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nomma l'évêque de Trevife pour fon légat, qui conAN, 1487. jointement avec l'ambaffadeur de l'empereur Frede

Surita Annal. l.

10. c. 79.

LXIII.

Turcs.

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Raynald, hoc an. 1+5, n. 6,

ric, les engagea à la paix, qui fut conctue dans le mois de Novembre. Ce qui facilita au faint pere des moïens plus efficaces pour s'opposer aux progrès de Bajazet. L'empereur pour le feconder, convoqua une diete des princes électeurs à Nuremberg, où l'on traita des voies néceffaires pour réunir les princes contre les Turcs. Frederic paroissoit avoir les meilleures intentions du monde : le pape lui accorda la permiffion de lever des fubfides fur fon clergé pour fournir aux frais de la guerre. Mais l'empereur occupé à réprendre l'Autriche que le roi de Hongrie lui avoit enlevée, n'eut que la volonté d'executer les deffeins du pape, fans en venir aux effets: ce qui ne fit qu'augmenter l'apprehenfion où l'on étoit que Bajazet ne fe rendît maître de la Sicile.

Bucolini, fi connu par fes défordres, après s'être Crainte du pape à emparé d'Osma ou Ofimo, ville de la Marche d'Ancone, avoit fait alliance avec les Turcs pour s'y maintenir. C'est ce qui inquietoit beaucoup le pape. Il en écrivit au grand maître de Rhodes, & le pria d'emploïer fon zele pour unir les princes de l'Europe en faveur de la caufe commune, en s'oppofant au Turc. En effet Bucolini en attendoit de grands fecours. Il avoit promis à Bajazet qu'en moins de fix mois il le rendroit maître de toute la Marche d'Ancone, s'il lui envoïoit dix mille Turcs, avec lesquels il pourroit conquerir tout le refte de l'Italie, à cause des divifions qui regnoient parmi les princes. Innocent VIII. ne se contenta pas d'avoir écrit au grand maître de Rodes, il envoïa le cardinal Julien inveftir Osma, & lui donna pour lieutenant géneral Jac

ques

ques Trivulce avec mille cavaliers; Louis Sforce & le cardinal Baluë lui amenerent des troupes auxiliaires: mais toutes ces précautions furent inutiles, il fallut traiter avec Bucolini. Laurent de Medicis lui envoïa pour cela l'évêque d'Arezzo: on lui promit fept mille écus d'or, à condition qu'il rendroit Ofma, & qu'il renonceroit à l'alliance qu'il avoit faite avec le Turc. Bucolini accepta le traité, & se retira à Florence auprès de Laurent de Medicis dont il fut trèsbien reçû. Mais Sforce l'aïant fait venir à Milan ̧ il le fit pendre.

Ferdinand roi de Naples toujours ennemi du saint fiége, après avoir invité les principaux Seigneurs de l'état ecclefiaftique à un festin & à quelques parties de plaifir, les fit tuer. Innocent VIII. qui ignoroit cette cruauté, mais qui fçavoit qu'il étoit toujours animé contre lui & fes amis, lui écrivit le huitiéme de Juillet de cette année, & l'avertit charitablement de rentrer dans fon devoir, & de ne point maltraiter ceux qui font fujets de l'églife Romaine. Ferdinand avoit fait jetter dans la mer les corps de ceux qui avoient été tuez; & pour ne point se rendre odieux au peuple, & lui faire accroire que ces seigneurs vivoient, il leur faifoit porter tous les jours

manger, comme s'ils euffent encore été dans la prifon. Le pape ignorant & la cruauté & la dissimulation de ce prince, manda à l'évêque de Cefene fon internonce, de menager la liberté de ces feigneurs, qu'il croïoit avoir été livrez à la justice seculiere, & de faire caffer tous les actes faits contre fous peine des cenfures ecclefiaftiques. La lettre du pape à cet évêque est du vingt-quatriéme de Juillet. Son internonce étoit encore chargé d'engager

eux,

Tome XXIV.

H

AN. 1487.

LXIV.
La divifion re-

commence entre Naples.

le pape & le roi de

Surita lib. 20.

c. 66.

in Innocent. VIII,

AN. 1487.

LXV.
Les Espagnols

des Maures.

Surita, lib. 20.

8.70.

Mariana, hift. lib. 25. cap. 10.

Ferdinand à païer le tribut qu'il devoit à l'églife. Mais il ne reçut que des réponses fort dures de ce prince. Ce qui engagea le fouverain pontife à le priver de fon roïaume, & à preffer le roi de France de venir s'en rendre maître, conformément au droit légitime qu'il y avoit.

Ferdinand roi d'Arragon étoit toujours occupé à la battent l'armée conquête du roïaume de Grenade. Comme la ville de Velez, réduite à l'extrémité, étoit fur le point de se rendre, Muley oncle du jeune roi vint à fon fecours avec cinq ou fix mille chevaux & plus de vingt mille hommes de pied. Hurtado de Mendoza qui commandoit l'armée Espagnole, l'attaqua, mit ses troupes en défordre & obligea le roi Maure à fe retirer avec le reste de son armée à Almugneçar, où ne se croïant pas en sûreté, il paffa à Almeria, & de-là à Guadix. Le jeune roi Mahomet Boabdil profitant de l'absence de fon oncle fe rendit maître de Grenade. Les députez que Muley lui avoit envoïez en dernier lieu pour le porter à la paix, & qu'il avoit fçû gagner par fes careffes, ne contribuerent pas peu à lui en faciliter la conquête. Auffi-tôt qu'il s'y fut établi, il fit égorger en fa prefence tous les partifans de fon oncle, & dépêcha à Ferdinand & Ifabelle pour les informer de l'heureux fuccès de fes armes, & leur demander la sûreté pour tous les Maures de fon obéiffance. Il leur promettoit de leur livrer la ville de Grenade trente jours après que leurs majeftez catholiques fe feroient emparé des villes d'Almeria, de Baça & de Guadix, où fon oncle s'étoit retiré.

