Imágenes de páginas
PDF
EPUB

fon époux. Il prétendoit qu'au préjudice de la paix faite entre Louis XI. & les Flamands, les François AN. 1486. exerçoient tous les jours des hoftilitez qui le forceroient enfin à une rupture ouverte, fi l'on refusoit d'accepter les voies d'accommodement pour la réparation des entreprises & des inexecutions dont il fe plaignoit. Il avertiffoit le roi d'affembler les états de fon roïaume afin d'y remedier. La réponse de Charles VIII. à cette lettre fut encore plus vive, & piqua tellement Maximilien, qu'il affembla les communautez de Flandres, & leur remontra de quelle importance il étoit de ne pas fouffrir que les François attentaffent impunément à troubler leur repos; il tâcha de réveiller en eux le défir de la guerre, en leur rappellant le fouvenir de la bataille de Guinegat: il infifta fur-tout fur la néceffité de fournir abondamment aux frais de cette guerre. Peut-être la fouhaitoit-il moins, que de l'argent pour foutenir avec éclat les dignitez dont il étoit revétu; Frederic fon lui faifant des avances fi pere peu confiderables qu'il étoit obligé pour fubfifter d'avoir recours à toute forte de prétextes.

ce,

Quelques que fuffent fes vûës, il fe fervit encore pour autorifer la guerre qu'il alloit déclarer à la Frand'une raison fort fpecieuse en apparence. Il étoit entré dans la ligue des ducs d'Orleans & de Bretagne, & ceux-ci étant prêts de faire la guerre à la France, il ne pouvoit, difoit-il, leur refufer de joindre fes troupes aux leurs. Mais cet artifice ne lui réüffit pas. Charles VIII. par fon habileté, diffipa bien-tôt tous les projets du duc d'Orleans, le comte de Cominges fut dépouillé de fon gouvernement de Guïenne, & fon comté réuni à la couronne; celui d'Angoulême

LVI.
Les barons de

Bretagne divifcz

au fujet de la guer

re

avec la France. D'Argentré bist. 12.23.

de Bretagne liv,

rentra dans fon devoir, & le roi s'étant avancé fur AN. 1486. les frontieres de la Bretagne avec des troupes, il jetta tellement l'allarme parmi les Bretons, que les feigneurs du païs fe trouverent divifez. Les uns furent d'avis que pour ne pas expofer mal-à-propos l'état, il falloit abandonner le duc d'Orleans. Les autres réfolus de fe défendre vouloient qu'on armât contre la France, fi elle leur déclaroit la guerre; mais ce n'étoit pas l'intention du roi. Il ne cherchoit qu'à s'affurer de leurs fentimens ; auffi dès qu'il cut appris que le maréchal de Rieux étoit un des plus oppofez à la guerre, il lui dépêcha Despinay archevêque de Bourdeaux, Breton de naiffance, & le feigneur du Bouchage, pour le prier d'affurer le duc de Bretagne qu'il n'avoit point deffein de lui faire la guerre; mais qu'il vouloit feulement l'engager à ne point proteger des fujets rébelles. Ils avoient ordre d'ajouter, que fi le duc refufoit de fe rendre à cette priere, le roi ne pourroit s'empêcher de fournir aux feigneurs Bretons les troupes néceffaires pour obliger le duc d'Orleans à fe retirer.

LVII.

Guerre de Maxi

France.

Charles Vill.

Cette négociation n'empêcha pas le roi des Romilien contre la mains de commencer la guerre ; après s'être accommodé avec les Flamands & les avoir obligé à le reFaligny hit. de connoître pour tuteur de l'archiduc fon fils, il vint furprendre la ville de Therouanne; mais preffé vivement par des Cordes qui commandoit en ce païslà, il écrivit aux villes du roïaume, qui s'étoient obligées à la garantie du traité qu'il avoit conclu avec le roi, fe plaignant de l'injustice que lui faifoient le comte & la comteffe de Beaujeu, fous le nom de ce prince. La lettre fut apportée à Paris par un heraut, & luë dans une assemblée tenuë à l'hôtel

de ville; mais le heraut ne reçut d'autre réponse que celle qu'il plut aux gens du roi de dicter. Cette AN. 1486. tentative n'aïant pas réüffi à Maximilien, il en fit une fur la ville de Guife qui ne lui fut pas plus heureufe. Il conduifit enfuite fon armée composée de dix à douze mille hommes dans le Cambrefis; mais manquant de vivres & d'argent, & les maréchaux de Gié & des Cordes ne ceffant de le harceler, fes troupes se débanderent, une grande partie des foldats Allemands déferta,, il fut contraint lui même de fe retirer à Malines.

LVIII. Leroi de France

Bretons opposez au duc d'Orleans.

