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exemple, on les affama, & on les contraignit d'évacuer leurs places dans un équipage, qui tout pitojable qu'il étoit, n'empêcha pas les bandits & les païfans de les exterminer. Louis XII. informé de cette fourberie, appella les ambassadeurs d'Espagne, se plaignit fortement du peu de droiture de leur maître, & ne penfa plus qu'à en tirer vengeance.

AN. 1504.

LVII. Louis XII. penfe

rois catholiques.

Mariana lib. 28.

.55.

Pour y réuffir, il crut qu'il falloit amuser les rois catholiques, pendant qu'il concluroit une paix foli- à fe venger des de avec l'empereur & l'archiduc fon fils. Le cardinal d'Amboise se chargea de la négociation, pendant qu'on continuoit toujours les conferences avec les ambaffadeurs d'Efpagne. Louis XII. pour mieux diffimuler fon deffein, leur propofa le projet d'un autre traité de paix, les chargea d'en donner avis à leurs maîtres, & de leur demander un nouveau pouvoir. Ferdinand & Isabelle y consentirent avec joïe. On délibera fur les articles. Le premier fut le mariage du fils aîné de Frederic roi de Naples avec la veuve du jeune Ferdinand, & le renoncement de Frederic à la roïauté en faveur de fon fils. Durant cette négociation les Pifans qui étoient redevables de leur liberté aux François, quitterent leur parti pour le mettre fous la protection d'Espagne ; cette nouvelle fit rompre les conferences. Louis XII. en fut tellement irrité, qu'il envoïa ordre fur le champ aux ambassadeurs d'Espagne de ne plus paroître à la cour, & de fortir inceffamment de fes états. Tout commerce fut interdit avec les Espagnols. Tout ce que purent obtenir leurs ambaffadeurs, fut de voir la reine & Frederic avant leur départ ; & le vingt-fixiéme d'Août, ils fe retirerent. Ainfi le foulevement de Pife fut le

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texte pour les congedier. Mais le vrai motif fécret AN. 1504. étoit la négociation du traité avec l'empereur.

LVIII.

Ligue entre l'em

d'Autriche & le roi de France.

A peine les ambaffadeurs Espagnols furent partis de pereur, l'archiduc Blois, que ceux de Maximilien & de l'archiduc yarriverent. On commença auffi-tôt les conferences ausquelles affifterent le marquis de Final envoïé par le pape, 56. & recueil des & Pierre Filholi évêque de Cifteron avec la qualité de légat. Après qu'on eut levé toutes les difficultez

Mariana ibid. n.

traitez de paix,

tom 2.

Raynald, hoc ann. n. 1. & 22.

Spond. ad ann.

1504.

rio.

pour

l'inveftiture du duché de Milan en faveur de Louis XII. & le mariage de la princeffe Claude avec CharBonaccurf. in Dia les de Luxembourg, le traité de ligue offenfive & défenfive entre l'empereur, l'archiduc & la France fut conclu & figné à Blois le vingt-deuxième de Septembre. Les principaux articles étoient. 1. Que l'empes reur n'entreprendroit rien contre le duché de Milan, ni les états des princes d'Italie attachez à la France. 2. Qu'on leur accorderoit à eux & à tous leurs vaffaux & amis une amnistie generale pour le paffé. 3. Que l'empereur trois mois après la ratification du traité s'obligeroit de donner l'inveftiture de Milan au roi de France pour lui & fes hoirs mâles, à leur défaut pour sa fille aînée & le duc de Luxembourg conjointement, & en cas que la princeffe mourût, pour la cadette que le duc épouferoit en fa place; de même

que fi Charles mouroit, fon cadet Ferdinand épouferoit la princeffe Claude; & que la France païeroit pour cette inveftiture deux cens mille francs à l'empereur, qui feroient rendus, fi le prince & la princeffe ne laiffoient point de posterité. 4. Que la France n'entreroit point en négociation avec l'Efpagne au fujet de leurs démêlez, & ne figneroit aucun traité que du confentement de l'empereur ; que fi le roi catholique ne vouloit pas accepter des conditions hon

nêtes & raisonnables, l'empereur fourniroit à la France tous les fecours dont elle auroit befoin pour recouvrer le roïaume de Naples. 5. Que Louis XII, s'engageroit à donner en France des terres & des penfions aux enfans de Ludovic Sforce, pourvû qu'ils demeuraffent dans le roïaume. 6. Qu'on accorderoit une amnistic generale à tous les rébelles & aux bannis du duché de Milan; que le roi les recevroit dans fes bonnes graces, & les rétabliroit dans tous leurs biens. 7. Qu'on donneroit quatre mois au roi catholique pour entrer dans la ligue, s'il le jugeroit à propos, pourvû néanmoins qu'il renonçât à toutes les prétentions fur le roïaume de Naples, & qu'il le cedât à Charles de Luxembourg fon petit-fils, aux condi tions fi souvent propofées, & tant de fois rejettées. 8. Que chacun des trois princes confederez feroit obligé avant trois mois de nommer les autres princes qu'il voudroit être compris dans le traité; & que les princes & électeurs de l'Empire feroient garants de ce traité. Il y a encore beaucoup d'autres articles fort longs, que l'on omet ici comme moins impor

tans.

