de huit, Cinq repré

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