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AN. 1499.

LVIII.

faite prifonniere.

Burchard. lib.

6. epift. 22.

LIX.

3.

tilement, fe mit en devoir d'entrer dans la citadelle avec une vingtaine de foldats, qui lui reftoient feuls, Cetherine Sforce de deux mille cinq cens qu'elle avoit eu au commenperd Forli, & eft cement du fiége. Mais on la poursuivit de fi près que ses ennemis entrerent avec elle dans la forteresse, se Petr. Delphin.l. faifirent de fa perfonne, & lui fauverent la vie malgré elle. Le duc de Valentinois l'envoïa à Rome, & le pape la fit enfermer dans le château Saint-Ange où elle auroit fini fes jours accablée de chagrins, fi elle n'eut infpiré au plus brave de fes ennemis le defir de fe rendre fon liberateur. D'Alegre avoit été la liberté de Ca- témoin de sa valeur, il l'avoit même éprouvée, & ne l'avoit pas moins eftimée; il avoit fur tout admiré les fatigues & fa conftance à vifiter les travaux jour & nuit ; il s'étoit propofé de la fauver & ne l'avoit pû, parce qu'avant qu'il entrât dans la citadelle de Forli, le duc de Valentinois l'avoit déja envoïée à Rome. Mais cela ne l'empêcha pas de folliciter fa liberté en des termes qui marquoient affez qu'un refus l'offenferoit. Le pape & le duc de Valentinois qui étoient trop contens de lui pour le désobliger, lui accorderent fa demande, & Catherine fut renvoïée à Florence auprès de ses enfans.

D'Alegre obtient

therine Sforce.

LX.

Le roi part de Milan pour retourner en France.

Mariana lib. 27.

12. 21.

Sabellic. Enn. 10.

1. 9.

Dès que Louis XII. cut fi heureusement executé l'entreprise de Milan, il penfa à la conquête de Naples. Alexandre VI. qui avoit aufli fes vûës particulieres, & qui ne cherchoit qu'à fatisfaire fon reffentiment & fon ambition, animoit fécretement fa maFra lib.3. jefté à cette expedition, & la flattoit d'une victoire encore plus prompte que celle du Milanez. Cependant comme la faifon étoit avancée; le roi avant que de s'engager voulut retourner dans son roïaume, soit pour donner à fes troupes le temps de fe reposer, soit

Guicchardin l. 4.

pour en ramener de nouvelles. Il envoïa pour gouverneur à Genes Philippe de Cleves, feigneur de Ra- AN. 1499, veftein Allemand, & Trivulce à Milan. Il confia les autres places de ces deux états à divers capitaines dont il connoiffoit la fidelité & la valeur; & partit de Milan au commencement de Decembre, emmenant avec lui François Sforce fils de Jean Galeas Sforce, le veritable duc de Milan, lequel avoit été injustement dépoüillé par l'ambitieux Ludovic, qui se voïoit lui-même chaffé à fon tour.

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LXI.
Les rois catholi

nade.

En Espagne le comte de Tendilla gouverneur de Grenade, aïant mandé à la cour, que les Maures des ques vont à Gros montagnes fongeoient à fe révolter ; & que fi l'on n'y donnoit ordre de bonne heure, leur révolte entraîneroit infailliblement celle de tout le roïaume de Grenade, leurs majestez catholiques réfolurent d'y aller, mais elles prirent differens chemins, afin que les Maures gens fort ombrageux, ne cruffent pas que ce voïage tendît à leur faire la guerre. On fe fervit du prétexte de faire prendre l'air de Grenade, qui est fort fain, au jeune prince Michel, dont la fanté étoit très foible. La reine Ifabelle partit la premiere, chargée de la conduite de ce jeune prince, & le roi fuivit quelque-temps après. A leur arrivée, l'on introduifit quatre à cinq mille hommes de bonnes troupes dans Grenade; ce qui déconcerta tellement les Maures, que les plus confiderables d'entr'eux prirent la fuite & pafferent la mer. La reine logea dans l'Alhambra, le roi demeura dans la ville, & convoqua les prêtres & les moines des Maures, qu'il renvoïa tous à l'archevêque de Tolede, qui étoit du voïage, afin qu'ils fuffent amplement inftruits des deffeins de leurs majeftez catholiques...)

Dd diij

LXII

aux Maures d'em

c. s.

Mariana ibid.

Gomez de vita Ximen. l. 2.

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L'archevêque de Tolede chez lequel ils furent conAN. 1499. duits, les reçut avec beaucoup d'honneur; mais L'archevêque de après leur avoir dit que le roi & la reine avoient été Tolede propofe exactement informez de tout ce qu'on avoit fait braffer la religion dans les montagnes pour porter les peuples à la réchrétienne. volte; il ajouta, qu'on ne leur pardonneroit point qu'ils ne promiffent d'emploier tous leurs foins pour porter les habitans de Grenade à embrasser la religion Surita.so.5.1.3. chrétienne, & qu'ils n'en donnaffent l'exemple en l'embraffant eux-mêmes les premiers, puifque cela dépendoit d'eux ; qu'ainfi ils n'avoient qu'à choisir ou la mort ou la religlon du prince. Les Moratites & les Alfaquis ( c'eft ainfi que les Maures appelloient leurs prêtres & leurs moines) furent consternez de cette propofition; ils protefterent de leur innocence & promirent tout ce qu'on voulut. Alors on leur fit beaucoup d'amitié ; le roi & la reine leur firent prefent de veftes & de rubas de couleur de feu; on prit les mesures nécessaires pour travailler à la conversion de ces infideles. L'archevêque de Tolede se joignit à ceux de Grenade pour agir de concert ensemble; & le nombre de ceux qui recevoient le baptême devint fi grand qu'on fut obligé d'omettre les ceremonies.