Le roi de France étoit allé de Beauvais à Compiegne. Il apprit dans cette derniere ville que le duc de traite avec les Bretagne étoit tombé malade, ce qui le détermina à venir jufqu'à Tours avec des troupes. Mais la maladie du duc n'aïant pas eu de fuite, il retourna à Amboife pour attendre la fin de la négociation de l'archevêque de Bourdeaux & du feigneur du Bouchage. Le fuccès en fut heureux, le traité fut signé à Château-Briant à ces conditions: que le roi ne feroit entrer dans le païs que quatre cens lances & quatre mille hommes de pied; qu'il les en tireroit dès que le duc d'Orleans & fes partifans en fortiroient; qu'il ne prendroit ni n'affiegeroit aucune place, que du confentement du maréchal de Rieux; & qu'il ne prétendroit rien au duché. Car la crainte des Brétons étoit que le roi ne s'emparât de la Bretagne, & c'eft à quoi ils vouloient obvier.

Dans le même temps Philippe de Comines foupçonné d'entretenir des correfpondances avec le duc te d'Orleans, fut arrêté avec le feigneur de Culant, Geoffroy de Pompadour évêque de Perigueux, George d'Amboife évêque de Montauban & Buffy fon

LIX. Comines eft arré

avec plufieurs

autres.

Mem. de Comines

l. 6. 6. 12.

Marthe, liv. 1.

elog..

[ocr errors]

1. comm. Flandr.

frere. On avoit intercepté plufieurs lettres de ceuxA N. 1486. ci en chiffre qui les convainquoient d'infidelité. CoScav. de Sainte mines fut d'abord conduit à Loches, où il demeura huit mois dans une cage de fer, comme il le dit luiMarchantius, 1. même en parlant de l'évêque de Verdun, qui après avoir été l'inventeur de ces cages, y fut enfermé le premier, & y demeura quatorze ans. Comines ajoute, qu'il y fouffrit des peines incroïables, fans que le duc d'Orleans pour qui il s'étoit attiré cette affaire, fit la moindre chofe pour le foulager. De Loches, on le transfera dans la prifon des Tournelles à Paris, où il fut dix-huit mois avant que fon époufe pût obtenir qu'on lui donnât des commiffaires pour lui faire fon procès. Enfin on l'interrogea juridiquement, & il répondit avec tant d'efprit, d'ordre, de netteté & de vigueur, qu'il fut déclaré absous de tous les crimes qu'on lui impofoit ; il se retira dans sa maison d'Argenton en Poitou, d'où il ne fortit que pour accompagner le roi Charles VIII. dans la guerre de Naples.

LX.

aux rois catholi

Les grands progrez de Ferdinand roi d'Arragon Lettres du pape dans le roïaume de Grenade, lui attirerent deux letques fur leurs tres du pape Innocent VIII. qui le félicitoit fur fes Raynald, ad hunc conquêtes, & l'exhortoit à les pourfuivre. La prea. 1487. n. 53. miere de ces lettres eft du mois de Juillet. La fecon

conquêtes.

[ocr errors]

de du mois de Décembre. De plus par un bref apoftolique du mois de Janvier de 1487 il permit au roi & à la reine d'affembler les états d'Arragon pour lever un fubfide fur ce roïaume, afin de fournir aux frais de la guerre contre les Maures, quoiqu'il y eût un reglement contraire, qu'ils avoient jure d'obferver inviolablement. Sa fainteté écrivit auffi le trentiéme de Septembre à l'évêque de Breffe & à l'inqui

LXI.

Il promet du fécours au roi de

Pologne contre
Raynald, ibid,

les Turcs.

fiteur de Lombardie, de punir les héretiques qui perfevereroient opiniâtrement dans leurs erreurs : & AN. 1487. comme leurs officiaux refufoient d'en venir à ces extrémitez, le pape déclara qu'ils feroient excommuniez, fi aïant été requis de faire leur devoir, après fix jours ils ne font pas executer les fentences de l'inquisition, à mois qu'il n'y ait quelque empêchement légitime. Cafimir roi de Pologne s'étoit adreffé au pape pour lui demander du fecours contre les incurfions des Turcs qui ravageoient la Lithuanie & la Ruffie. Le faint pere lui promit de l'affifter, & exhorta par un bref toutes les nations voifines de la Pologne, les Pruffiens, les Livoniens, les Allemands, les Bohemiens à prendre les armes & à fe joindre à Cafimir pour l'aider à défendre la religion, leur promettant le pardon de leurs péchez, & l'efperance d'une heureuse immortalité ; & d'un autre côté excommuniant tous ceux qui contreviendroient aux ordres du fouverain pontife & violeroient la tréve faite avec la Pologne, pendant que le roi feroit occupé à la guerre contre les Turcs.

Le pape afin qu'on pût fecourir Cafimir plus efficacement, travailloit avec beaucoup de zele à établir la paix dans l'Italie. Celle qu'il avoit faite avec Ferdinand roi de Naples n'étoit pas fort ftable, comme on a vû; mais il fut plus heureux avec les Venitiens. Sa fainteté fit une alliance avec eux dans le mois de Février pour vingt-cinq ans. Les Venitiens étoient alors en guerre avec Sigifmond duc d'Autriche. Ils en vinrent même à une action dans laquelle Frederic San Severino fut tué dans une irruption que les Trentins firent auprès de l'Adige riviere de l'état de Venife. Le pape pour réconcilier ces deux puiffances,

LXII.
Le pape fait fa

paix avec les Ve

nitiens.

Nancler, chronic.

general. 50.
Raph. Volaterran.

liv. 4.

« AnteriorContinuar »