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.Leclere juv

HISTOIRE

ECCLESIASTIQUE

Saquon fòcit

LIVRE

CENT SEIZIE' ME.

S.

n. 54.

I.

EOPOLD marquis d'Autriche, furnommé le pieux, étant mort en odeur AN. 1485. de fainteté le quinziéme de Novembre Canonifation de 1136. ou 1131. plufieurs papes penferent quis d'Autriche. à fa canonifation. Mais l'affaire aïant été Raynald. Ann, ecinterrompuë Sixte IV. la reprit, & envoïa le cardinal clef. ad ann. 1485. de faint Marc en Hongrie pour faire les informa- Naucler.general, tions neceffaires. L'évêque de Porto vice-chancelier So. pag. 503. de l'église Romaine & l'évêque de Preneste furent prin Inc. nommez pour entendre les dépofitions des témoins. Bullar. tom. 3. Sixte mourut dans cet intervale. Innocent VIII. qui vembr. to. 6, Tome XXIV.

A

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Surus 15. Na

lui fucceda écouta les informations des commiffaires, AN. 1485. & fur leur rapport, il tint un confiftoire, où François

II.
Le pape exhorte

de Padoue avocat confiftorial fit un difcours fur les vertus de Leopold & les miracles que Dieu avoit operez par fon interceffion. Sur cela & fur les inftances de Frederic III. qui étoit de la famille de Leopold Innocent donna une bulle de canonifation. Elle eft du fixiéme de Janvier de cette année 1485.

Les progrès de Bajazet empereur des Turcs avoient les princes chré- répandu beaucoup de terreur en Italie; on appréhencontre les Tures, doit qu'après avoir augmenté fon empire, il ne voulût Onuphr. in Innoc. auffi afsujettir ce païs, d'autant plus que les guerres

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qui divifoient les princes chrétiens fembloient favorifer fes entreprises; le pape voulant le prévenir écrivit aux princes de mettre fin à leurs differends, & de s'unir tous ensemble pour défendre la caufe de JesusChrift contre l'ennemi de la religion. Dans la lettre qu'il écrivit à Ferdinand roi de Naples, il lui marqua que toutes les nouvelles qui venoient d'Orient, ne parloient que des préparatifs de Bajazet pour venir attaquer l'Italie avec une armée formidable; que pour lui il avoit déja tenu plufieurs confistoires avec les cardinaux & même les ambaffadeurs des princes, fur les mesures qu'il falloit prendre ; qu'il alloit faire équipper foixante galeres & vingt vaiffeaux de haut bord, pour défendre les frontieres de l'état ecclefiaftique. Il lui parloit auffi des efforts que chacun devoit faire pour contribuer à la dépense, l'affurant de fa part qu'il étoit prêt de facrifier non-feulement fes biens; mais encore fa propre vie, pour une caufe qui intereffoit toute l'église. Sa lettre est dattée de Rome l'onzième jour de Février.

Il exhorta de même la plupart des autres princes

AN. 1485.

III.

Les princes d'I

de aux

Raynald, ad hunc

d'Italie, & ce ne fut pas en vain : Hercule duc de Ferrare promit huit mille écus d'or, les Siennois autant, le marquis de Mantouë fix mille, celui de Montferrat deux mille, la république de Lucques la talie promettent même fomme. Mais les Florentins à qui le fouverain frais de cette pontife avoit impofé une contribution de trente-fix guerre. mille écus d'or, alleguerent differens prétextes pour ann. 1485. s'en difpenfer, & représenterent que leur état étoit épuifé par les grandes dépenfes qu'ils avoient été obligez de faire dans la guerre contre les Genois. Mais le pape fans écouter leurs excufes, leur remontra qu'il ne s'agiffoit pas de la confervation d'une ville; mais du falut de toute l'Italie, & même de la religion, qu'ils feroient tous compris dans la ruine entiere de l'état, s'ils ne pensoient de bonne heure à en chaffer les infideles. Votre république eft puiffante, leur dit-il, fupportez donc cette charge pour la gloire de Dieu, pour le nom chrétien, pour la confervation de vos « biens, quoique vous foïez occupez à une autre guer- « re; vous n'ignorez pas que nous travaillons autant « qu'il nous eft poffible pour la terminer, & nous nous « Aatons d'y réuffir.

à

En effet le pape avoit engagé le duc de Milan rétablir la paix entre les Florentins & les Genois, afin qu'enfuite toutes les forces de l'Italie puffent s'unir pour repouffer les efforts de l'ennemi commun. Mais cette paix ne fe fit que l'année suivante. Le pape manda auffi à Ferdinand & Ifabelle rois de Caftille & d'Arragon, qu'il étoit de leur interêt d'équipper une flotte confiderable pour défendre la Sicile contre les incurfions des barbares. Il follicita le cardinal de Tolede qui avoit beaucoup de crédit en Espagne, d'engager les rois catholiques à cette bonne œuvre.