Après ces heureux fuccès, leurs majestez catholiques partirent pour Seville; mais auffi tôt après leur départ les troubles recommencerent, & l'on infulta publiquement aux nouveaux chrétiens. L'archevêque de Tolede qui étoit refté à Grenade, ufa de toute fon autorité pour appaifer ces défordres, il fit publier une ordonnance par laquelle il étoit défendu fous peine de punition corporelle de faire des affemblées, de parler mal de la religion chrétienne, & d'offenfer de paroles & d'actions ceux des habitans qui l'au

AN. 1499.

LXIII.
Il convertit &

Maure nommé

Zegri.

Alvar. Gomez lib. 2.

Raynald. ad aning +99...”• j•

roient embraffée. Et pour couper court à la révolte, il s'en prit à un prince Maure nommé Zegri qu'il foupçonna d'y avoir part, quoiqu'on n'en cût aucune preuve ; il le fit arrêter, quoiqu'il fût d'une gran- baptife un prince de naiffance & qu'il eût beaucoup de crédit parmi les Maures; il lui fit dire que dans la conjoncture prefente on ne pouvoit fe fier à lui tant qu'il feroit Mahometan, qu'ainfi il devoit fe réfoudre ou à fe faire chrétien, ou à perdre pour toujours fa liberté ; & fur le refus que fit Zegri, on redoubla fes gardes, & on le traita fi rudement qu'il craignit que des menaces on n'en vînt aux effets, & il commença à écouter ceux qu'on lui avoit envoïez pour l'inftruire; l'archevêque voulut bien s'en donner la peine lui-même, & le fçut fi bien gagner, qu'il reçut le baptême des mains du prélat, & fe fit appeller Ferdinand Gonfalve, pour faire honneur au grand capitaine Gonfalve de Cordoue avec lequel il étoit lié d'une amitié fort étroite depuis la prife de Grenade. Zegri devint dans la fuite un chrétien des plus zelez, & perfonne ne travailla plus efficacement que lui à la converfion des Maures. Son exemple attira les plus diftinguez; & Gomez dit qu'on brûla plus de cinq mille volumes

de l'Alcoran.

Cette conduite ne fervit qu'à irriter les autres Maures qui ne s'étoient pas convertis, & qui regardoient l'Alcoran brûlé comme le plus grand attentat qu'on pût faire à leur religion. Ceux de l'Albaïzin, où il y avoit plus de cinq mille maifons, fe fouleverent, prirent les armes, tuerent deux eftafiers de l'archevêque de Tolede, crierent en tumulte au milieu de Grenade: Liberté, vive Mahomet. Comme des furicux, ils barricaderent les ruës, ils les fortifie

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rent & s'y retrancherent ; ils environnerent un foir A N. 1499. le palais du prélat & voulurent l'y forcer, réfolus de l'égorger & de venger dans son sang l'insulte faite à Mahomet. Le peuple de Grenade fe joignant à celui de l'Albaïzin, en moins de deux heures il y eut plus de cent mille hommes fous les armes. Dès que le jour parut, le comte de Tendilla qui commandoit les troupes dans le roïaume, & qui étoit gouverneur particulier de l'Alhambra, fit auffi tôt entrer des foldats dans la ville, pour tenir les nouveaux chrétiens & les Maures également dans le refpect; comme les révoltez n'avoient point de chef, & qu'il n'y avoit point d'ordre parmi eux; l'autorité du comte & fes menaces diffiperent la fédition, & les remontrances de Zegri au peuple firent que peu à peu chacun fc

LXV.

On prévient le

contre l'archevêque de Tolede.

retira.

On écrivit auffi-tôt à leurs majeftez catholiques roi catholique pour leur donner avis du danger où Grenade s'étoit trouvée par la révolte des Maures. Comme l'archevêque de Tolede avoit beaucoup d'ennemis, il crut devoir prévenir les rélations défavantageufes qu'on pourroit envoïer à la cour; il dépêcha à la reine un négre le meilleur pieton qu'il y eût en ce temps-là, & qui fit le premier jour jufqu'à trente lieuës; mais aïant trouvé le vin bon la feconde journée, il en prit tant & fi fouvent qu'il s'enyvra, & qu'au lieu de deux jours qu'il lui falloit pour arriver à Seville, il en mit cinq & ne rendit fes lettres que le fixième. Ce que l'archevêque avoit prévû, arriva; il fut prévenu, les lettres de fes ennemis arriverent à Seville avant les fiennes; on l'y faifoit passer pour l'unique cause de la fédition, on l'y dépeignoit comme un homme cruel qui aïant forcé les Maures par des rigueurs ex

ceflives

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