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Comme ce traité n'étoit pas fort avantageux au roïaume de France, en ce qu'il en démembroit le duché de Milan, la feigneurie de Genes, le duché de Bourgogne, celui de Bretagne & le comté de Blois on crut que le roi n'avoit pas envie de l'observer, & il ne l'obferva pas en effet. La mort de Frederic roi de Naples, & celle de la reine Ifabelle fervirent de prétextes. Frederic mourut le neuviéme de Novembre 1504. d'une fiévre quarte à Tours, trifte de fe voir fans bien, chaffé de fes états, dans une terre étrangere, oublié de fes fujets, trahi par fes meilleurs:

AN. 1504.

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amis, abandonné de tout le monde, dans une dépenAN. 1504. dance indigne de fon rang, entre les mains & à la merci de ses ennemis. Il fentoit bien que les rois de France & d'Espagne ne s'accorderoient jamais enfemble pour le rétablir fur le thrône, que leurs interêts étoient trop oppofez, qu'ils n'agiffoient point l'un & l'autre de bonne foi ; & que s'ils propofoient fon rétablissement, ce n'étoit qu'un jeu pour l'amufer, une feinte pour impofer au public, & que dans le fond, ils n'y confentiroient jamais. Il ne fe trompoit pas dans fes conjectures. Ce prince avant que de mourir & voïant qu'il touchoit au terme, écrivit au duc de Calabre fon fils une lettre pleine de maximes fages & de confeils falutaires : « Vous devez, lui difoit-il, vous accommoder à l'état de votre fortune presente; mais ne jamais oublier votre naiffance, & ne point laif» fer échaper l'occasion que la providence pourra enfin vous fournir, de remonter fur un thrône qui » vous appartient, & dont on nous a injuftement chaffé. Il l'avertiffoit de bien prendre garde de fe rendre méprifable par une vie voluptueufe & déreglée, de fe laiffer corrompre & amolir par la débauche & les délices. « Ne vous rebutez jamais, ajoutoitil encore, dans les plus grandes difficultez ;. mon»trez-vous genereux & liberal autant que la pruden» ce & l'état de vos affaires le pourront permettre; faites paroître de la hardieffe & du courage, foïez doux, affable, modefte; confervez au milieu de » vos malheurs cette grandeur d'ame & cette noble fierté, dont les princes nez fouverains ne doivent jamais fe dépoüiller. Il lui recommandoit auffi les exercices du corps, comme accoutumant à la fatigue & à une vie laborieuse.

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que

AN. 1504.

ካ. 60.

n. 4.

rio.

Raynald, hoc ann,

n. 40.

La reine Isabelle mourut le vingt-fixiéme du même mois à Medina-del- Campo, dix-fept jours après LX. Frederic, âgée de cinquante-trois ans. L'Espagne lui Mort d'ifabelle fut redevable de la vafte étendue de fa monarchie & reine de Caftille. des conquêtes de Grenade, de Naples, des ifles Ca-Mariana lib. 28. naries & du nouveau monde. Cette princeffe fit le Spond. ut fuprà. jour de fa mort un teftament, par lequel elle confti- Bonaccurse in Diatuoit l'archiducheffe Jeanne fa fille aînée, fon uni- Oforius lib. 3. héritiere de la Caftille & des roïaumes qui en dépendoient; voulant néanmois que l'archiduc fon mariy regnât avec elle. Isabelle ajoutoit, que fi l'abfence, la maladie, ou quelque autre cause empêchoit la princeffe de gouverner les états qui lui étoient échus, ou fi elle-même ne vouloit pas absolument se charger du gouvernement de la Caftille & des roïaumes qui en dépendoient, on fe conformeroit à ce qui avoit été reglé deux ans auparavant dans l'assemblée des états generaux du roïaume à la priere des peuples; que le roi Ferdinand prendroit la régence en la place & au nom de l'archiducheffe, jufqu'à ce que Charles fon petit-fils eût atteint l'âge de vingt ans accomplis. Elle ordonna encore, qu'outre l'administration des trois grandes maîtrifes des ordres militaires de faint Jacques, de Calatrava & d'Alcantara accordées par le faint fiege au roi Ferdinand, il joüiroit de la moitié de tous les revenus que la Caftille tiroit de toutes les ifles & de la terre-ferme nouvellement découvertes par les Espagnols dans le nouveau monde, fans comprendre vingt-cinq milles ducats qu'il prendroit tous les ans fur les revenus de la couronne. Elle nomma pour les executeurs de fon teftament le roi Ferdinand fon époux, Ximenés archevêque de Tolede, dom Diegue de Deça évêque de Palence, Antoine Xxx iij

y

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