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velles charges à l'exemple de fon prédeceffeur, établit des fcelleurs de bulles en plomb, & un college de fécrétaires.

A N. 1485.

XV. Le pape écrit à faw & à l'archiduc

l'évêque de PafAutriche. Raynald. ad hune

ann.

20.

Dès le vingt-deuxiéme de Janvier de cette année sa sainteté avoit écrit à l'évêque de Paffaw, pour arrêter les progrès que l'herefie des Huffites faifoit en Bohême par le zele & les prédications d'un évêque Italien nommé Augustin, qui renouvelloit les erreurs a. n. 18. 19. ← condamnées par les conciles de Conftance & de Bafle. L'évêque de Paffaw y travailla fi efficacement, qu'il ramena l'auteur de ces troubles & lui fit retracter fes fentimens heretiques. Il en informa le pape, qui accorda le pardon au coupable, à condition qu'il quitteroit la Boheme, afin que les peuples infectez de ses erreurs ne voïant plus leur chef, rentraffent plus aifément dans le fein de l'églife. Sa fainteté écrivit encore le dix-huitiéme de Juin à l'archiduc d'Autriche, pour le prier de défendre dans fes états l'épreuve du fer chaud, qu'on emploïoit pour connoître l'innocence d'un homme accufé ou foupçonné. Elle l'exhorte auffi à reprimer par fon autorité les malefices, fortileges, & autres fuperstitions magiques.

XVI. Troubles en EC pagne à caufe de

n. 169.

Annal. lib. 10.

Nous avons vû comment Ferdinand & Ifabelle avoient établi le tribunal de l'inquifition dans le roïaume de Castille. Leur intention avoit été droite, l'inquifition. & peut-être ce tribunal cût il produit de grands Supra liv. CXIV. biens dans ces commencemens, s'il fe fut toûjours Surita, tom. 4. réglé fur la juftice, & s'il n'eût pas exercé un pouvoir cap. 65. tirannique. Mais on ne voïoit de fa part qu'execu- Hifp. lib. 25. cap. tions fanglantes. C'étoit tous les jours quelque Juif ou quelque Maure Mahométan, qu'on accufoit d'êtrerctourné à fes anciennes fuperftitions, & que l'on

8.

Mariana Lift.

faifoit mourir pour ce fujet, comme fi la religion fe

AN. 1485. perfuadoit par la violence, & qu'elle fe fit quelque gloire d'être cruelle, ou d'avoir un grand nombre de fujets malgré eux. Ceux qui avoient échappé à la feverité de ce redoutable tribunal, fe plaignoient qu'on faifoit tous les jours mourir un grand nombre d'innocens, dont le crime confiftoit à avoir des ennemis intereffez à leur perte. Quelques principaux feigneurs fe joignirent à eux, fous prétexte qu'on violoit la liberté, & que non contens de confifquer les biens des accufez, le délateur étoit compté pour témoin, quon ne donnoit à ces mêmes accufez aucune connoiffance de ceux qui les accufoient, & qu'il n'y avoit point de confrontation de témoins. Des plaintes on en vint aux murmures & à la révolte. Les états d'Arragon prierent Ferdinand d'y mettre ordre, de regler le tribunal de l'inquifition fur le modele des autres tribunaux, tant ecclefiaftiques que féculiers, & d'empêcher la confifcation des biens. Quelque jufte que fût leur demande, les inquifiteurs en prirent auffi-tôt l'allarme. Il en coûta la vie à un d'entr'eux nommé Pierre d'Arbuefa. Un mercredi quatorziéme de Septembre, comme il prioit suivant fa coûtume devant le grand autel dans l'églife cath edrale de Sarragoffe, une troupe de fcelerats accoûtumez aux crimes, fans aucun respect pour la fainteté du lieu, fe jetterent fur lui, & l'aïant percé de plufieurs coups de poignard, le laifferent à demi mort fur la place. L'inquifiteur vêcut encore deux jours, & les habitans de Sarragoffe inhumerent fon corps avec beaucoup de pompe au même lieu où il avoit été affaffiné. On crut voir pendant ce temps-là bouil lonner fon fang fur le pavé; mais quoi qu'il en fait

de ce prodige, le pape Paul III, aïant égard à la fainteté de la vie de l'inquifiteur, le canonifa dans la fuite AN. 1485. à la priere de Charles-Quint.

