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XX.

Couverte de l'A

Quoique toute cette négociation ait commencé AN. 1485. dans cette année, il fe paffa beaucoup de temps jufIl met à la voile qu'à l'execution, puifqu'il paroît que Colomb ne pour aller à la dé- partit que dans le mois d'Août 1492. & qu'il ne découmerique. vrit la Floride que dans le mois d'Octobre de la même Ferd. Colom bit. année. Mais je penfe qu'il s'agiffoit alors d'un fecond Colomb départ au nom de Ferdinand, qui étoit ravi que CoPizarro de los lomb eût fi bien réüffi dans fon premier voïage, & del Nuevo mondo. qui vouloit que les premieres découvertes qu'il feroit Foglieta in elog. dans la suite fussent en son nom, & qu'il en cût le

del amir. Christ.

illuftres Varones

profit. Il paroît donc que Colomb après avoir reçû fes premieres expeditions dans cette année, fit équiper trois caravelles avec lesquelles il mit à la voile. Il prit la route des Canaries, où il s'arrêta quelques jours ; & après avoir effuïé plufieurs périls & avoir eu à fouffrir le murmure de fes gens, qui le menaçoient de fe révolter, parce qu'ils croïoient fes entreprifes impoffibles, il découvrit à la fin les ifles de Lucaïes, dont il prit poffeffion au nom du roi d'Arragon & de Caftille. Il nomma la principale l'ifle de Saint-Sauveur, il en gagna les habitans en leur donnant des colliers de verre, qu'ils eftimerent plus que des diamans. Colomb découvrit enfuite d'autres ifles, aufquelles il donna differens noms, de la Conception, de Fernandine, de la Soamete & d'Ifabelle. Il fe remit enfuite à la voile & alla moüiller à l'ifle de Cuba, où il fit radouber fes vaiffeaux. Après s'être rembarqué avec douze Indiens qu'il fit monter fur fon bord, il arriva à l'ifle de Bocchio, qu'il appella l'Espagnole, & y fut vifité par le roi de cette ifle, qui entra dans fon navire & dîna avec lui. Un de fes vaiffeaux aïant échoué fur un banc de fable, il fut fecouru par ce prince, & avec ce fecours il

trouva

trouva le moïen de fauver tout ce qui étoit deffus. Des débris de la caravelle échouée, il fit faire une A N.1485. tour, & y aïant laiffé quelques Efpagnols du confentement du roi du païs, il partit pour l'Espagne. Mais tout ce qu'on vient de rapporter, n'arriva que dans les années fuivantes.

XXI. Inquietudes du

fur les démarches

chemont.

Polyd. Virgil. hift.

Aiglic. lib. 23.

Pendant que le roi d'Arragon s'occupoit ainsi à faire des conquêtes dans le nouveau monde, le com- roi d'Angleterre te de Richemont qui étoit toujours en Bretagne, du comte de Ripenfoit à fe rendre maître du trône d'Angleterre, dont il regardoit Richard comme l'ufurpateur. Celui ci qui entretenoit par tout un grand nombre d'ef pions, fut exactement averti de la conspiration qui fe tramoit dans fon roïaume. Il fçut le nombre & les noms des conjurez, les provinces d'où ils devoient tirer du fecours, leurs reffources, leurs forces. Il apprit même que le comte de Richemont étoit en liberté, & qu'il devoit faire une defcente en Angleterre avec des forces qu'on lui fit plus confiderables qu'elles n'étoient en effet. Il profita en habile homme des avis qui lui avoient été donnez, il prévint les conjurez, les déconcerta par fa diligence, & les obligea de s'enfuir d'Angleterre & d'abandonner leur deffein. Le duc de Buckingham fut arrêté & eut la tête tranchée, fans avoir voulu rien reveler. Plofieurs autres furent pris en differens endroits & traitez de même. Jean Morton évêque d'Ely, fe fauva en Flandre avec quelques partifan's zelez de la maifon de Lancastre. Le plus grand nombre fe retira en France, & le comte de Richemont lui-même, voïant après la defcente, qu'il couroit rifque d'être arrêté & de perdre la vie, s'il s'arrêtoit plus long-temps, fe rembarqua dans le deffein de s'en retourner en BreTome XXIV, C

tagne; mais une furieufe tempête l'obligea de relâAN. 1485. cher à Dieppe.

XXII.

Le comte de Ri

à Dieppe.

ecclef. Anglic. Ser. 15.cap.7.