IV.
Le pape conti-

nue à prendre des
pofer aux Turcs.
Raynald. ad hune

mefures pour s'of

ann. 1485, n. 5.

Et pendant qu'il exhortoit les uns & les autres à déAN. 1485. fendre leurs états, il ne negligeoit pas ce qui regardoit l'état eccclefiaftique ; il donna ordre à Jean-Baptiste des Urfins légat du fiege apoftolique, de mettre de bonnes garnisons dans les villes de la Marche d'Ancone, & des vivres en abondance.

..V.

Ceux de l'ifle de

Ceux de l'ille de Chio étant continuellement vexez Chio demandent par les incurfions des Turcs qui les menaçoient de contre les Turcs. fe rendre maîtres de leur païs, s'adrefferent au pape Innocent pour lui demander du fecours. Le faint

au pape du fecours

Ferofolym. l. 14.

pere occupé à mettre l'Italie en état de défense, & d'ailleurs épuisé par les dettes qu'il avoit été obligé Bofius hift. equit. de contracter, ne put leur accorder ce qu'ils demandoient. Mais il engagea Pierre d'Aubusson grandmaître de Rhodes, à s'emploïer pour ces peuples auprès du fultan. D'Aubuffon étoit affez bien venu de Bajazet, avec qui il avoit fait un traité, ainfi il n'eut pas beaucoup de peine à le porter à laiffer ces infulaires en repos. Ceux-ci par reconnoiffance firent préfent à d'Aubuffon d'une grande cuvette d'argent très-bien travaillée, fur laquelle ils avoient fait graver Dominorum Chii fon nom & le fervice qu'il leur avoit rendu. D'Aubuftro d' Aubuffon ma- fon cependant ne fe repofoit pas tellement fur le optimè merito, de- traité qu'il avoit fait avec le Turc, qu'il ne prît aussi des mesures pour empêcher Bajazet de paffer le détroit de Gallipoli, & de venir de-là fondre en Italie. Il en fit informer le pape par un de fes chevaliers apde Rå des députe pellé Guillaume, qui fut reçu avec beaucoup d'honneur dans un confiftoire en présence de tous les carBofus ibid part. dinaux. Le chevalier fit un difcours fort long, dans lequel il parla beaucoup des fervices que les Rhodiens avoient rendus à la religion depuis la prise de Conftantinople, des victoires qu'ils avoient remportées

reverendiffimo P

giftro Rhodi de fe

num.

V I.
Le grand maître

au pape.

2. lib. 14.

fur les Turcs, des efforts qu'ils avoient faits pour emAN. 1485. pêcher ces infideles de venir en Italie. Il ajouta que la mort du bacha Achmet avoit été avantageule à plufieurs. Enfin il conclut en recommandant au pape l'ifle de Rhodes qui avoit donné la naissance à fon pere. Le fouverain pontife le remercia avec beaucoup de bonté, & lui donna des lettres pour le grand-maître d'Aubuffon. Elles font dattées du vingt-troifiéme d'Avril de cette année.

VII. Autres ambaffa

pape.

Onuph. in Innoc.

Innocent VIII. reçut auffi des ambassadeurs des rois de France, d'Angleterre & de Dannemarc, des deurs au même ducs de Milan & de Bretagne, de Bertold archevêque de Maïence, de Jean archevêque de Treves, tous deux viii. électeurs de l'empire, & enfin de la république de Genes. Il les reçut tous avec beaucoup de bonté, & les exhorta à la paix, en leur expofant les fuites funeftes des guerres, les temples profanez, le culte divin interrompu, les villes renverfées, les vierges deshonorées ; ce qu'il leur répetoit plufieurs fois, dit Onuphre. Il leur marqua le defir ardent qu'il avoit de voir tous les princes unis pour faire triompher la croix de Jefus-Chrift fur les ennemis de fon faint nom. Mais toutes ces belles exhortations ne purent prefque rien produire, à cause de la guerre qui étoit d'un côté entre Mathias roi de Hongrie & l'empereur Frederic, & de l'autre, entre Albert de Brandebourg & Othon de Baviere, dont on avoit befoin pour arrêter les progrès des Turcs. Et comme George duc de Baviere emploïoit fa médiation pour concilier ces princes, le pape lui écrivit, il fit l'éloge de fon zele, & le preffa fort à continuer une fi bonne œuvre pour l'avantage de la religion.La lettre du pape eft dattée de Rome du vingthuitiéme de Septembre.

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