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fous peine d'excommunication, & fit citer Pic de la Mirandole à Rome. Mais les chofes en demeurerent là pour lors.

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AN. 1487.

LXIX. Propofitions ex

traites des thefes

de Jean Pic.

D'Argentré, ibid.

Dupin loco jupra

cit.

Voici les treize propositions qui furent extraites de fes thefes. 1. Jefus-Chrift n'eft pas réellement defcendu aux enfers quant à la prefence; mais feulement quant aux effets. » Jean Pic dans fon apologie juftifie cette premiere propofition. Il avoue qu'on Joan. Picus, pag. doit croire que l'ame de Jefus-Chrift eft defcendue 83. edit. Bafil. aux enfers; mais que quant à la maniere il n'y a rien de déterminé, & que l'ame étant féparée du corps, n'étant pas dans le lieu par prefence, mais par operation; la propofition qui n'a point d'autre fens, ne peut être condamnée d'herefic; que ce sont au contraire ceux qui la condamnent comme telle, qui font dans l'erreur, parce que ceux-là fe trompent qui croïent comme de foi ce qui ne l'eft pas.

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p. 100.

2. Une peine infinie n'est pas dûë au peché « Joan Pic. ibid. mortel qui eft d'un temps fini; mais feulement une «< peine finie. » Sur cette propofition Jean Pic dit, qu'il faut diftinguer deux chofes dans le peché, l'averfion de Dieu & la converfion à la créature : & que de même, on peut dire que la peine eft dûë au peché en deux fens, ou en tant qu'elle lui fera effectivement renduë, ou en tant qu'il le mérite: que le pe ché mortel en tant qu'il eft averfion de Dieu, qui eft un bien infini,eft objectivement infini & mérite une peine éternelle ; mais que la peine éternelle ne fuivra le peché mortel, que quand le peché fera infini dans fa durée; fçavoir, en cas que l'homme demeure dans ce peché & y perfevere pendant toute l'éternité; car s'il en fait penitence avant la mort, & qu'il H iij

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n'y demeure que pendant un temps fini, fa peine ne AN. 1487. fera point infinie.

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Joan. Pic. ibid. P. 120.

3. »

L'on ne doit adorer la Croix ni aucune » image, d'adoration de latrie, pas même dans le sens » de faint Thomas. » Sur cette propofition, Jean Pic dit, que de fentiment de faint Thomas touchant l'adoration de la Croix & des images, eft qu'on les adore en tant qu'images, qu'au contraire Guillaume Durant, Henri de Gand, Robert Holket & plufieurs autres théologiens foutiennent qu'on ne doit en aucune maniere adorer ni l'image, ni la croix ; mais qu'on adore feulement ce qu'elles representent : que c'eft cette derniere opinion qu'il a fuivie comme plus probable, en rejettant celle de S. Thomas.

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دو

4. » Je n'affure pas que Dieu puiffe être uni hipoftatiquement à toute créature, mais feulement à une créature raisonnable. Jean Pic répond qu'il n'a point affuré, comme a fait Henri de Gand, qu'abfolu» ment la divinité ne peut pas être unic hipoftatique»ment à une créature fans raison; mais qu'il a feule» ment fufpendu fon jugement là-dessus, fans vouloir rien décider d'une maniere pofitive.

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5. » Il n'y a point de fcience qui nous rende plus certains de la doctrine de Jesus-Chrift,que la magic » & la cabale. Il répond que cette propofition doit être restrainte aux fciences qui n'ont point pour fondement la révelation, & que c'est de celles-là feules qu'il a prétendu parler dans fes thefes,

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6.» Supposé l'opinion commune,que le verbe peut » s'unir hipoftatiquement à une créature inanimée, il fe peut faire que le corps de Jefus-Christ soit réelle❤ment sur l'autel, fans que le pain soit changé au

corps de Jefus-Chrift, ou anéanti; ce qui doit s'en- « tendre de la poffibilité, & non pas que la chofe foit « ainfi. » L'auteur dit que cette propofition ne donne aucune atteinte à la préfence réelle du corps & du sang de Jesus-Christ dans l'eucharistie. Il agita la queftion; fçavoir fi l'on peut apporter quelque autre moïen pour expliquer la converfion du pain & du vin au corps & au fang de Jefus-Chrift, que la transubstantiation ; & fi l'on peut fe fervir pour cela de l'union de Jesus-Chrift avec le pain ; & après avoir allegué des raifons & des autoritez de part & d'autre, il répond à celle que l'on apporte pour montrer qu'on peut foutenir encore une maniere d'expliquer la préfence réelle differente de la tranfubftantiation, & faic voir que la conclufion de fes thefes ne favorise point ce fentiment.