Auffi-tôt il dépêcha un de fes principaux officiers chemont fe rem à la cour de France vers le roi & la comteffe de Beaubarque & relâche jeu, pour leur demander permission de paffer par la Harspfeld hift. France, & de fe retirer en Bretagne. L'envoïé du comte fut très-bien reçû, il obtint ce qu'il demandoit ; & on lui fit entendre, que s'il se fût adressé au roi, il en eût reçû des fecours plus confiderables que du duc de Bretagne. Il partit donc pour la Bretagne, y alla rendre compte au duc du mauvais fuccès de fon voïage, le duc le confola & lui fit efperer de nouveaux fecours. Mais les fentimens de Landais étoient alors bien differens de ceux du duc. Regardant le parti du comte comme entierement ruiné, il refolut de l'abandonner & de le faire conduire en Angleterre à l'infçû du duc, qui n'auroit jamais confenti à une pareille violence. Richard avoit gagné ce favori, qui lui promit tout ce qu'il voulut. L'évêque d'Ely qui étoit en Flandres, informé du traité conclu entre le roi d'Angleterre & Landais, en avertit auffi-tôt le comte de Richemont, qui partit fecretement de Vannes, accompagné feulement de cinq perfonnes, fous prétexte d'une partie de plaifir la campagne. A quelques lieues de Vannes, il fit prendre une autre route à quatre de fes gens, avec ordre d'aller l'attendre fans s'arrêter, fur les frontieres de France. Par-là étant refté seul avec un domeftique, il Le comte fe fau fe déguifa en palfrenier, & arriva fur les frontieres fe retire en Fran- d'Anjou avec tant de diligence, que les cavaliers enPolid. Virg. l. 25. Voïez par Landais, qui avoit été informé de sa fuite, Argentré hift de les manquerent d'une heure.

XXIII.

ve de Bretagne &

ce.

Bretagn. liv. 12.

Les Anglois qu'il avoit laissez à Vannes l'aïant re

joint, il partit avec eux pour fe rendre à la cour de France qu'il trouva à Langeais. Il fut bien reçû du roi, & encore mieux de la comteffe de Beaujeu, qui dans le dessein qu'elle avoit déja conçû de réünir la Bretagne à la monarchie Françoife, crut n'y pouvoir mieux réüssir qu'en rétablissant le comte fur le trône d'Angleterre. On lui fournit donc une nouvelle flotte & de nouvelle troupes, au nombre de quatre mille hommes aguerris. Il partit du Havre le premier d'Août, & après fept jours de navigation, il arriva au port de Milford dans le païs de Galles, où il trouva un grand nombre de partifans que fa mere lui avoit ménagez. Cette princeffe avoit promis en fon nom, qu'auffi-tôt que Richard feroit détrôné, fon fils épouferoit la fille aînée du roi Edouard IV. afin de réünir par là tous les droits des deux maisons, fi longtemps rivales, dans un païs où la loi falique n'exclut point les filles de la fucceffion.

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XXV.
Le comte bat

chard, & eft cou

no.

Bacon, hift. regni

Le chevalier Thomas Stamley que la mere du comte de Richemont avoit épousé en troifiémes nô- l'armée de Rices, fut choisi pour commander les troupes qu'on ronné roi d'Andevoit joindre au fecours de France. Il vint trouver gleterre. le comte avec fix mille hommes ; & un grand nom- Henric. VII. bre de feigneurs fe déclarerent auffi-tôt pour lui. Raynald, hoc ans Avec toutes ces forces, le comte fe crut en état de tenir la campagne & marcha du côté de Leiceftre. Ri chard vint au-devant de lui avec une armée égale à la fienne, ils se joignirent près de Bosworth, & ce fut en cet endroit où fe donna cette bataille décisive de tant de guerres & de combats qui avoient ensanglanté l'Angleterre depuis l'ufurpation de Henri IV. jufqu'à celle de Richard III. Ce cruel meurtrier de deux rois y perdit la vie avec la victoire, & le comte

de Richemont devenu roi par-là, épousa la princesse

AN. 1485. Elifabeth fille aînée d'Edouard IV. pour unir les droits des deux maifons d'Yorck & de Lancastre. Il fut couronné dans le camp avec la couronne même qu'on trouva parmi le bagage de Richard, & il le fut depuis avec les ceremonies ordinaires. Il fe fit nommer Henri VII. Cette action décifive arriva le vingt-deuxième d'Août ; & quelques jours après, il entra triomphant dans Londres, n'aïant perdu qu'environ cent hommes dans cette bataille.

XXVI.

Les Bretons s'u

Il n'en auroit pas fallu davantage pour déconcerniffent pour de ter Landais, s'ils cût été encore vivant. Mais penmander qu'on pu- dant la navigation du comte de Richemont en AnArgentré hift. de gleterre, les Bretons l'avoient vengé de ce perfide. Bretagne, liv. 12. L'armée de ceux qu'il avoit fait declarer rebelles

niffe Landais.

étoit à Ancenis; celle du duc convaincue que le motif de la guerre n'étoit autre que l'ambition de Landais, à la perte duquel tous étoient également intereffez, s'unit à l'autre ; & les Bretons ainfi d'accord marcherent droit au château de Nantes où étoit le duc de Bretagne avec fon favori. Les Nantois affurez qu'on n'en vouloit qu'à ce traître, s'unirent aux autres, ouvrirent leurs portes, & demanderent conjointement avec leurs compatriotes, que Landais fût mis entre les mains de la justice, & qu'on ne lui acccordât point de grace, s'il fe trouvoit coupable des crimes dont il étoit accufé. Ils députerent au duc le comte & le cardinal de Foix, qui ne furent pas écoutez; mais dans la crainte d'une fédition populaire Landais fut abandonnné aux mécontens, & remis à François Chrétien chancelier du duc, qui lui dit que fa tête lui répondroit de celle de fon miniftre.

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