LXVI.

Ferdinand & Ifabelle accorderent toutes fes deFerdinand fe rend mandes : & Velez se voïant fans efperance d'aucun Mariana, ibid. fecours, fe rendit à compofition. L'on entreprit en

maître de Malaga.

fuite le fiége de Malaga, dont la garnison se défendit avec beaucoup de valeur ; mais elle fut enfin obligée de fe rendre. La perte de cette place entraîna celle de quantité d'autres. Ce qui rendit les rois catholiques maîtres de toute la partie occidentale du roïaume de Grenade. Le gouvernement de Malaga fut donné à dom Garcie Fernandez Manrique. La prise de cette place parut d'une fi grande importance, que l'on en fit des réjouiffances publiques à Rome. Le pape fe rendit à cet effet à l'églife de fainte Marie du peuple & y celebra pontificalement la messe. Ferdinand fit present au faint pere de cent Maures, qui entrerent dans Rome avec leurs chaînes, une partie fut diftribuée aux cardinaux & l'autre aux principaux feigneurs Romains. Comme il y avoit dans Malaga beaucoup de renegats qui s'y étoient refugiez pour le mettre à couvert des pourfuites de l'inquifition, le pape nomma deux cardinaux, le vicechancelier & Baluë pour les pourfuivre & faire leur procès. Il y en cut plus de deux mille brûlez à Valence & à ailleurs.

AN. 1487.

LXVII.
Les Ecoffois de-

mandent au pape
canonifation de
reine.
Rainald. Annal.

Marguerite leur

hoc anno 1487.

Un peu après le commencement de cette année Jacques III. roi d'Ecoffe demanda à Innocent VIII. la canonisation de Marguerite petite fille d'Edmond la II. roi d'Angleterre, & fille d'Edouard premier, fecond fils d'Edmond & d'Agathe, qu'on croit avoir été fille ou niéce de l'Empereur Conrad le Salique. Marguerite étoit morte en odeur de fainteté dans le mois de Novembre de l'année 1093. quatre jours après fon mari Macofme roi d'Ecoffe, qui avoit été tué au paffage de la riviere d'Alne en combattant contre Robert comte de Northumbri. Le pape à la priere des Ecoffois donna une bulle dattée du deuxième de Juin 1487. par laquelle il nomme l'archevêque de

AN. 1487.

S. André, l'évêque de Glafcow & d'autres, pour faire les informations neceffaires. Quelques-uns difent, qu'elle avoit déja été canonifée folemnellement par 2. au 10. de Juin. Innocent IV. en 1251. On croit que fon chef eft à Douay chez les Jefuites Ecofois.

Baillet, vies des faints, in fol. to.

P. 119.

LXVIII.

Le pape condam

rande.

ecclefraft.

6.39.

aut. to. 12. p. 106.

Sac. 15. part. 1.

p. 104.

lect. jud. de novis

errorib, to. 1. pag.

220. & feq.

Jean Pic, prince de la Mirandole & de Concorde,' ne les thefes de un des plus fçavans hommes de fon fiecle, avoit Jean Pic de la Mi- foutenu à Rome l'année précedente des theses faTrithem. & Bel- meuses fur toutes les fciences, fur la théologie, des er de feript. mathématiques, la magie, la cabale & la physique. Paul fov. in elog. Il y avoit neuf cens pofitions extraites des auteurs Dupin bibliot. des Grecs & Latins, Hébreux & Chaldéens. Jean Pic P. Alexand. hift. n'avoit alors que vingt-trois ans. Ces theses furent répandues dans tout le monde, & il les foutint en D'Argentré col homme confommé dans toutes les fciences. La jufte réputation qu'il s'acquit par-là lui fufcita des adverfaires. On voulut trouver à redire à fes thefes, & on en taxa quelques-unes d'herefies. Le pape fit examiner l'extrait qu'on lui prefenta, & on jugea qu'il y avoit treize propofitions infoutenables. Pic les défendit par une apologie qu'il compofa en dix-fept nuits, elle eft au commencement de fes œuvres. Jean Pic y rapporte une chofe affez finguliere, & qui marque combien l'ignorance fait faire de fautes; il dit, qu'un théologien qui fe mêloit de cenfurer fes thefes, étant interrogé fur ce que fignifioit le mot de cabale, répondit que c'étoit un homme méchant & heretique, qui avoit écrit contre Jesus-Christ, & que ses sectateurs avoient eu de lui le nom de cabalistes. Ceux qui n'étoient pas plus éclairez que ce théologien, accuferent Jean Pic de magie, ne pouvant comprendre qu'un jeune homme de cet âge pût être si sçavant. Le pape néanmoins défendit la lecture de ces thefes

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