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7. « Il est plus raisonnable de croire qu'Origene foit fauvé que damné. » Sur cette propofition il avouë que les hérefies attribuées à Origene font impies; mais il foutient qu'il a pû affurer fans temerité qu'elles lui ont été fauffement attribuées, & qu'en cas qu'il les ait foutenuës, il a pû croire qu'il s'en étoit repenti; que l'église n'a jamais déterminé qu'Origene fût damné, & qu'enfin quand elle l'auroit fait, l'on ne feroit pas obligé de tenir en cela fon jugement comme de foi, parce qu'il ne feroit pas plus certain que celui de la canonisation des faints, lequel, felon le fentiment de faint Thomas, n'eft pas de foi.

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8. «Comme perfonne n'eft précisément d'un avis, parce qu'il veut en être; de même perfonne ne croit «< précisément, parce qu'il veut croire. » Jean Pic répond que cette propofition eft veritable, parce que perfonne ne peut croire une chofe qu'il n'ait des mo

AN. 1487.

Joan. Pic. ibid. p. 131.

Joan. Fic, ibid.

P. 148.

tifs fuffifans qui l'obligent de croire; mais qu'il ne A N. 1487. s'enfuit pas de-là que l'acte de la foi ne soit pas libre.

Joan. Pic, ibid. 2.1519

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رو

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» 9. Celui qui foutiendroit que les accidens ne peu» vent pas fubfifter, s'ils n'étoient foutenus par l'euchariftic, ne laifferoit pas de foutenir la verité du facrement, & de croire que la substance du pain » n'y eft pas. » L'auteur dit que cette propofition eft foutenable, parce qu'on peut dire avec S. Thomas qu'il y a une distinction réelle entre l'effence & l'exiftence pour fervir de foutien aux accidens.

כן

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10. Les paroles de la confécration font réïterées materiellement & récitativement par le prêtre, & » non pas fignificativement. Jean Pic répond que les paroles de la confécration dans la bouche de JefusChrift ont été fignificatives, parce qu'effectivement il donnoit à fes Apôtres fon corps qui devoit être brifé, & fon fang qui devoit être répandu ; mais que dans la bouche du prêtre qui ne donne pas fon corps & fon fang, mais le corps & le fang de Jesus-Chrift, qui ne doivent plus être ni brisez ni répandus, on les doit confiderer comme un récit.

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I I. "

Les miracles de Jesus-Chrift ne font pas une preuve de fa divinité à raifon de l'operation ; mais » à caufe de la maniere dont il les a faits. » Sur cette propofition le même auteur dit que les miracles de Jefus Chrift précisément, prouvent bien qu'il les faifoit au nom de Dieu; mais que ce qui prouve qu'il étoit Dieu, c'est qu'il·les faifoit par fa propre auto

rité.

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12. » C'est parler. plus improprement de Dieu, de dire, qu'il eft intelligence ou entendement, que de dire d'un Ange qu'il eft ame raisonnable. » Jean Pic se défend fur cette propofition par l'autorité des

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livres

livres attribuez à faint Denis l'Areopagite, qui ne veut pas qu'on dise que Dieu est une intelligence.

13. «

AN. 1487.

155

L'ame n'entend & ne conçoit diftincte- « Joann. Pic. pi ment qu'elle-même. » Pic de la Mirande remarque que cette propofition ne doit pas s'entendre de toutes fortes de connoifances; mais feulement de la connoiffance fecrete que l'ame a immédiatement de foi-même.

Ce fut ainfi que cet auteur tacha de justifier les treize propofitions qu'on vient de rapporter : il expofe dans fon apologie les motifs qui ont porté les adverfaires à l'accufer. Il dit que les uns ont blâmé fon deffein & sa maniere de philofopher; que les autres ont trouvé que c'étoit en lui une témérité d'entreprendre tant de chofes à fon âge; que quelquesuns ont trouvé à redire au grand nombre de theses qu'il avoit propofées ; & qu'enfin quelques théologiens l'ont accufé d'herefie; qu'il n'a pas crû devoir fe taire fur cette accufation, aïant appris de faint Jerôme & de Rufin qu'on peut fouffrir toutes fortes d'injures à l'exception de celle d'herefie, à l'égard de laquelle il n'est pas permis d'être patient. Il répond aux reproches qu'on lui faifoit fur fa maniere de philofopher, fur le grand nombre de ses thefes, & en particulier de ce qu'il avoit découvert le fecret de lá cabale Juive.

LXX. Mouvemens du

former une

contre la

Le traité conclu l'année précedente entre la France & quelques feigneurs Bretons, inquietoit beau- roi des Romains coup le duc de Bretagne & les partifans du duc d'Or- ligue leans. Le mauvais fuccès des négociations de Maxi- France. milien roi des Romains acheva de les déconcerter. de Bretagne, l. 12. Ils comptoient beaucoup fur ce prince qui travailloit à former une ligue contre la France, dans laquelle il

D'Argentré hift.

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