Ferdinand d'Arragon qui avoit befoin d'argent pour continuer la guerre contre les Maures, s'étoit adreffé au pape Sixte IV. pour obtenir les décimes de fon clergé, il avoit levé jufqu'à cent mille ducats d'or, & avec ce fecours il avoit déja fait affez de progrès. Mais comme Innocent VIII. avoit aboli toutes ces permiffions accordées par son prédecesfeur; Ferdinand s'adreffa au nouveau pape pour lui en demander la continuation. Innocent la lui continua par une bulle dattée du vingt-fixiéme d'Août de cette année, & lui écrivit enfuite de même qu'à Ifabelle le trentiéme de Janvier fuivant. Cette permiffion détermina ce prince à rentrer dans le roïaume de Grenade avec une armée plus nombreuse qu'il n'avoit cuë jusqu'alors ; & l'aïant partagée en plufieurs corps, il attaqua en même temps & emporta avec une diligence incroïable plufieurs châteaux qui empêchoient l'approche de la ville de Ronda. Les Maures croïoient cette place imprenable, & fa prife jetta une fi grande terreur dans toutes les villes voifines, qu'il fuffifoit de les fommer pour les obliger à fe foumettre. Par-là Ferdinand fe rendit maître des dix-neuf villes des montagnes d'Arraval, des dixfept de celle de Gaufin, des douze de Villa-longa, de Maravelle, de Monte- major, de Cortos & de douze places des environs. Pendant qu'il combattoit ainfi en apparence pour le jeune roi de Grenade, fon véritable but étoit de s'emparer pour lui-même de ce roïaume. Pour y mieux réüffir il n'oublia rien de tout ce qui pouvoit entretenir la méfintelligence en

XVII.
Le pape accorde

au roi d'Espagne

les décimes fur le clergé.

Raynald. ad hune

ann. 1485. Anton. Nebriß.

Décad, 2. lib. 1.

tre l'oncle & le neveu, il augmenta les défiances de

AN. 1485. celui-ci ; & pour lui ôter à Ton égard tout fujet de foupçon, il redoubla les careffes qu'il lui avoit faites jufqu'alors & le combla de nouveaux prefens. Par ces bons traitemens, il lui fut aifé de faire entrer le jeune roi dans tous fes deffeins. Ferdinand lui aïant fourni des troupes, il les conduifit lui-même contre fon oncle, qui trop foible pour résister à tant de forces, sc vit en peu de temps hors d'état de s'opposer aux progrès du roi d'Arragon.

XVIII. Commencement

dentales.

Mariana ibid.

lib. 25.

Marmol.19 c.27.

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La découverte des Indes Occidentales que l'on de la découverte commença cette année, augmenta encore la puifdes Indes Occi- fance de ce prince. On doit cette découverte aux foins de Christophle Colomb. Il étoit né à Aigurier petit bourg proche Genes. Après avoir affez bien D: Thou, bist. lib. étudié la cosmograhie & l'astronomie, il s'appliqua à la navigation, & paffa d'abord en Portugal avec Doria, que la république de Genes envoïoit au roi dom Juan en qualité d'ambassadeur. Il se maria à Lisbonne avec Philippe Mogmez fille du fameux Periftiello, qui avoit découvert les ifles de Madere & de Porto-fancto. Les fréquentes conversations qu'il cut avec la belle-mere jointes aux observations qu'il avoit faites, lui firent concevoir le deffein de découvrir les Indes Occidentales. Mais comme il ne pouvoit foutenir lui feul une fi grande entreprise, il en fit la propofition au roi de Portugal, auquel il demanda de fi grands avantages, que ce prince effaïa d'en faire la découverte par un autre, fur les inftructions de Colomb. Il fit partir fecretement une caravelle, feignant d'envoïer des vivres & du fecours aux ifles du Cap verd. Celui qui la commandoit n'entendant ni l'astronomie, ni la navigation, ne

put fuivre la route que Colomb avoit marquée, & à fon retour perfuada à dom Juan que tout ce que lui AN. 1485. avoit dit ce Genois étoit chimerique.

Colomb n'aïant pas été écouté favorablement du

XIX. Christophle Co

roi de Portugal; va en Caftille. Thomas Fazel. bift. Sicil. Juftiniani & So

if ini prani feritt, della

Ligur.

roi de Portugal, paffa en Caftille avec fon fils Jacques lomb refufé par le Colomb, & envoïa en Angleterre fon frere Barthelemi Colomb, pour faire la même propofition à Henri VII. qui venoit de monter fur le trône. Christople étant arrivé à Cordoue où Ferdinand étoit alors, expofa son deffein à Louis de Saint-Ange homme de qualité d'Arragon, qui le prefenta au roi ; & ce prince donna la commiffion au prieur de Prado, depuis archevêque de Grenade, d'examiner le projet de cette découverte ; mais ceux que Ferdinand emploïa pour cet examen n'étant pas affez habiles, n'y purent rien comprendre & renvoïerent Colomb, qui rebuté de tous ces obftacles, voulut paffer en France & de-là en Angleterre, pour avoir des nouvelles de fon frere. Mais le prieur Jean Perez à qui il communiqua fon deffein, le pria de differer jufqu'à ce qu'il eût parlé à la reine Isabelle. Il alla trouver cette princesse à Loxa ; & Colomb qui ne fur pas plus heureux cette feconde fois que la premiere, étoit fur le point de fe retirer & de partir pour la France, lorfque Saint-Ange offrit à la reine de faire les avances pour la premiere navigation. Ifabelle l'accepta, & l'on courut après Colomb pour le conduire à Loxa. Là dom Jean de Colonia fecretaire d'état lui expedia des lettres patentes, par lesquelles il étoit déclaré amiral de l'Ocean, & viceroi de la Terre-ferme & des ifles qu'il découvriroit, avec plein pouvoir de mettre & d'ôter les gouverneurs & les juges à fa volonté.

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